Célébrer, commémorer, fêter sont les mots d’ordre du festival Massimadi qui, du 11 au 30 septembre à Montréal, entend mettre de l’avant l’art et la culture des communautés afro-LGBTQ+ du monde entier. Pour son quinzième anniversaire, ce festival ayant débuté en 2009 dans une petite salle de cours de l’UQAM a vu les choses en grand.
En quinze ans, le festival Massimadi a réussi à s’implanter sur la scène culturelle montréalaise même si, au commencement, cela n’avait rien d’évident. Comme le raconte Wanderson Santos, chargé de projet et responsable de la programmation pour la Fondation Massimadi, « à cette époque-là [en 2009], la cause afro-queer était moins connue qu’aujourd’hui » et beaucoup de gens niaient l’existence de personnes LGBTQ+ au sein des communautés noires.
C’est face à cette absence de considération sociale pour les communautés afro-LGBTQ+ que la fondation Massimadi a décidé de mettre en place son festival. Un événement annuel qui, à travers ses films (fictions et documentaires), ses prestations artistiques, ses conférences et ses parades, célèbre une identité multiple allant au-delà de la couleur de peau et du genre.
À ses débuts, le festival était entièrement consacré à la présentation de films, mais au fil des années, l’offre artistique s’est diversifiée. Depuis, l’événement a fait du chemin, changeant les mentalités et les préjugés à grands coups d’art et de culture. Pour fêter ses quinze ans, le festival à choisi la thématique de la « célébration ».
« Il n’y a pas juste une manière d’être queer. »
Noire Mouliom
Une programmation riche en diversité
Pour fêter son anniversaire, le festival Massimadi nous donne donc rendez-vous dès aujourd’hui, vendredi 15 septembre, à 19 h au Ausgang Plaza pour une grande soirée d’ouverture.
Tout au long du mois sera également présentée une exposition itinérante de photos intitulée « Identités, peaux et visage : un regard photographique sur les identités afro-queer ». L’exposition est composée de portraits photographiques réalisés par les artistes Noire Mouliom et Schaël Marcéus.
Un pique-nique « Salade de fruits » avec des lectures de contes pour enfants de 6 à 12 ans, animé par l’artiste drag Barbada, aura lieu le 17 septembre à 14 h au parc Daisy-Peterson-Sweeney.
Une vingtaine de films internationaux, fiction et documentaires, seront projetés tant en intérieur qu’en extérieur jusqu’au 30 septembre. Parmi ceux-ci, on retrouve le film Noeuds de la réalisatrice québécoise Aïcha Morin Baldé, qui nous parle de la relation de la femme avec ses cheveux.
Finalement, le festival sera clôturé par une parade de commémoration au Village, le 30 septembre de 16 h à 21 h.
Les activités proposées lors de cette quinzième édition sont gratuites, ouvertes à tou·tes sous réservation, et accessibles en ligne partout au Canada jusqu’à la fin du mois. Wanderson Santos souligne néanmoins que les contributions volontaires et les dons sont toujours les bienvenus et participent au rayonnement de la fondation Massimadi.
L’art comme vecteur de changement social
Depuis ses débuts, Massimadi utilise l’art et la culture comme des leviers de changement social pour lutter contre les multiples formes de discriminations vécues par les personnes noires et queers, comme l’homophobie, la transphobie et le racisme.
« Nous croyons vraiment que l’art a un pouvoir de changement, autant à l’intérieur qu’à l’extérieur de la communauté », affirme Wanderson Santos.
La force du festival réside notamment dans sa capacité à rejoindre les gens pour pallier la sous-représentation des communautés afro-LGBTQ+ dans la sphère culturelle dominante. Pour Wanderson Santos, cette notion de visibilité est au cœur du festival qui met de l’avant un groupe marginalisé par la société, « une communauté qui se sent mal, qui se sent gênée, qui vit dans le placard, en cachette et que l’art va vraiment aider à s’exprimer ».
Il rappelle à ce titre l’importance de la dimension inclusive du festival. « C’est vraiment un festival fait pour tout le monde, on est vraiment dans l’inclusion et on appelle les gens de toutes les couleurs, de toutes les origines à faire partie de notre festival, de nos activités. Ça inclut des allié·es, c’est très important pour nous d’avoir des allié·es. »
« J’ai toujours eu l’impression que c’était tout aussi important de faire passer un message en parlant des souffrances qu’en célébrant et en étant heureux. Il n’y a rien de plus empowering que de garder sa joie à travers tout ça. »
Schaël Marcéus
Pour l’artiste Noire Mouliom, Massimadi est une occasion unique pour « toucher plusieurs personnes et leur montrer qu’il n’y a pas juste une manière d’être queer ». À travers ses portraits, elle veut faire ressortir l’essence des gens « sans artifice ». « Quand on expose des photos comme ça, on voit une mère avec son enfant, on voit plein de gens de notre communauté, peut-être que ça peut ouvrir l’esprit des gens. »
Pour Schaël Marcéus, le festival Massimadi a aussi le pouvoir de renforcer les liens entre personnes afro-queers. « Ça fait plaisir d’avoir une opportunité qui permet de rassembler les membres de la communauté que ce soit en ligne ou en physique. »
Pour lui, la thématique choisie par le festival pour cette quinzième édition, la célébration, a un sens particulier. « J’ai toujours eu l’impression que c’était tout aussi important de faire passer un message en parlant des souffrances qu’en célébrant et en étant heureux […] Il n’y a rien de plus empowering que de garder sa joie à travers tout ça. »