100 $ de plus par semaine et des salaires qui suivent l’inflation

Les centrales syndicales du secteur public ont fait part au gouvernement de leurs principales demandes, à l’approche des prochaines grandes négociations.

Alors que plusieurs centaines de travailleur·euses étaient dans les rues de la capitale vendredi matin, le Front commun des syndicats de la fonction publique a déposé au Conseil du trésor ses demandes en vue du renouvellement des contrats de travail. Elles visent principalement la bonification des salaires en tenant compte de l’inflation, ainsi que l’adaptation des fonds de retraite.

Formé par Confédération des syndicats nationaux (CSN), la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ) et l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS), le Front commun représente plus de 420 000 travailleur·euses de tous les horizons.

Une alliance historique, qui survient 50 ans après le premier front commun syndical de l’histoire québécoise : en 1972, celui-ci avait permis de grands gains pour les travailleur·euses et pour le droit du travail, explique Philippe Morin, économiste à la CSN. « C’est d’une ampleur sans précédent au Québec, nous regroupons les employés de la santé et des services sociaux, du milieu scolaire et de l’enseignement supérieur, c’est plus de 450 types d’emplois », souligne-t-il.

Protéger le pouvoir d’achat

La principale demande des syndicats concerne le rattrapage du salaire des travailleur·euses du secteur public par rapport à leurs vis-à-vis du privé, ainsi que l’indexation de leur salaire au-delà de l’inflation.

« Le gouvernement doit comprendre que nos salaires ne sont plus suffisants et qu’on est étouffés », dénonce le premier vice-président de la CSN, François Enault.

Selon les données de l’Institut de la statistique du Québec, en 2021, les employé·es du secteur public avaient un salaire de 17,6 % inférieur à celles et ceux du privé faisant le même travail. L’écart descend à 9,4 % si l’on tient compte de l’ensemble de leurs avantages.

Pour combler cet écart, les syndiqué·es demandent d’avoir 100 $ de plus par semaine dès l’an prochain, ou bien une augmentation de 2 % supérieure à l’inflation, selon la formule la plus avantageuse pour les différents groupes de travailleur·euses.

Cette augmentation serait suivie de deux autres, soit une correspondant à l’inflation plus 3 % en 2024, et une dernière équivalent à l’inflation plus 4 % en 2025.

« Le gouvernement doit comprendre que nos salaires ne sont plus suffisants et qu’on est étouffés. »

Philippe Morin, CSN

« Il faut ajouter un mécanisme permanent d’ajustement [à l’inflation] au sein même des conventions collectives pour éviter d’avoir à renégocier chaque fois et pour garantir qu’il n’y aura pas d’appauvrissement des travailleur·euses », explique Philippe Morin.

Plusieurs centaines de syndiqué·es ont manifesté à Québec vendredi matin. | Photo : Francis Hébert-Bernier

Retraites et assurances parentales

En plus du salaire, les syndicats souhaitent une bonification des conditions de retraite de leurs membres, sans toutefois que celle-ci passe par une augmentation de leur taux de cotisation.

Il s’agirait notamment d’adapter les règles pour permettre aux gens de travailler plus longtemps, s’ils le désirent. « On ne veut pas nécessairement que nos membres travaillent plus longtemps, mais pour les personnes qui veulent le faire, il ne faut pas qu’elles soient pénalisées, ça prend une certaine flexibilité », précise Pierre-Guy Sylvestre, économiste à la FTQ.

À ces demandes s’ajoutent aussi une bonification des régimes d’assurance parentale et l’ajout de mesures supplémentaires d’attraction et de rétention pour les employé·es des services publics en région éloignée.

Concrétiser les « mercis » de la pandémie

Devant leurs membres, les représentants syndicaux ont interpellé le gouvernement, l’enjoignant à être conséquent avec les nombreux éloges qu’il a faits aux travailleur·euses du secteur public durant la pandémie. « Monsieur Legault, si vos mercis étaient sincères, ça doit paraître à la table des négociations », prévient le président de la FTQ, Daniel Boyer.

Son collègue, le président de la CSQ Éric Gingras abonde dans le même sens, mais appréhende l’attitude qu’adoptera le gouvernement durant les négociations. « Pendant les prochains mois, on va tenter de nous diviser, on va tenter de nous jouer les uns contre les autre. Mais ce qu’on dit tout de suite au gouvernement, c’est que ça ne fonctionnera pas. On est là d’une seule voix, » a-t-il lancé aux milliers de personnes rassemblées pour l’occasion dans les rues du Vieux-Québec.

« On est là d’une seule voix. »

Éric Gingras, président, CSQ

D’après François Enault, de la CSN, la réussite des négociations dans les prochains mois passera par l’effort et la solidarité des membres du Front commun. « Les bonnes conventions collectives, ça ne se gagne pas sur les tables de négociations, ça se gagne dans la rue et dans les milieux de travail. »

« C’est clair qu’on va prendre tous les moyens pour s’assurer qu’on gagne notre point, parce que si on n’aide pas les travailleur·euses, il n’y en aura plus de services publics », prévient-il.

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