Pour être viable, le salaire minimum devrait passer à 18$ l’heure

Le contexte économique actuel, marqué par l’inflation et la pénurie de main d’œuvre, rendrait nécessaire et réaliste une telle mesure.

La coalition Minimum 18$, qui réunit plusieurs organismes et syndicats, demande que le salaire minimum soit haussé à 18$ l’heure. Le gouvernement Legault doit annoncer dans les jours à venir la prochaine mise à jour du salaire minimum.

Le dernier ajustement remonte au 1er mai dernier : le ministre du Travail, Jean Boulet, avait alors instauré une augmentation de 0,40$ l’heure, pour un total de 13,50$ l’heure.

« On considère que 18$ de l’heure, c’est le minimum pour qu’une personne qui travaille à temps plein puisse se sortir de la pauvreté au Québec », a affirmé en conférence de presse Denis Bolduc, secrétaire général de la FTQ. « On doit atteindre [cette cible] le plus rapidement possible. »

En fait, même à 18$ l’heure, une personne seule travaillant 35 heures par semaine gagnerait à peine un revenu viable, selon les calculs de l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS). Son revenu annuel disponible après impôt serait de 27 308$ annuellement. Or, il faut au moins 28 783$ pour vivre décemment dans la région de Montréal, estime l’IRIS. À Sept-Îles, ce montant grimpe jusqu’à 32 607$.

Avec le salaire minimum actuel de 13,50$ l’heure, « on vit vraiment d’une paye à l’autre », témoigne en entrevue Manouchka Étienne, qui travaille dans une résidence privée pour aînés.

« C’est particulièrement difficile pour les mères monoparentales qui doivent compter sur un seul salaire » pour payer le loyer et nourrir les enfants, ajoute-t-elle. Les femmes sont surreprésentées parmi les gens qui travaillent au salaire minimum, tout comme les personnes issues de l’immigration ou racisées, rappelle Cheolki Yoon, du Centre des travailleurs immigrants.

L’inflation rendrait particulièrement urgente une hausse importante du salaire minimum, selon la coalition. En effet, les gens qui gagnent le moins « sont les plus affectés par l’actuelle hausse des prix », qui concerne beaucoup les besoins de base comme la nourriture ou les loyers, a rappelé Christian Daigle, président général du SFPQ.

Une mesure réaliste, selon la coalition

Fin octobre, le ministre du Travail Jean Boulet avait promis une « hausse importante » du salaire minimum. Mais il avait aussi affirmé qu’une augmentation trop rapide serait dangereuse pour l’économie. Selon lui, cela menacerait la capacité de payer des entreprises, risquant de mener à des pertes d’emplois.

Pour Luc Vachon, président de la CSD, il s’agit d’une vision erronée.

« Il y a des entreprises comme Couche-Tard qui sont riches à millions » et qui profitent d’un salaire minimum bas pour s’enrichir encore davantage, dénonce-t-il en entrevue.

Si une hausse du salaire minimum à 18$ l’heure était plus difficile pour certaines petites entreprises, le gouvernement pourrait leur offrir un soutien fiscal, juge-t-il. Chose certaine, « le fardeau ne doit pas être porté par les travailleurs les plus pauvres », insiste-t-il.

Par ailleurs, pour la coalition, un salaire minimum à 18$ l’heure ne risque pas de créer de pertes d’emplois en pleine pénurie de main d’œuvre. Au contraire, la hausse du salaire minimum pourrait plutôt atténuer ce problème, selon Nathalie Arguin, secrétaire générale de la CSN. En effet, c’est parce qu’elles offrent des salaires trop bas que les entreprises n’arrivent pas à attirer et à retenir le personnel dans certains secteurs comme la restauration ou le commerce de détail, a-t-elle expliqué en conférence de presse.

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