Des membres de Greenpeace Canada ont perturbé l’assemblée générale annuelle de la Banque Scotia, mardi matin à Toronto. Ils et elles critiquaient l’important soutien financier que cette banque apporte à l’industrie fossile, malgré ses promesses climatiques. L’action visait aussi à dénoncer la violation des territoires et des droits autochtones par des projets comme le gazoduc Coastal GasLink.
Vers 9 h mardi matin, alors que débutait la 190e assemblée générale annuelle des actionnaires de la Banque Scotia, les militant·es écologistes se sont installé·es devant le siège social de l’entreprise financière. Elles et ils ont déployé un gâteau géant et une grande carte de « pas-si-joyeux anniversaire » pour faire passer leur message.
« Cette [assemblée] est le moment idéal pour rappeler aux actionnaires les investissements sales de la Banque Scotia dans des projets destructeurs de combustibles fossiles, qui alimentent la crise climatique et portent atteinte aux droits des peuples autochtones », a expliqué Laura Bergamo, porte-parole chez Greenpeace Canada, présente sur place.
Les investissements de la Banque Scotia et des autres autres grandes banques canadiennes dans le secteur fossile jouent un rôle central dans la croissance de cette industrie, la plus polluante au pays, déplore-t-elle.
Greenpeace demande à Scotia et aux autres banques de cesser dès maintenant de financer de nouveaux projets fossiles. Les banques devraient aussi se doter de plans clairs pour éliminer progressivement tout soutien à l’industrie pétrolière et gazière, selon l’organisme environnemental.
L’enjeu a fait son chemin jusque dans les débats entre les actionnaires, au courant de l’assemblée de la Banque Scotia. Certains d’entre eux ont souligné leur inquiétude quant aux investissements fossiles de l’institution.
Des investissements contraires aux promesses
La Banque Scotia dit vouloir atteindre « zéro émission nette » de gaz à effet de serre (GES) d’ici 2050. Toutefois, elle n’a pas présenté d’engagements définis pour mettre fin au financement de l’industrie fossile, principale responsable des émissions de GES au Canada.
Au contraire, la Banque Scotia investit toujours plus dans l’industrie du pétrole, du gaz et du charbon, comme le montrait le rapport Banking on Climate Chaos, publié la semaine dernière. En 2021, l’entreprise financière a fourni un financement record de 38 milliards $ aux entreprises actives dans le secteur du pétrole, du gaz et du charbon.
Au total, la Banque Scotia a investi tout près de 195 milliards $ dans ce secteur depuis 2016. Cela fait d’elle la neuvième banque la plus impliquée dans le financement fossile à l’échelle mondiale.
La banque a notamment apporté un soutien financier à plusieurs projets de pipelines au Canada et aux États-Unis. Entre autres, elle a investi plus de 300 millions $ dans le gazoduc Coastal GasLink, qui doit traverser le territoire de la nation autochtone Wet’suwet’en. Celle-ci s’oppose fermement au projet.
Qui plus est, la Banque Scotia est membre de l’Association canadienne des producteurs pétroliers (ACPP). Il s’agit du plus important lobby pétrolier au pays. Il fait activement pression pour miner les politiques climatiques du Canada.
« Quand je lis que la Banque Scotia est membre de l’ACPP, puis que j’entends cette même banque prétendre qu’elle est engagée dans la lutte contre les changements climatiques et les injustices, il me semble clair qu’elle tente de nous berner », a affirmé Chloé Tse, une bénévole chez Greenpeace Canada ayant participé au coup d’éclat à Toronto. « Nous n’avons pas le temps pour leurs tentatives d’écoblanchiment », a-t-elle insisté.
LES BANQUES CANADIENNES ET LE CLIMAT
Les cinq plus grandes banques canadiennes (RBC, TD, CIBC, la Banque de Montréal et la Banque Scotia) font toutes partie du top 20 mondial des institutions financières qui investissent le plus dans les énergies fossiles.
Ensemble, depuis 2016, ces cinq banques ont fourni plus de 900 milliards $ à l’industrie du pétrole, du gaz et du charbon, dont 165 milliards $ en 2021. Après une baisse des investissements au début de la pandémie, elles ont toutes rehaussé leur soutien financier au secteur fossile, qui a fait un bond de 70 % en 2021.
Elles se sont pourtant toutes engagées à atteindre zéro émission nette d’ici 2050. Pour atteindre cet objectif, il faudrait refuser tout nouveau projet d’exploitation des énergies fossiles et accélérer la fin des activités déjà existantes, selon l’Agence internationale de l’énergie.