Ce n’est pas la consommation individuelle qui menace l’environnement, mais la surproduction des grandes entreprises, insiste Arnaud Theurillat-Cloutier, co-auteur de Pour une écologie du 99 %. Afin de renverser la vapeur, il faudrait reprendre le contrôle de notre économie.
On attribue souvent les problèmes écologiques à la « surconsommation » des individus. Or, « c’est un mythe », affirme Arnaud Theurillat-Cloutier. Les coupables, selon lui, ce sont d’abord les entreprises qui surexploitent les ressources naturelles, qui produisent des marchandises de mauvaise qualité et qui usent de la publicité pour créer des besoins artificiels.
« La culpabilité environnementale doit changer de camp : ce sont les entreprises capitalistes qui prennent les grandes décisions économiques, pas les consommateurs. »
Extrait de Pour une écologie du 99 %
Ce sont « l’impératif du profit et le besoin de toujours grossir » qui poussent les entreprises à produire toujours davantage sans tenir compte des besoins réels ni de l’environnement, explique l’auteur.
Les entreprises utilisent ensuite des stratégies comme l’obsolescence programmée pour « contraindre » les gens à acheter leurs marchandises, explique l’enseignant de philosophie. « C’est du pur gaspillage, mais ça permet aux compagnies d’écouler leurs surplus et de faire davantage d’argent », déplore-t-il.
Il ne faut pas blâmer les individus qui consomment et qui « ont vraiment très peu de pouvoir », insiste Arnaud Theurillat-Cloutier.
« Ce sont les entreprises qui décident tout : ce qu’on produit, comment on le produit, combien on en produit. »
Arnaud Theurillat-Cloutier, co-auteur de Pour une écologie du 99%
L’auteur indique que les grandes décisions économiques sont entre les mains d’une minorité : les grands patrons des multinationales. Il rappelle que 90 entreprises sont responsables à elles seules des deux tiers de toutes les émissions de gaz à effet de serre depuis un siècle et demi.
Pour prévenir le désastre écologique, croit Arnaud Theurillat-Cloutier, nous devons nous attaquer « à toute la structure de l’économie ». Il faut avant tout « démocratiser l’économie pour permettre une meilleure planification et répondre à nos besoins réels, dans les limites de la planète », avance-t-il.
Pour une écologie du 99 % : 20 mythes à déboulonner sur le capitalisme
Frédéric Legault, Arnaud Theurillat-Cloutier et Alain Savard, Montréal, Écosociété, 2021, 296 p.
L’ouvrage s’attaque à des mythes concernant la crise environnementale pour nous aider à mieux comprendre le problème et à y trouver de véritables solutions. Non, le problème ce n’est pas la surpopulation, ni l’individualisme, ni la Chine, ni la lenteur de la démocratie. Non, il n’est pas trop tard pour agir. Oui, il est possible d’imaginer une alternative au capitalisme et une économie planifiée raisonnablement et démocratiquement.
Conçu comme un « guide d’autodéfense » facilement accessible, le livre s’adresse à tout le monde, et en particulier à celles et ceux qui souhaitent se mobiliser pour changer les choses avant qu’il ne soit trop tard.
* Alain Savard, co-auteur de l’ouvrage, est aussi membre du conseil d’administration de Pivot