
Le communautaire en grève pour la justice climatique
Des dizaines d’organismes communautaires tiennent cette semaine une grève rotative pour dénoncer que la crise climatique est déjà en train d’aggraver les inégalités sociales.
Plus de 200 organisations communautaires participent à une semaine d’actions politiques à l’invitation du Mouvement d’éducation populaire et d’action communautaire pour sommer le gouvernement Legault de changer de cap en matière de lutte aux changements climatiques. Au menu : grèves rotatives, ateliers, actions et manifestations dans toutes les régions du Québec.
Des milliers de travailleur·euses du milieu communautaire seront en grève cette semaine pour réclamer un réinvestissement dans le filet social, une taxation de la grande richesse et un engagement clair pour la sortie des combustibles fossiles de la part du gouvernement Legault.
« Le 20 février est la journée internationale de la justice sociale, en plus d’être à quelques semaines du dépôt du budget provincial : c’est le moment idéal pour se faire entendre », remarque la coordonnatrice du Mouvement d’éducation populaire et d’action communautaire (MÉPACQ), Valérie Lépine.
« Plus besoin d’avoir lu le rapport du GIEC pour constater les effets de la crise, on les voit tous les jours sur le terrain. »
Valérie Lépine, MÉPACQ
Les grèves auront lieu de façon rotative dans chaque région du Québec au cours de la semaine et permettront aux travailleur·euses du communautaire de participer à des actions locales. « Nous faisons plein de petites actions, mais qui rassemblent beaucoup plus de gens dans l’ensemble. Ça permet à plus de gens de participer et ça permet de mettre de l’avant les enjeux locaux », explique la coordonnatrice.
Actions prévues du 20 au 24 février 2023
20 février : Actions de visibilité à Drummondville, Nicolet, Victoriaville, Trois-Rivières, Shawinigan, La Tuque, Baie-Comeau, Sept-Îles, Forestville, Port-Cartier et Pessamit.
21 février : Rassemblement devant le bureau de la ministre Suzanne Roy en Montérégie, ateliers à Jonquière et manifestation à Joliette.
22 février : Actions et manifestation à Hull et Québec, ateliers dans les Laurentides et Tricothon à Rivière-du-Loup.
23 février : Ateliers et actions à Sherbrooke, cimetière ambulant en Abitibi-Témiscamingue et marche funèbre à Rouyn-Noranda.
24 février : Grande manifestation de clôture à Montréal
Pour consulter le calendrier complet : https://mepacq.qc.ca/20-24fevrier/
L’injustice climatique, un enjeu d’aujourd’hui
Bien que la grève soit loin d’être un moyen de pression traditionnel du milieu communautaire, les membres ont embarqué avec enthousiasme, notamment parce que les impacts de la crise climatique se font de plus en plus ressentir dans leur quotidien, selon Valérie Lépine.
Par exemple, les dérèglements du climat créent de l’insécurité alimentaire en poussant à la hausse l’inflation, qui affecte autant les personnes vulnérables que les banques alimentaires qui les aident. « Plus besoin d’avoir lu le rapport du GIEC pour constater les effets de la crise, on les voit tous les jours sur le terrain », remarque-t-elle.
Le MÉPACQ dénonce notamment que les décideur·euses centrent trop souvent leurs discours en matière de lutte aux changements climatiques sur les « petits gestes » et autres actes individuels. « On ne peut pas demander à quelqu’un qui vit de l’aide sociale de faire plus de sacrifices alors que les grandes entreprises font des milliards de dollars de profits et pompent des gaz à effet de serre dans l’atmosphère à la tonne », souligne Valérie Lépine.
Maintenir la pression
Les grévistes espèrent que leur appel sera entendu par le gouvernement du Québec et que son prochain budget contiendra des mesures significatives en matière de lutte à l’injustice climatique.
Pour s’en assurer, ils et elles travaillent à d’autres actions pour maintenir la pression au cas où, explique la coordonnatrice. « Nous préparons entre autres quelque chose avec les mouvements étudiants, syndicaux et citoyens pour le 22 mars [le Jour de la Terre], parce que nous, on est rendu à agir et si le gouvernement s’entête à ne pas suivre, il va falloir le convaincre ou le forcer à nous suivre », conclut-elle.