De nouvelles données recueillies par l’UTILE démontrent qu’à Montréal 10 % des étudiant·es locataires partagent un logement d’une seule chambre avec deux autres personnes, parfois plus. Selon l’organisme, ce constat laisse entrevoir de graves répercussions sur l’accès aux études.
Pour pallier une hausse fulgurante des loyers dans la métropole, des étudiant·es partagent des logements trop petits. C’est ce que révèle une nouvelle étude de l’Unité de travail pour l’implantation de logement étudiant (UTILE) à laquelle ont participé plus de 4700 étudiant·es des niveaux collégial et universitaire.
Parmi les locataires interrogé·es, un·e sur dix a affirmé partager un logement d’une seule chambre fermée avec au moins deux autres personnes. Cette observation appuie des données de l’Institut de la statistique du Québec recueillies en 2021, qui indiquent qu’une proportion similaire des jeunes québécois vivaient dans un logement trop petit.
« Ce sont des […] “solutions” résidentielles qui étaient déjà plus fréquentes dans des villes où la crise du logement est installée depuis longtemps et où la population en souffre, comme Toronto et Vancouver, mais ce n’était pas aussi visible à Montréal », explique Laurent Levesque, cofondateur et directeur général de l’UTILE.
Toujours selon l’étude, le coût moyen du loyer étudiant pour un quatre et demi à Montréal aurait connu une hausse de 20 % en seulement deux ans, soit depuis 2021. Ce constat fait écho à des enquêtes précédentes menées par l’UTILE dans d’autres villes et régions universitaires de la province, qui ont également connu une forte hausse des loyers au cours des dernières années.
L’étude révèle aussi que près d’un·e étudiant·e sur deux à Montréal gagne sous la barre des 20 000 $ par année, vivant donc sous le seuil de la pauvreté.
Impact académique
L’UTILE s’inquiète d’ailleurs que le coût du logement puisse représenter une barrière, de plus en plus imposante, à l’accès aux études postsecondaires, tout particulièrement pour les étudiant·es moins nanti·es.
« De manière générale, on peut s’attendre à ce que ça impacte d’emblée le choix du programme d’étude. »
Laurent Levesque
« Montréal a longtemps attiré des gens de partout au Québec […] : les gens quittent le domicile familial, viennent chercher une formation de pointe à Montréal, dans de nombreux domaines qui ne sont pas offerts ailleurs dans la province », explique-t-il. Elles et ils n’ont alors pas d’autre choix que de s’installer en appartement dans la métropole.
Pour plusieurs, des loyers prohibitifs pourraient cependant avoir un impact sur des projets de carrière. « Le coût du logement, pour la très grande majorité des locataires étudiants, est plus élevé que les frais de scolarité », rappelle Laurent Levesque. « De manière générale, on peut s’attendre à ce que ça impacte d’emblée le choix du programme d’étude. »
Besoin d’abordabilité
Pour Laurent Levesque, les constats de l’étude renforcent la pertinence du travail de l’UTILE en matière de construction de logements étudiants à but non lucratif.
« On a déjà documenté que la construction de logements étudiants abordables, ça libère de l’espace sur le marché locatif, ça diminue la pression que la demande étudiante exerce sur le marché locatif », relate-t-il.
Ce que les nouvelles données ajoutent à cette première conclusion, selon lui, c’est que le logement abordable permet également de préserver un accès aux études et de bonnes conditions de vie, propices à la réussite académique.