Invité·es par la Mobilisation citoyenne pour la réforme du mode de scrutin (MCRS), des manifestant·es se sont réuni·es devant l’Assemblée nationale mardi. En ce jour de rentrée parlementaire mouvementé, ils et elles ont croisé plusieurs autres groupes venus rappeler leurs revendications au gouvernement caquiste.
Des manifestant·es, dont de nombreux étudiant·es, se sont joint·es aux militant·es du Mouvement démocratie nouvelle (MDN), des syndiqué·es et des représentant·es de Québec solidaire (QS) et du Parti Québécois (PQ) pour demander au gouvernement Legault de ramener la réforme du mode de scrutin à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale.
Les organisateurs ont rappelé que François Legault avait promis une réforme en 2018 et même déposé un projet de loi en ce sens au cours de son premier mandat. Il avait toutefois été abandonné pour des raisons partisanes à la rentrée parlementaire de l’hiver 2021.
« Pour l’instant, on demande la mise en place d’un mode de scrutin proportionnel mixte tel qu’il avait été suggéré par le projet de loi qui a été abandonné », explique Maël Ferland-Paquette, porte-parole du MCRS. Selon lui, ouvrir à nouveau le débat sur la forme que doit prendre la réforme ne servirait qu’à acheter du temps au gouvernement.
« Les résultats de la dernière élection ne font aucun sens. Que la CAQ ait obtenu autant de sièges avec aussi peu de vote tandis que les oppositions n’ont presque rien, ça me renverse. M. Legault fait preuve d’une grande lâcheté en choisissant de ne pas honorer sa promesse », dénonce Patrick Guay, un professeur de littérature venu manifester.
Des propos partagés par la plupart des manifestant·es rencontré·es par Pivot lors de l’évènement.
« Je pense à la nouvelle génération qui a déjà tendance à ne pas voter : comment ne pas devenir cynique? »
Patrick Guay, manifestant
Pas une affaire d’intellectuel
Selon Maël Ferland-Paquette, le gouvernement fait fausse route s’il croit que la réforme du mode de scrutin n’intéresse qu’une poignée d’intellectuels. « Je pense que même François Legault est au courant que ce n’est pas une question intellectuelle, c’est un moyen pour lui de détourner la question », explique-t-il.
Même s’il se considère lui-même comme un intellectuel, Patrick Guay assure que c’est principalement l’électeur en lui qui l’a poussé à venir manifester. « Je pense à la nouvelle génération qui a déjà tendance à ne pas voter : comment ne pas devenir cynique après un tel résultat? », se demande-t-il.
Heureux de la tournure de l’évènement, Maël Ferland-Paquette tient à rappeler que ce n’est que le début pour la mobilisation citoyenne. Une pétition officielle devrait notamment être lancée à l’hiver pour forcer le gouvernement à traiter du sujet à l’Assemblée.
Une rentrée parlementaire marquée par la contestation
La manifestation a pris abruptement fin alors qu’une dizaine de manifestant·es anti-mesure sanitaire, armé·es de porte-voix, ont commencé à scander des slogans anti-vaccination, ce qui a mené à la dispersion d’une bonne partie de la foule.
Deux autres groupes ont également bravé le froid pour protester en cette journée de rentrée parlementaire. Des syndiqué·es de la Fédération autonome de l’enseignement (FAE) attendaient les parlementaires à leur arrivée pour leur remettre un plan de cours soulignant l’importance de réinvestir en éducation et leur rappelant leurs principales demandes pour la renégociation de leurs conditions de travail.
Une centaine de manifestant·es indépendantistes s’étaient aussi donné rendez-vous pour réclamer l’abolition de la monarchie et acclamer chaleureusement le chef du PQ Paul Saint-Pierre Plamondon qui s’est adressé à la foule. Il leur a réitéré son intention de ne pas prêter serment au roi Charles III, un geste « colonialiste » et « humiliant », selon lui.