Simon Boulerice, Debbie Lynch-White, Barbada… Ils et elles seront une vingtaine à être présent·es le 31 mars prochain lors du cabaret-bénéfice organisé par Interligne. Près de six mois après le début de campagnes publiques pour réclamer un meilleur financement au gouvernement Legault, l’organisme appelle le grand public à venir contribuer à la survie de sa ligne d’aide et de renseignement de nuit.
« Si on ne reçoit aucune réponse positive, on va fermer [la ligne] le 31 mars », livre, déçu, le directeur général de l’organisme Interligne, Pascal Vaillancourt. En effet, depuis l’été 2021, il se bat, lui et son équipe, pour trouver du financement pour la ligne de nuit de son organisme. « La nuit, on reçoit le tiers de nos appels, soit environ 10 000 recours chaque année », détaille-t-il.
Pour que la ligne d’appel de nuit puisse survivre, M. Vaillancourt réclame une aide récurrente de la part du gouvernement québécois.
Une doléance simplement « logique » selon lui. « On demande un acte de leadership pour corriger un écart qui est né d’une discrimination. Dans les années 1980, tous les organismes ont eu une augmentation de leur financement, mais pas nous, parce qu’on était un organisme LGBTQ+. Or, ce n’était pas encore accepté dans la société », raconte-t-il.
Engager le milieu artistique
Afin de trouver quelques fonds supplémentaires, Interligne a eu l’idée de mettre en place un cabaret-bénéfice. « On a mobilisé notre réseau et nos bénévoles ont porté tou·tes ensemble l’idée d’une soirée spectacle », raconte Pascal Vaillancourt.
Des porte-paroles d’Interligne comme Simon Boulerice ou Gabrielle Boulianne-Tremblay ont rapidement dit oui. Même chose du côté des artistes comme Rock Bière, Barbada, Sophie Paradis… « Tous les artistes font don de leur prestation, c’est vraiment une très belle mobilisation du milieu artistique », se réjouit-il.
Durant la soirée, le public pourra découvrir des performances de drag, de la musique, des lectures de textes de théâtre ou encore de l’humour. « C’est un vrai show de variétés! » décrit M. Vaillancourt.
Des personnalités politiques devraient aussi être présentes pour l’occasion, même si « rien n’est encore confirmé ».
Le prix des billets pour le cabaret-bénéfice, vendus entre 75 $ et 100 $, est quasiment entièrement remis à l’organisme LGBTQ+. « Notre seul coût, c’est la salle, alors quand vous payez votre billet, ça aide directement Interligne. De plus, il y a un reçu d’impôt qui va avec, alors ça vaut la peine! » lance Pascal Vaillancourt.
« On est prêt à faire toutes les actions possibles »
Pour convaincre Québec, Interligne a mis en place l’automne dernier une campagne de pression sur le gouvernement, sans succès. Cet hiver, l’organisme a appelé la population à laisser un message sur la boîte vocale de François Legault.
« Grâce au mouvement, on a reçu du soutien des partis de l’opposition, certaines de nos questions se sont rendues à l’Assemblée nationale, on a rencontré le ministre responsable des Services sociaux Lionel Carmant, mais on ne voit toujours pas de financement arriver », se désole-t-il.
Parallèlement à tout ça, Interligne a fait appel au gouvernement fédéral, à des bailleurs de fonds… « Si on obtient quelque chose, ça permettra peut-être de maintenir le service de nuit pendant un an maximum », poursuit-il.
« Mais ce qu’on veut, c’est un financement récurrent. On ne va pas refaire tout ça chaque année. »
Pascal Vaillancourt
En plus de financer les services d’appel de nuit, les 300 000 $ demandés par l’organisme permettraient aussi d’améliorer les conditions de travail de l’équipe. « On demande un bac, on a des gens formés en psychologie, en sexologie, en travail social et on peut seulement les payer 17 $ l’heure lorsqu’ils et elles commencent avec nous… »
« On ne peut pas être compétitif et on le sent… Dans les dernières semaines, on a perdu quelques employés et c’est normal avec la crise financière qu’on vit », élabore le directeur d’Interligne, qui gère une vingtaine de personnes.
Malgré cela, il explique que les gens intéressés à venir travailler pour l’organisme sont nombreux. « Notre mission interpelle beaucoup, mais les autres lignes d’écoute peuvent payer leur monde presque 10 $ de plus de l’heure, c’est navrant », conclut-il.