Le 23 octobre prochain à Montréal, les groupes communautaires et les personnes intéressées seront invités à jeter les bases d’un mouvement coordonné contre les problèmes d’abordabilité. Une initiative du regroupement Ben trop cher, qui cherche à s’assurer que les solutions progressistes contre les effets de l’inflation soient enfin entendues.
L’assemblée populaire de mobilisation contre la vie chère vise à rassembler toutes les personnes et les groupes communautaires qui en ont assez de voir l’inflation éroder notre capacité collective à vivre décemment, explique un des membres fondateurs de Ben trop cher, Jaouad Laaroussi.
« Nous avons le sentiment qu’il manque un espace pour s’organiser sur ces enjeux-là. L’idée derrière l’assemblée, c’est de mettre en relation les différentes personnes qui partagent ce sentiment », explique-t-il.
Bien que plusieurs groupes travaillent déjà sur différentes facettes de la crise du coût de la vie, tout le monde travaille un peu dans son coin, constate Ben trop cher. Cela ne permettrait pas d’avoir un vrai rapport de force face aux gouvernements et aux entreprises qui creusent le problème.
« La mobilisation se fait de façon sectorielle : des gens travaillent sur le logement, d’autres sur les enjeux de consommation, d’autres sur le salaire minimum et ainsi de suite. Mais les enjeux derrière l’inflation et la distribution de la richesse sont transversaux, d’où l’idée de mettre en relation les différents groupes pour qu’ils partagent ce qu’ils ont en commun », soutient Jaouad Laaroussi.
La division des luttes ne permet pas un vrai rapport de force face aux gouvernements et aux entreprises, selon le regroupement Ben trop cher.
Pour l’abordabilité, contre les surprofits
Ben trop cher est né cet été à l’initiative d’une dizaine de militant·es progressistes impliqué·es dans leurs communautés, qui constataient que les effets de l’inflation commençaient déjà à se faire sentir lourdement sur leur entourage, raconte son membre fondateur.
« Le but initial était de se regrouper pour faire de l’information sur ces enjeux, produire des tracts, des affiches et des autocollants pour faire entendre la frustration de la population par rapport à la vie chère » et aux injustices qu’elle aggrave, relate Jaouad Laaroussi.
Ben trop cher déplore notamment que l’on parle trop peu de la part de la hausse des prix qui est causée par l’augmentation des profits des entreprises, notamment des épiceries et d’Hydro-Québec. « Comment est-ce justifiable que les prix de l’électricité continuent à augmenter, quand c’est géré par une société d’État et qu’en plus elle fait des milliards en profits? » demande Jaouad Laaroussi.
Il s’inquiète aussi que les solutions présentement mises de l’avant, axées sur des baisses d’impôt et de taxe ou des aides ponctuelles, proviennent du coffre à outils de la droite et n’abordent pas le cœur du problème.
Le groupe souhaite donc que l’on parle davantage de solutions qui seraient réellement dirigées envers les plus vulnérables, comme le contrôle des prix ou encore une hausse du salaire minimum, des prestations de vieillesse, de l’aide financière aux études et de l’aide sociale.
« Il y a toute sorte de solutions intéressantes qui sont mises de l’avant par les différents groupes. C’est justement ce que nous voulons discuter avec l’assemblée » de dimanche prochain, précise Jaouad Laaroussi.
Remettre la gauche au cœur de la contestation
Depuis le début de la pandémie, une grande partie de la contestation envers les autorités publiques est venue par la droite, entre autres à travers les manifestations anti-mesures sanitaires, remarque le militant. « Si on ne prend pas en main la contestation sur les enjeux de l’inflation, ce sont ces personnes qui le feront. »
« Et elles risquent d’identifier des boucs émissaires plutôt que de viser les acteurs économiques au cœur du problème », prévient Jaouad Laaroussi. Trop souvent, la droite et les complotistes, ici et ailleurs, pointent les nouveaux·elles arrivant·es comme la source de tous les maux, par exemple en leur attribuant faussement la responsabilité de la crise du logement, explique-t-il.
Pour lui, la gauche doit donc impérativement occuper l’espace public sur la crise du coût de la vie, un enjeu à la base même de ce que les mouvements progressistes tentent de défendre.
« Si on ne prend pas en main la contestation sur les enjeux de l’inflation, c’est la droite qui le fera. »
« Surtout qu’on s’attend à une crise économique dans les prochains mois, qui risque d’aggraver encore plus nos conditions économiques. Autant être prêts à avoir une réponse à la hauteur des enjeux de l’époque », conclut-il.
Le lieu de l’assemblée populaire de mobilisation contre la vie chère devrait être annoncé d’un jour à l’autre sur la page Facebook de l’évènement.