Les habitats naturels de la Pointe-Sud de L’Île-des-Sœurs, à deux pas du centre-ville de Montréal, sont entretenus, aménagés et surveillés par Nature-Action Québec depuis 2008, à la demande de l’arrondissement de Verdun. | Photo : Nature-Action Québec
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Un plan pour doubler les aires protégées dans le sud du Québec

Une coalition d’organismes de conservation de la nature réclame des fonds et des changements législatifs pour assurer le maintien de la biodiversité dans le sud du Québec.

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Le volume d’aire protégée dans le sud du Québec devra doubler dans les prochaines années si on souhaite protéger la biodiversité de la région, prévient une coalition réunissant 70 organismes de conservation. Un effort qui nécessitera un investissement de 750 millions $ et des changements législatifs pour se concrétiser.

Jeudi, la coalition Accélérer la conservation dans le sud du Québec (ACSQ) a dévoilé son plan pour la protection de la biodiversité durant lesprochaines années. Ce plan recoupe plus de 1000 projets et protégerait l’habitat de 200 espèces menacées ou sensibles. Il est « ambitieux » mais « essentiel », parce que le sud du Québec est la région où la nature subit le plus de pression et où elle rend le plus de services à la population, selon Pascal Bigras, directeur chez Nature-Action Québec.

Pour y arriver, la coalition demande à Québec et Ottawa de fournir 300 millions $ chacun, qui viendront s’ajouter à 150 millions $ de financement privé.

Ensemble, les organismes de protection protègent déjà 71 000 hectares de milieux naturels en terres privées dans le sud du Québec, dont ils assurent la pleine gestion.

Le sud du Québec est la région où la nature subit le plus de pression et où elle rend le plus de services à la population.

Mais le défi reste entier, selon Pascal Bigras. En plus de devoir agrandir les habitats protégés dans cette région où le caractère privé des terrains pose des défis, ces organismes doivent investir temps, efforts et argent pour s’assurer de maintenir la qualité des espaces qu’ils protègent, souligne-t-il.

Changer les règles du jeu

Appuyée par plusieurs élu·es municipaux·ales de la région, la coalition réclame aussi au gouvernement provincial des changements législatifs pour pouvoir réaliser ses ambitions.

« Lorsque les municipalités s’engagent pour l’environnement, elles font trop souvent face à des poursuites, c’est un drame et ça refroidit toutes les autres villes », dénonce le maire de Varennes, Martin Damphousse. Un problème qui pourrait selon lui être partiellement évité par des modifications à la loi sur les expropriations.

Les maires de Mascouche, Varennes, Bromont, Granby et du Canton de Gore, réunis pour l’annonce, réclament aussi plus de pouvoir pour l’aménagement du territoire et une révision du financement municipal, qui repose actuellement sur les taxes foncières, encourageant donc les villes à s’étendre. Des réformes jugées essentielles pour freiner l’étalement urbain et son effet sur la biodiversité.

« Lorsque les municipalités s’engagent pour l’environnement, elles font trop souvent face à des poursuites, c’est un drame et ça refroidit toutes les autres villes. »

Martin Damphousse, maire de Varennes

La coalition demande également la création de nouveaux statuts de protection pour mieux protéger la nature à long terme en dehors des seules aires protégées. « Pour que la nature soit en santé, on a aussi besoin de pratiques durables sur l’ensemble du territoire », explique Kateri Monticone, conseillère stratégique à l’Initiative québécoise Corridors écologiques.

Son organisme travaille régulièrement avec des villes et des agriculteur·trices pour qu’ils adoptent des façons de faire conséquentes avec la protection des espèces, mais si ces initiatives ne sont pas officiellement reconnues, il y a toujours un risque que les impératifs économiques viennent annuler les efforts accomplis, explique-t-elle.

Réponse positive de Québec

Le ministre de l’Environnement Benoit Charrette a manifesté une certaine ouverture face à ces demandes. Il a mentionné que le Plan Nature (650 millions $ sur sept ans) et le Fonds bleu (650 millions $ sur cinq ans) annoncés récemment par son gouvernement pourraient fournir une bonne partie des sommes demandées.

Il aussi annoncé que son gouvernement travaillait à une modernisation de la loi sur les expropriations.

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