Un collectif de jeunes réclame une loi pour contrer les violences sexuelles dans les écoles

Les membres sont déçues de ne pas voir la lutte contre les violences sexuelles parmi les priorités du ministre Drainville en éducation.

Les représentantes du groupe La voix des jeunes compte critiquent le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, qui n’a pas inclus la lutte contre les violences sexuelles dans ses priorités. Cela fait près de cinq ans qu’elles militent pour la protection des jeunes en milieu scolaire face à ce problème qui persiste dans les écoles du Québec.

Réunies mercredi matin, les représentantes du groupe La voix des jeunes compte se sont adressées aux médias pour faire valoir leur insatisfaction quant aux nouvelles priorités de Bernard Drainville en éducation, annoncées la semaine dernière. 

L’enjeu qui y brille par son absence, selon elles, est celui contre lequel elles militent depuis maintenant cinq ans : les violences à caractère sexuel dans les écoles.

« 55 % des victimes d’agression sexuelles au Canada ont moins de 18 ans », a lancé Sha’Nyce, une jeune membre du groupe. « On est fatiguées de parler. On le fait pour les prochaines générations et pour celles qui n’ont jamais été entendues. »

Les jeunes femmes étaient aussi accompagnées de Joëlle Martina, mère et ex-athlète, ainsi que du cofondateur et directeur général de l’organisme Les Ballons intensifs, Ernest Edmond. 

Le groupe a réitéré l’urgence d’une loi-cadre qui obligerait les écoles primaires et secondaires à se doter de systèmes pour prévenir et combattre les violences sexuelles entre leurs murs, commises par les jeunes ou par le personnel. Une loi de la sorte est déjà en place pour les universités et les cégeps de la province.

« Une loi-cadre permettrait de tenir les autorités, les directions, les commissions scolaires à leurs obligations », a souligné Ernest Edmond dans son appel à l’action.

Les violences oubliées

« Les écoles n’ont pas les ressources pour prévenir les violences sexuelles, ou même soutenir les victimes », a souligné Sha’Nyce qui est elle-même une survivante. « Le personnel n’avait pas le temps pour moi. J’aurais voulu du soutien, j’aurais voulu qu’on m’écoute, j’aurais voulu ne pas avoir à côtoyer la personne qui m’a agressée. »

Le groupe déplore également que le système mène actuellement à une double victimisation des jeunes, qui doivent témoigner de leurs expériences devant le Protecteur de l’élève, l’institution chargée de recueillir les plaintes du genre au Québec et de simplement les rediriger vers les autorités. 

Selon le groupe, ce processus ne répond pas aux besoins des jeunes qui vivent des violences. « Le Protecteur de l’élève ne peut pas offrir une guérison ou une réparation aux victimes et n’a pas le pouvoir de veiller à ce que les agresseurs cessent leurs comportements violents », a expliqué Kenza, une autre jeune membre du groupe.

« On est fatiguées de parler. On le fait pour les prochaines générations et pour celles qui n’ont jamais été entendues. »

Sha’Nyce

« Quand les institutions ne font rien, les jeunes apprennent que leurs actions n’ont pas de conséquences », a lancé l’ex-athlète Joëlle Martina.

Elle a souligné l’importance d’un système proactif. « Il ne faut pas attendre les victimes pour agir, il faut les protéger. »

« Le sport et l’école peuvent changer la vie, assurons-nous que ce soit pour le mieux. »

Des recommandations pour la CAQ

En plus de la loi-cadre, les membres du groupe ont également listé une série de recommandations qui assureraient la protection et l’accompagnement des victimes. 

On retrouve notamment un soutien psychologique adapté pour les victimes et les agresseurs, des conséquences claires pour les agresseurs et une formation spécialisée pour le personnel scolaire.

« Il ne faut pas attendre les victimes pour agir, il faut les protéger. »

Joëlle Martina

Le groupe a aussi insisté sur l’urgence d’une rencontre entre ses membres et le premier ministre François Legault et le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville.

« On n’a pas envie de se battre pour les quatre prochaines années. C’est inacceptable, ça fait cinq ans qu’on demande à être protégées », a pressé Clorianne Augustin, co-coordinatrice de La voix des jeunes compte.

« Les filles ici en ce moment ont 18, 16, 15 ans […] ça veut dire qu’elles ont commencé à lutter quand elles avaient 12, 13 ans », s’est-elle exclamée en se tournant vers les membres du groupe derrière elle. « C’est grave de mettre ça sur leurs épaules. »

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