Festival Defund la police : pour une sécurité préventive plutôt que punitive

Cet événement annuel milite dans la joie et la bonne humeur pour le définancement de la police et le réinvestissement dans les communautés.

C’est dans un environnement festif, entre éclats de rire et applaudissements, que s’est tenu, dimanche 17 septembre, la deuxième édition du festival Defund la police à Montréal. L’événement célèbre la volonté de réduire les budgets alloués aux services de police pour les réinvestir dans des organismes communautaires et propose ainsi de résoudre les problèmes sociaux en amont plutôt que par leur répression.

Sous le soleil ou à l’ombre des arbres, assis sur des chaises ou allongé·es dans l’herbe, les festivalier·ères et les passant·es présent·es au parc Vinet ce dimanche ont pu assister au festival Defund la police dans une ambiance familiale et communautaire.

L’événement proposait une série de conférences en anglais et en français, sur des sujets variés allant de « la justice autochtone versus la police coloniale » à « la police et le racisme anti-noir à Repentigny »,en passant par « la réduction des méfaits et décriminalisation des drogues à Montréal ».

Des activités variées telles qu’un atelier familialsur le récit de soi, des numéros d’humour, des micros ouverts, une exposition d’art, un atelier de graffiti, un repas communautaire et une soirée musicale ont également rythmé la journée.

De nombreux kiosques de maquillage et de fabrication de bannières ainsi qu’une garderie pour les enfants (venus en nombre) étaient mis à la disposition du public.

Si les visées politiques du festival sont claires, c’est avant tout un « événement familial, festif, et communautaire », et non pas « une manifestation antagoniste de la police », explique Gabrielle Prince-Guérard, membre du groupe de travail impliqué dans l’organisation du festival.

Si le festival « s’inscrit dans un cadre abolitionniste [de la police] », c’est avant tout un événement mettant de l’avant la célébration et le partage pour que « les gens viennent se familiariser avec les concepts et le travail autour du définancement [de la police] », remarque Gabrielle.

De nombreux kiosques au festival Defund la police. Photo: Anaël Rolland-Balzon.

Créer des formes de sécurités non punitives

Le festival est une belle occasion pour faire connaître le travail fait par la coalition qui milite pour réduire les budgets alloués aux services de police et les réinvestir dans des formes non policières de sécurité publique, de prévention et de soutien communautaire, comme les services sociaux, l’éducation, les soins de santé et autres.

Pour Gabrielle, « définancer la police, ce n’est pas une affaire de mettre la ville à feu et à sang, au contraire ». Cela suppose de réinvestir dans les organismes communautaires et « leur donner le moyen de faire leur travail » afin de prévenir les problèmes sociaux en amont au lieu de les réprimer.

Gabrielle résume ainsi l’objectif de la coalition : « créer des formes de sécurités qui ne sont pas punitives », mais préventives, là où la police fait de la « répression après les événements ».

Actuellement, la coalition vise un désinvestissement partiel du budget alloué à la police pour une meilleure répartition, même si « c’est sûr qu’on vise un monde où il n’y aura plus de police, éventuellement ça serait ça le but », précise Gabrielle.

Fondée en juin 2020 dans le sillage des manifestations Black Lives Matter aux États-Unis et au Canada suite au meurtre de Georges Floyd, la coalition Defund la police rassemble plus de 80 organismes communautaires très diversifiés tels que Stella, Extinction Rebellion ou encore le Centre de justice des Premiers peuples de Montréal.

« Définancer la police, ce n’est pas une affaire de mettre la ville à feu et à sang, au contraire. »

Gabrielle Prince-Guérard

Le travail de ces organismes se centre autour de cinq grandes thématiques – définancer, désarmer, décoloniser, réinvestir, décriminaliser – et de dix demandes principales, telles que couper le budget du SPVM d’au moins 50 %, bannir le port d’armes à feu pour les agent·es de police et autonomiser les communautés autochtones. L’ensemble des revendications sont consultables en ligne sur le site de la coalition.

« Le budget du SPVM est un des plus élevés au Canada. Le SPVM dicte son budget à la Ville. C’est disproportionné le budget qu’ils ont, par rapport à l’itinérance, par exemple. »

La coalition milite ainsi pour qu’une partie de ce budget soit réinvestie dans « des organismes qui sont sur le terrain, qui connaissent les gens, qui connaissent les enjeux [afin de] leur donner les moyens de faire leur travail », raconte Gabrielle.

Quel budget pour le SPVM?

Depuis plusieurs années, la Ville de Montréal a pris le chemin du réinvestissement dans ses services d’ordre plutôt que la voie du désinvestissement, sollicitée par les organismes réunis dans la coalition.

En 2023, le budget accordé au SPVM par la Ville de Montréal atteindra 787,1 millions $, une hausse de 63,2 millions $ par rapport à l’année précédente. Or, en 2022, le budget avait déjà connu la plus importante augmentation budgétaire au Canada (+ 45 millions $).

La majeure partie de cette hausse « découle de l’aide financière de 225 millions $ accordée par le gouvernement du Québec pour renforcer la présence policière dans la région métropolitaine », précise le cahier budgétaire de la Ville. Ces ressources ont vocation à soutenir l’embauche de « 270 effectifs supplémentaires » et des initiatives spéciales telles que le projet ARRET, destiné à prévenir la violence armée.

Or, Pivot a récemment révélé que le projet ARRET, supposé être « entièrement dédié » à la lutte contre la violence armée « mène principalement à des arrestations qui n’ont aucun lien avec celle-ci », contribuant donc plutôt aux activités générales du SPVM.

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