Samedi se tiendra la Rad Pride, une manifestation organisée par le P!nk Bloc, qui invite les communautés queer, trans et leurs allié·es à se réunir pour célébrer la fierté dans un contexte politique. Aux yeux des organisateur·trices, l’action est un rappel de la tradition de mobilisation politique de laquelle découle initialement la Fierté à Montréal.
« Amour et rage! », voilà le cri d’appel du rassemblement Rad Pride qui se tiendra samedi soir 20 h au métro Papineau et qui promet une Fierté « pas comme les autres ». La Rad Pride se tient donc la veille du défilé officiel et prend la forme d’une manifestation plutôt que d’une parade.
Celles et ceux qui sont derrière l’événement, ce sont les membres du P!nk Bloc, un groupe qui a défendu la présence de personnes queer dans des manifestations à Montréal, notamment lors de grève étudiante en 2012, et qui lutte de manière générale contre la queerphobie, l’homophobie, la transphobie, mais aussi contre le capitalisme, le colonialisme et la remontée des mouvements fascistes.
« Ça ne nous intéresse pas de marcher sous la bannière de [la banque] TD ou avec des chars de police », explique une militante du P!nk Bloc qui a souhaité demeurer anonyme. « Pour nous, c’est important de garder une combativité dans les enjeux queers, de garder une force politique, une capacité à agir dans le monde. »
Ce sont ces valeurs qu’il importe de réinjecter dans la semaine de la Fierté à Montréal, croit-elle, alors que les communautés queer et trans continuent d’être marginalisées, encore aujourd’hui, chez nous.
« Pour nous, c’est important de garder une combativité dans les enjeux queers, de garder une force politique, une capacité à agir dans le monde. »
Militante du P!nk Bloc
« On sait qu’on est surreprésenté·es dans la communauté itinérante, on sait qu’on continue de subir de la violence, on a vu des cas d’agression contre des personnes trans dans la rue, on a dû s’organiser contre des manifestations transphobes. »
« On ne peut pas prétendre à une acceptation, à une tolérance, sans changer les conditions matérielles dans lesquelles on vit », conclut-elle.
Tradition perdue
Elle souligne aussi les batailles menées récemment pour défendre les droits de la communauté queer contre la réforme caquiste du droit de la famille, qui mêlait attaques contre les personnes trans et opposition à certaines demandes de longue date, et en réponse à laquelle une mobilisation politique a été fondamentale.
« Il y a une tendance à penser que les droits qu’on a […] ce sont des choses qu’on nous a données, que la société s’est juste améliorée toute seule, mais c’est pas vrai », pense la militante du P!nk bloc. « C’est des combats politiques qui ont été menés, il y a des gens qui se sont fait péter la gueule, il y a des gens qui ont affronté la police dans la rue. »
Elle pense notamment aux mobilisations qui ont découlées du violent raid policier en juillet 1990 à Montréal dans une fête privée surnommée le « Sex Garage ». L’événement a déclenché de grandes mobilisations qui ont façonné les droits de la communauté LGBTQ+ à Montréal et au Québec.
« C’est des combats politiques qui ont été menés, il y a des gens qui se sont fait péter la gueule, il y a des gens qui ont affronté la police dans la rue. »
Militante du P!nk Bloc
« Les gens ont subi une attaque directe de la part des forces de l’État et ils se sont battus. Il y a eu des grandes mobilisations, les gens se sont organisé·es politiquement, et ça a donné une augmentation réelle des droits et des conditions de vie. »
Ceux et celles qui souhaitent participer à la Rad Pride sont invité·es à se rendre au métro Papineau à 20 h ce samedi 12 août et à se vêtir de noir, de paillettes ou de cuir. Ceux et celles qui souhaitent se présenter en drag, en puppy, ou autre tenue hors de l’ordinaire sont grandement encouragé·es à le faire.
« On espère inspirer le monde partout à s’organiser », ajoute la militante. « On pense qu’il y a un trou politique dans nos communautés, la solution à ça, c’est que les gens s’organisent […] de manière critique du système et conséquente. »