
Hausse record du taux de pauvreté au Canada
Près de 10 % de la population canadienne vit sous le seuil de la pauvreté, une augmentation record en un an.
Statistique Canada prévoit un bond record du taux de pauvreté entre 2021 et 2022. Représentant 7 % en 2021, ce sont dorénavant 10 % des ménages canadiens qui vivraient maintenant sous le seuil de la pauvreté. Il s’agit d’une augmentation de plus de 40 %.
Depuis 1970, la pauvreté au Canada a connu une lente diminution. Cette tendance s’explique en partie grâce à des mesures du gouvernement fédéral, dont les allocations familiales et les aides financières, notamment aux aînés. En 2020, alors que la pandémie battait son plein, le taux de pauvreté au pays avait atteint son plus bas (6,4 %), notamment grâce à l’octroi de la Prestation canadienne d’urgence (PCU).
« On le voit, quand on a la volonté politique de lutter contre la pauvreté, quand on donne de l’argent aux gens qui en ont besoin, ça fonctionne », explique Virginie Larivière, porte-parole du Collectif pour un Québec sans pauvreté.
Mais à l’heure actuelle, le taux de pauvreté est en hausse, pour une deuxième année de suite. Alors qu’en 2021, le taux de pauvreté prédit avait remonté un peu à 7 %, il a bondi à 9,8 % pour 2022.
Ces chiffres sont basés sur des calculs préliminaires de Statistique Canada et pourraient évoluer.
« Ce à quoi on assiste actuellement, cette hausse du taux de pauvreté pour 2022, c’est le retour à la normale du taux de 2019 », lorsque le taux se situait à 10,3 %, explique Virginie Larivière.

Une inflation qui augmente tout… sauf le salaire minimum
« Le problème, c’est qu’à l’heure actuelle, ce sont les plus pauvres qui s’appauvrissent », se désole la porte-parole. La flambée des prix due à l’inflation, qui touche à la fois le logement, le transport et l’épicerie, menace plus radicalement les personnes à faible revenu, qui peinent actuellement à répondre à ces besoins de base.
Selon le Bilan-faim du réseau des Banques alimentaires du Québec, le nombre de ménages ayant un revenu d’emploi et ayant recours à l’aide alimentaire a augmenté de 37 % depuis 2019.
« Les solutions apportées par le gouvernement du Québec ne ciblent pas les plus pauvres, et ne répondent pas au niveau d’inflation », explique la porte-parole.
« La redistribution de la richesse, ça devrait faire partie des priorités. »
Virginie Larivière, Collectif pour un Québec sans pauvreté
« Alors qu’en décembre dernier, le premier ministre François Legault reconnaissait la difficulté de vivre dignement avec un salaire horaire de 18 $, son gouvernement propose d’augmenter le salaire minimum à 15,25 $ l’heure. Non seulement c’est incohérent, mais c’est indécent! » peut-on lire dans une déclaration de la coalition Minimum 18 $.
Des mesures encore trop minimes
La porte-parole du Collectif pour un Québec sans pauvreté critique d’ailleurs le gouvernement du Québec, qui « n’a pas fait grand-chose » dans les dernières années pour aider les plus démunis.
« L’envoi de chèques ponctuels, […] c’est une mesure qui a été décriée par à peu près tout le monde. Envoyer un chèque de 200 $ même à ceux qui n’en ont pas besoin, ça génère de l’inflation et ça ne sert à rien. »
« Ce dont on a besoin, ce sont des mesures clés, structurelles, de sorte à sortir de la pauvreté de manière durable », explique-t-elle. Le Collectif propose d’avoir plusieurs solutions fiscales – dont un revenu minimum garanti et un impôt sur la fortune du 1 %.
« Ça coûte cher, dans le filet social, de tolérer la pauvreté. Ce sont des dépenses dans les processus de santé, de judiciarisation », souligne Virginie Larivière.
« La redistribution de la richesse, ça devrait faire partie des priorités », croit-elle.