Une analyse de l’organisation britannique Carbon Brief montre que, si l’on cumule toutes les émissions de gaz à effets de serre (GES) survenues depuis la révolution industrielle, c’est le Canada qui est le pays le plus polluant au monde en proportion de sa population actuelle. Ce résultat s’explique par le fait que l’économie canadienne est fortement polluante, tandis que la population du pays est relativement petite.
Dans son analyse historique qui couvre les émissions de GES entre 1850 et 2021, Carbon Brief propose différentes manières d’évaluer les émissions des pays du monde. Il est par exemple possible d’observer les émissions totales, ou alors les émissions par personne.
Quand on mesure les émissions totales depuis 170 ans, des géants comme les États-Unis, la Chine, la Russie et le Brésil se retrouvent en tête de liste. Cela est prévisible, étant donné leur population nombreuse. Or, même avec cette méthode de calcul, le Canada se classe encore parmi les dix pays ayant produit le plus de GES, soit 65 milliards de tonnes.
Et quand on divise les émissions totales par le nombre de personnes habitant actuellement chaque pays, le Canada arrive au sommet, avec 1751 tonnes de GES par personne. Si on tient compte de l’évolution de la population à travers le temps, le Canada se retrouve proche deuxième, devancé uniquement par la Nouvelle-Zélande.
La militante écologiste Léa Illardo n’est pas surprise de ce résultat.
« Ce n’est pas la première fois que le Canada arrive premier dans des rapports qui présentent des données sur la production de GES par personne. Notre économie est extrêmement polluante, et comme il y a peu de gens au Canada, ça fait beaucoup. »
Léa Illardo, militante écologiste
Même s’il est prévisible, ce constat n’en est pas moins inquiétant, selon Léa Illardo. Elle rappelle que la pollution du Canada constitue une menace pour toute la planète.
« Quand le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) nous parle d’un réchauffement potentiel de trois degrés d’ici 2100, alors que d’autres études parlent de sept degrés, on se demande sur quel pied danser. Au vu des émissions du Canada et du fait qu’elles ne diminuent pas assez vite, les pires scénarios sont envisageables. »
Léa Illardo
Dans son rapport, Carbon Brief rappelle que les pays qui polluent le plus sont aussi ceux qui ont le pouvoir et la responsabilité d’agir pour contrer le réchauffement climatique.