Le système énergétique québécois est très inefficace selon le rapport annuel sur l’État de l’énergie au Québec de HEC Montréal. Un constat partagé par le gouvernement… qui mise toutefois principalement sur l’augmentation de la production d’électricité pour pallier la demande des prochaines années.
Le système énergétique québécois (électricité, énergies fossiles, biomasse, etc.) a perdu environ 960 pétajoules (PJ) d’énergie en 2020, d’après le rapport. Des pertes qui sont supérieures à la capacité hydro-électrique totale d’Hydro-Québec (781 PJ) et qui correspondent à environ la moitié (49 %) de toute l’énergie produite et importée au Québec durant la même année, explique l’analyse.
C’est le secteur du transport (33 % des pertes) et de l’industrie (28 %) qui perdent le plus d’énergie. Suivent les pertes reliées au réseau lui-même (25 %) et au secteur du bâtiment (15 %), selon l’étude.
Ce problème a été remarqué par le ministre de l’Énergie Pierre Fitzgibbon, alors qu’il prenait la parole dans le cadre du dévoilement du rapport. Mais pour faire face à la demande croissante d’énergie et particulièrement d’électricité, le ministre a plutôt mentionné la possibilité de revoir la tarification pour « inciter les Québécois et les entreprises à [respecter] une consommation maximale », en plus d’insister sur son désir d’augmenter l’offre énergétique grâce à de nouveaux projets.
L’amélioration de l’efficacité énergétique, notamment grâce à la révision des normes et règlements en la matière, devrait pourtant être la priorité, selon le titulaire de la chaire de gestion du secteur de l’énergie de HEC et co-auteur du rapport, Pierre-Olivier Pineau. Le Québec souffrirait présentement d’une « nonchalance énergétique », notamment en raison des bas prix qui nous entrainent à avoir « une productivité énergétique lamentable », remarque-t-il.
Le problème du gaspillage a été remarqué par le ministre Fitzgibbon, mais il a tout de même insisté sur son désir d’augmenter l’offre énergétique grâce à de nouveaux projets.
« M. Fitzgibbon veut développer la richesse au Québec, il faut savoir que l’Allemagne, la Norvège, la Suède sont des pays qui sont plus riches que nous et qui consomment beaucoup moins d’énergie. C’est possible qu’ils fassent des choses intéressantes dont on pourrait s’inspirer », remarque Pierre-Olivier Pineau. « En plus, ils ont moins d’inégalités sociales que nous, je pense que c’est vers là qu’on devrait se diriger », conclut-il.