Il n’y a pas que le climat sur Terre : enfin, on parle de biodiversité!

C’est un évènement historique qui se déroule en ce moment à Montréal. Je parle évidemment de la Conférence de l’ONU sur la biodiversité (COP15) dont l’objectif n’est rien de moins que d’établir un cadre mondial commun pour restaurer et protéger la biodiversité. Si l’effondrement de la biodiversité est un enjeu aussi important que le dérèglement climatique, on en entend beaucoup moins parler. Pourtant, il y a tellement à dire, découvrir, comprendre et… protéger!

Si le mot biodiversité peut sonner familier, c’est un concept assez compliqué à suivre et à vulgariser. La biodiversité, c’est tout ce qui fait que notre monde est vivant et unique. Pour ajouter une couche de complexité, tout est interconnecté par des liens qu’il reste souvent à découvrir.

Par exemple, saviez-vous que la biodiversité comprend aussi les paysages et les gènes des êtres vivants et qu’il y a un immense besoin d’observations et de données pour arriver à mieux comprendre et protéger le vivant?

D’ailleurs, vous pouvez directement participer à cette quête de connaissances grâce aux applications citoyennes comme iNaturalist et eBird.

Le manque de connaissance et la complexité du sujet sont peut-être les raisons pour lesquelles des chercheurs ont observé qu’il y a un déficit de couverture médiatique sur la biodiversité, carence qui se répercute sur les citoyen·nes. Peut-être l’avez-vous perçu dans le cadre de la COP15 : c’est fou tout ce qu’il y a à dire et à découvrir sur la biodiversité, y compris près de chez soi!

Si l’effondrement de la biodiversité est un enjeu aussi important que le dérèglement climatique, on en entend beaucoup moins parler.

Peut-être aussi avez-vous découvert qu’au même titre que les COP sur le climat tous les ans, il y a aussi des COP sur la biodiversité tous les deux ans… et qu’il existe un « GIEC » de la biodiversité : la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) dont le travail titanesque passe trop souvent sous les radars.

Personnellement, j’aimerais découvrir qui sont les lobbys qui influencent à la baisse les négociations en faveur de la protection du vivant.

C’est fondamental de comprendre et de parler de biodiversité, autant que du climat. Son effondrement est une crise environnementale majeure : avec elle, c’est notre sécurité alimentaire qui vacille. C’est notre santé qui se détériore. C’est le monde vivant qui nous émerveille depuis notre enfance qui perd de sa magie.

La valeur de la biodiversité, c’est cette curiosité inassouvie pour le miracle de la vie sur Terre.

La biodiversité est une solution climatique

Pour être honnête, je ne comprends pas pourquoi le sujet de la biodiversité ne pogne pas davantage. Non seulement, la biodiversité a un capital de sympathie extraordinaire, notamment via des espèces ambassadrices – comme la baleine de Montréal – mais la biodiversité est aussi un enjeu concrètement observable.

Lorsque, au sujet du climat, on parle de l’importance de stocker du carbone, cela se traduit, en termes de biodiversité, par la conservation d’espaces naturels, comme les tourbières. Un arbre, c’est un peu l’équivalent vivant du dioxyde de carbone (CO2) qui réchauffe notre atmosphère : en effet, un arbre est notamment constitué de carbone qui se libère sous forme gazeuse lors de sa combustion.

Or, c’est pas mal plus facile d’observer la conservation des arbres plutôt que la diminution des émissions de CO2 dans l’atmosphère!

La biodiversité, c’est la diversité

Il est vrai toutefois que l’effondrement de la biodiversité est une crise mondiale, dont l’ampleur peut être difficile à percevoir localement, notamment en raison de l’introduction d’espèces exotiques (trop souvent envahissantes).

Un exemple concret? Prenez le temps d’observer les plantes autour de vous, que ce soit dans votre maison, votre potager ou votre quartier : combien d’entre elles ne sont pas originaires du Québec, voire de l’Amérique du Nord?

La diversité d’espèces et de milieux naturels fond à mesure que tout devient de plus en plus artificialisé et similaire partout dans le monde. Mais avec cette homogénéisation du vivant, c’est la capacité de résilience de la planète qui se rétracte.

Plus il y a de diversité, plus le monde vivant est tissé serré et capable de résister à des chocs.

Il y a un point majeur à garder à l’esprit lorsqu’il est question de biodiversité : sa richesse, c’est sa diversité. C’est cette diversité qui permet de protéger le vivant dans son ensemble. Plus il y a de diversité, plus le monde vivant est tissé serré et capable de résister à des chocs.

Les piteuses souches de frênes ravagés par l’agrile sont un exemple concret de l’importance de la diversité. S’il existe beaucoup d’espèces d’arbres dans une ville, l’impact de quelques frênes malades parmi eux sera assez restreint. Mais si les frênes sont lourdement majoritaires, leur disparition entraînera alors une série de conséquences : des îlots de chaleur, des pertes majeures d’habitat pour des insectes, des mammifères et des tas de micro-organismes, une détérioration de la qualité de l’air et des paysages urbains ravagés par leur absence.

Mais la valeur de la biodiversité ne se réduit pas à son utilité, c’est aussi elle qui donne des couleurs à la vie.

Ce sont ces moments d’observation d’une libellule et ce sentiment régénérateur d’une marche en forêt. C’est cette curiosité inassouvie pour le miracle de la vie sur Terre. C’est cet émerveillement face à d’autres méthodes de communication, comme celle des bélugas et des peupliers faux-trembles. Ce sont ces œuvres philosophiques et spirituelles sur le miracle de la vie sur Terre, mystère que nous partageons avec des milliards d’autres êtres vivants de notre planète.