La présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel, en conférence de presse le 15 décembre 2022 | Capture d'écran : Gouvernement du Québec
Nouvelle

Négos du secteur public : l’offre du gouvernement laisse les syndicats sur leur faim

La proposition est insuffisante pour faire face à l’inflation tout en rattrapant le retard salarial dans la fonction publique, selon le Front commun.

Le Front commun syndical s’est montré moins qu’impressionné par les offres du gouvernement Legault pour la renégociation des conventions collectives du secteur public, jeudi. Il craint que les salaires inférieurs au secteur privé fragilisent les services publics déjà en manque de personnel.

La présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel, a déposé une proposition qui représente selon le gouvernement une augmentation salariale de 11,5 % sur cinq ans, avec pour la première année une augmentation de 3 % et un montant forfaitaire de 1000 $. Selon le gouvernement, ces propositions sont « avantageuses, justes et équitables » et permettront à la fonction publique d’attirer et de retenir du personnel.

Le Front commun syndical n’a pas vu la proposition du gouvernement du même œil. Il avait plutôt revendiqué l’instauration d’un mécanisme permanent d’indexation basé sur l’Indice des prix à la consommation (IPC) pour ajuster les augmentations en fonction de l’inflation, en plus d’une augmentation de base de 9 % sur trois ans.

« Ce que [le gouvernement] nous propose, c’est un appauvrissement des travailleurs », a protesté Daniel Boyer, président de la FTQ. Compte tenu de l’inflation actuelle, la proposition « ne protège pas le pouvoir d’achat de nos membres ».

L’indexation à l’IPC demandée par les syndicats ne semble pas avoir été prise en compte par le gouvernement et les syndicats craignent que sans cela, l’augmentation proposée n’aidera pas les personnes salariées à faire face au coût de la vie. Le gouvernement de Québec s’attend à un taux d’inflation de 6,8 % pour 2022, puis de 3,7 % en 2023.

« On ne s’énervera pas, parce qu’on est au tout début du processus de négociation, mais on n’est pas bien contents. »

DanieL Boyer, FTQ

Les représentants des travailleur·euses jugent aussi que le bonus de 1000 $, proposé par le gouvernement pour réduire l’impact de l’inflation, n’est pas une véritable solution à long terme, puisqu’il ne serait versé qu’une fois.

Ils rappellent qu’il y a un écart salarial de 9 % entre les travailleur·euses du secteur public et leurs homologues au secteur privé, ce qui nuit à l’attractivité du public dans un contexte de pénurie de main d’œuvre. « Pendant la pandémie, on a servi des “mercis” à nos travailleurs, à nos anges gardiens, mais maintenant on dit, “au diable les anges gardiens”. »

Le dépôt des offres du gouvernement s’est fait en réponse à celui des syndicats, fait le 28 octobre. « On ne s’énervera pas, parce qu’on est au tout début du processus de négociation, mais on n’est pas bien contents », a résumé M. Boyer. « On se demande si le gouvernement a compris notre dépôt. »

Le Front commun réunit plus de 420 000 employé·es des secteurs public et parapublic et est composé de la Confédération des syndicats nationaux (CSN), la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ) et l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS).

Le gouvernement voudrait plus de « flexibilité »

Sonia LeBel, accompagnée en conférence de presse du ministre de la Santé Christian Dubé et du ministre de l’Éducation Bernard Drainville, a annoncé son intention de « prendre les moyens, avec la collaboration des syndicats, de trouver de vraies solutions » aux difficultés que connaissent actuellement les réseaux de santé et d’éducation, pour « redonner une marge de manœuvre » aux écoles et établissements de santé locaux.

Au cours des négociations à venir, elle veut mettre l’emphase sur la « flexibilité » des horaires et le « décloisonnement » des tâches.

Une perspective qui ne rassure pas les syndicats, qui y voient une menace de détérioration des conditions de travail. « On a déjà entendu les mots “flexibilité” et “agilité”, et ce sont toujours les membres, les gens qui œuvrent au quotidien qui sont obligés d’être plus agiles et plus flexibles, pour ensuite se faire dire qu’il y a assez de monde dans le réseau », a critiqué Éric Gingras, président de la CSQ.

Les conventions collectives en vigueur pour les 600 000 employé·es du secteur public, dont les enseignant·es, le personnel de soutien scolaire et les professionnel·les de la santé, arrivent à échéance le 31 mars 2023.Les négociations entre le gouvernement et les syndicats se poursuivront après le congé des Fêtes.

Vous aimez notre contenu? Abonnez-vous à Pivot pour soutenir un média indépendant qui bouleverse le statu quo, suscite le débat et permet à de nouvelles voix de se faire entendre.

Pas prêt·e à vous abonner à Pivot? Inscrivez-vous à notre infolettre pour recevoir les actualités des luttes et des alternatives.