De la présente vague de COVID-19 qui remonte au Québec ,jusqu’à la chaleur extrême dans les écoles, en passant par la fumée de brasiers boréaux, la qualité de l’air – et la ventilation – doivent nous préoccuper davantage.
Or, du côté du politburo caquiste, on ne semble guère se soucier de tout cela.
Les « clean air centers »
Comme je l’écrivais dans ma chronique précédente, qui portait sur la fumée des feux, nous ne sommes pas au bout de nos peines. Le Canada s’est étouffé tout l’été avec la fumée des brasiers, et ce n’est pas terminé.
En Californie et dans d’autres États, certaines autorités de santé publique plus dégourdies que d’autres mettent en place des « clean air centers » pour donner un répit à la population, accablée en parallèle par un air pollué et des chaleurs infernales. Ainsi, des systèmes de filtration relativement mobiles mais de qualité industrielle transforment certains lieux publics en espaces pour respirer et se rafraîchir, pour quelques heures, sans trop de risque de contracter des infections respiratoires.
Bien sûr que c’est dystopique, mais voilà que nous sommes rendu·es là.
Et au Québec? Rien de la sorte, même si la situation est pressante. Minimalement, toutes les communautés d’importance au nord du fleuve devraient être dotées de tels centres. Chibougamau, Chapais, Saguenay, Rouyn : faites-en dans chaque ville et village!
Malgré tout, le transport vers ces havres d’air pur reste compliqué. Est-ce mieux d’aller au centre et risquer de se contaminer en chemin ou de rester chez soi avec un masque N95? Pour plusieurs personnes, ce dilemme n’existe même pas, car les N95 restent une denrée difficile à obtenir – coûteuse et parfois en pénurie. Sans compter que la mobilité reste un enjeu majeur dans les centres urbains et dans les zones rurales pour les populations marginalisées.
Bien sûr que c’est dystopique, mais nous sommes rendu·es là.
Qui, dans le caucus caquiste, va agir pour mettre en place ces solutions – certes imparfaites et ne réglant aucunement la source du problème, mais néanmoins utiles et nécessaires? Imagine-t-on vraiment ces apôtres du « développement » faire quoi que ce soit de pertinent du côté de la prévention efficace à l’échelle de la santé des populations?
On peut évidemment parier sur le fait qu’ils ne feront rien.
Cela les forcerait à reconnaître l’importance de l’air et de la pollution atmosphérique en santé publique, tout en prenant publiquement la mesure du problème qui affecte et affectera encore ces forêts volées qu’ils donnent en pâture aux plus offrants.
Encore une fois, l’affaire de la fonderie Horne nous donne la tonalité de leur jeu : nier, minimiser, balayer sous le tapis, continuer, sortir le nucléaire d’un chapeau de magicien, nier encore.
Des millions seront versés en compensation aux pauvres compagnies forestières pendant que tout le monde s’étouffe dans les particules fines de 2,5 microns ou moins.
COVID-19, an trois
Comme l’analyse des eaux usées le démontre, la prévalence de la COVID-19 augmente actuellement. Le gouvernement laissera-t-il courir librement le virus dans les classes ou prendra-t-il enfin la mesure du problème?
La médecin Marie-Michelle Bellon, membre du collectif COVID-STOP, rappelait dernièrement dans une lettre ouverte publiée dans la Presse que les demandes du groupe étaient claires, déjà au début de la pandémie, il y a de cela trois ans. « Nous avions trois demandes spécifiques : 1) un message clair de la Santé publique statuant que la COVID-19 se transmet par aérosols; 2) l’installation de lecteurs de CO2 dans toutes les classes du Québec; et 3) des purificateurs d’air dans les classes où la ventilation s’avérait déficiente », écrit-elle.
Évidemment, nous sommes loin du compte en ce qui concerne le premier et le dernier élément. On a beau avoir des capteurs de CO2 dans certaines classes, à quoi servent-ils si rien n’est fait pour purifier l’air néfaste?
Ou bien on s’adapte pour vrai, ou bien on fait semblant.
Même quand les preuves scientifiques s’accumulent, le politique peine à agir, car il en va de ses intérêts et de ceux qu’il défend.
S’adapter ou faire semblant
Ou bien on s’adapte pour vrai, ou bien on fait semblant. Nos « dirigeants » semblent bien entêté·es à prendre la seconde voie, celle de la prestidigitation.
Pourtant, la mitigation de la COVID-19 et des conséquences des feux passent par la même voie, la purification de l’air intérieur. Un groupe de scientifiques de l’Université John Hopkins a même rédigé un modèle de loi destinée aux États-Unis, pour créer un nouveau cadre de référence légal, normatif et industriel, à chaque échelle de gouvernance, de manière à prendre en compte les nouveaux paramètres de qualité de l’air qui semblent devenir la nouvelle normalité.
Bien que ce genre d’initiative soit très intéressant, l’accélération des crises nous force à agir vite. Certainement plus rapidement que le temps électoral et que celui, encore plus lancinant, de la bureaucratie. Il faudra prendre les choses en main de manière autonome, communautaire et solidaire.