Parlons éducation : un forum citoyen pour repenser l’école

Une centaine de personnes se sont réunies vendredi pour le premier arrêt de la tournée provinciale du forum Parlons éducation.

Plus d’une centaine de personnes se sont rassemblées au cégep du Vieux Montréal vendredi dernier pour participer au forum Parlons éducation qui entame une tournée provinciale. Alors que le gouvernement tarde à répondre aux problèmes, comme la pénurie de main-d’œuvre et l’école à trois vitesses, qui frappent l’éducation au Québec, ce mouvement vise à repenser l’école à travers un processus citoyen et démocratique.

Après les cours, vendredi soir, alors que la plupart des étudiant·es s’apprêtent à quitter, le cégep du Vieux Montréal fourmille. Plus d’une centaine de personnes, de tous âges et venu·es des quatre coins de la métropole, y ont rendez-vous pour participer à la première édition du forum Parlons éducation.

Ce rassemblement est le fruit d’un mouvement citoyen, majoritairement composé d’enseignant·es, d’intervenant·es scolaires et communautaires, d’étudiant·es et de parents qui réclament depuis plusieurs années la réforme d’un système qui déraille depuis longtemps depuis longtemps au Québec.

Pénurie de main-d’œuvre, manque de soutien professionnel, ségrégation scolaire, des écoles qui tombent en ruines : la liste des tares du milieu scolaire est longue et grandissante.

Le forum invite ses participant·es à réfléchir aux pistes de solutions : à repenser la réussite scolaire, à envisager un système scolaire plus démocratique et une école sans ségrégation,  inclusive pour les raccrocheur·euses, les élèves en difficulté et issu·es de l’immigration.

Ayant constaté depuis longtemps l’inertie du gouvernement actuel, ils et elles se sont rendu·es à l’évidence : si on veut le changement, mieux vaut l’entamer soi-même.

En tout, 19 forums sont prévus partout à travers le Québec, de Gaspé à Rouyn en passant par Alma et Joliette. Chaque forum aborde une série de thèmes comme l’inclusion scolaire et culturelle, la démocratisation de l’école, la ségrégation scolaire et la pénurie de professionnel·les et de personnel scolaire.

L’objectif, c’est un peu de recréer les États généraux qui avaient réformé le système d’éducation au milieu des années 1990, mais cette fois de manière citoyenne et indépendante, sans l’aval du gouvernement.

« Ce qui m’intéresse là-dedans, c’est la création d’un nouvel outil démocratique, en dehors des élections. Ça nous redonne un pouvoir d’action. »

Lylou Sehili

« L’idée, c’est de semer des graines », explique Lylou Sehili, co-porte-parole du forum et membre de son comité étudiant. « Si on a par exemple des profs qui viennent et qui entendent parler d’une super bonne initiative, ils n’ont pas besoin d’attendre que l’ensemble du Québec adopte une réforme pour le mettre en place dans leurs classes. »

Les organisateur·trices ne se leurrent pas : elles et ils savent bien qu’une véritable réforme du système d’éducation est un projet ambitieux qui demandera du temps. Mais selon eux, un forum citoyen représente un premier pas dans la bonne direction.

Lylou Sehili, co-porte-parole de Parlons éducation.

« On ne sait pas si les consensus qui vont en découler seront assez légitimes pour baser une réforme de l’éducation là-dessus », admet Mme Sehili. « Mais ça va donner une idée, ça va annoncer les couleurs et montrer les priorités. »

« Moi ce qui m’intéresse là-dedans, c’est la création d’un nouvel outil démocratique, en dehors des élections », confie Lylou Sehili. « Ça nous redonne un pouvoir d’action. »

« Il n’y a aucun politicien·ne qui peut prendre une décision qui sera la bonne », explique la jeune femme. « Ce qui définit une bonne décision, c’est la manière dont elle a été prise. »

Dans ce cas-ci, la « bonne manière », selon le mouvement, c’est à travers les débats, les regroupements et les discussions qui émergeront de fil en aiguille à travers les forums.

Inclure les étudiant·es

Actuellement, dans nos écoles, « on forme des travailleur·euses et non des citoyen·nes. La manière d’enseigner, le contenu enseigné ne prépare pas les jeunes à la réalité qu’ils rencontrent après avoir quitté l’école », critique celle qui a co-fondé la Coalition étudiante pour un virage environnemental et social (CEVES).

« Si on veut avoir des débats de société sur ce sujet-là, il faut inclure les jeunes. On ne peut pas avoir ces discussions sans les premier·ères concerné·es. » C’est pour cela que le forum s’est doté d’un comité jeunesse qui joue un rôle central dans son organisation.

« Les jeunes ont grandi avec des crises climatiques, des crises migratoires, sociales. L’école nous dit qu’il y a plein de trucs qui vont mal, mais elle ne nous enseigne pas les solutions qui existent ou comment on peut arriver à de nouvelles solutions par nous-même. »

Lylou Sehili

Ce que semblent exprimer ceux et celles qui participent au comité jeunesse, c’est un besoin d’actualiser un système périmé, en ajoutant par exemple de nouveaux thèmes à la formation, comme l’éducation à l’environnement, à la vie politique, à la sexualité.

La jeune femme s’inquiète particulièrement d’un découragement politique grandissant, particulièrement chez les jeunes qui constatent les limites des moyens auxquels ils ont recours pour améliorer le monde, en votant ou en manifestant.

« Les jeunes ont grandi avec des crises climatiques, des crises migratoires, sociales », souligne-t-elle. « L’école nous dit qu’il y a plein de trucs qui vont mal, mais elle ne nous enseigne pas les solutions qui existent ou comment on peut arriver à de nouvelles solutions par nous-même. »

Les prochains forums se tiendront à Longueuil le 17 et 18 mars ainsi qu’à Laval et à Sept-Îles le 24 et 25 mars. Une seconde édition montréalaise du forum Parlons éducation se tiendra aussi le 14 et 15 avril prochain. Tou·tes peuvent désormais s’inscrire dans la ville de leur choix, ici.

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