Pour s’adapter à la crise climatique, il faut d’abord écouter les femmes

Le Conseil des Montréalaises propose une série de recommandations à la Ville de Montréal pour une transition écologique intersectionnelle.

Mercredi, le Conseil des Montréalaises publiait un avis sans précédent, faisant état des impacts particuliers de la crise climatique sur la vie des femmes dans la métropole. L’avis émet 15 recommandations à la Ville afin que l’impact genré des changements climatiques soit davantage pris en compte dans le Plan climat municipal. De plus nombreux logements abordables et adaptés, une mobilité durable ainsi qu’une augmentation des espaces verts figurent au cœur des recommandations.

En décembre 2020, la Ville de Montréal publiait son Plan climat 2020-2030, pour une ville « plus inclusive, résiliente et carboneutre ». Malgré d’ambitieuses cibles climatiques (le plan prévoit une réduction de 55 % des émissions de GES d’ici 2030), la dimension de genre est absente de ce Plan.

La littérature scientifique démontre pourtant que les femmes sont disproportionnellement affectées par la crise climatique. Toutefois, cette réalité est peu documentée pour les femmes en Occident, et encore moins pour celles vivant en milieu urbain. Pour pallier ce manque, le Conseil des Montréalaises – un comité de bénévoles qui conseille la Ville sur les enjeux d’égalité de genre – a récolté des données innovantes, permettant d’illustrer les enjeux actuels des Montréalaises face à la crise climatique.

L’importance de logements abordables et adaptés

Au sommet des préoccupations mises en lumière par l’avis figure la question du logement. Alors que les femmes montréalaises sont plus nombreuses que leurs homologues masculins à être en situation de précarité financière, elles vivent plus souvent dans les logements les moins adaptés aux changements climatiques, par exemple dans des îlots de chaleur.

Au contraire, en période de grand froid, les appartements mal isolés ont pour effet d’augmenter les coûts d’électricité, ce qui contribue à la précarité financière des femmes.

Le Conseil des Montréalaises recommande à la Ville de mettre au cœur de ses priorités l’accès à des logements abordables et de qualité, car ces problématiques sont éminemment accentuées par la crise climatique.

« Si elles sont présentes dans les espaces décisionnels, les enjeux qui sont propres aux Montréalaises sont plus susceptibles d’être entendus et pris en compte. »

Marianne-Sarah Saulnier, comité recherche du Conseil des Montréalaises

Pour une mobilité collective et féministe

La question du transport est également l’un des principaux enjeux que soulève l’avis. « À Montréal, de nombreux arrondissements sont mal desservis par les métros et les autobus. Améliorer l’accessibilité et l’adaptabilité du transport figure en premier plan de nos recommandations, car c’est quelque chose qui peut être corrigé et avoir un impact rapidement », explique Anuradha Dugal, présidente du Conseil des Montréalaises.

La question de la mobilité est cruciale pour les femmes, d’abord car le transport collectif permet de réduire les émissions de gaz à effet de serre.

À cela s’ajoute le fait que les femmes sont plus souvent responsables des tâches domestiques comme les courses et le soin des enfants, et dépendent davantage du transport en commun dans leur mobilité. Un transport adapté et accessible permettrait d’améliorer la vie des femmes montréalaises, précisément pour les plus vulnérabilisées, notamment les femmes âgées ou en situation de handicap.

L’avis met également en lumière le manque d’accessibilité aux espaces naturels et aux parcs, qui sont moins nombreux dans les quartiers dont la population est moins nantie et plus racisée. Les femmes étant frappées plus fortement par la pauvreté, la distribution inégale des espaces verts dans ces quartiers force nombre d’entre elles à effectuer de plus longues distances pour pouvoir se rafraîchir. Certains quartiers n’ont pas, par exemple, de parcs avec des modules pour enfant.

Logement, transport, espaces verts : « tous ces éléments agissent en vases communicants et contribuent à la vulnérabilité des femmes », affirme Marianne-Sarah Saulnier, membre responsable du comité recherche du Conseil des Montréalaises.

Des recommandations en trois temps

Les 15 recommandations de l’avis s’articulent autour de trois objectifs principaux. « D’abord, on souhaite que la Ville prenne en considération la nécessité d’avoir une compréhension des impacts climatiques genrés », explique Anuradha Dugal. Cela pourrait se manifester par exemple par une collecte de données systématique quant aux impacts différenciés.

Dans un deuxième temps, le Conseil espère que les femmes soient impliquées plus directement dans les processus décisionnels de la lutte aux changements climatiques. « Si elles sont présentes dans les espaces décisionnels, les enjeux qui sont propres aux Montréalaises sont plus susceptibles d’être entendus et pris en compte », défend Marianne-Sarah Saulnier.

Le Conseil invite finalement la Ville à inclure et soutenir davantage les organismes communautaires pour et par les femmes, autant financièrement que dans la prise en compte de leurs idées et propositions. Plus particulièrement, le Conseil espère que la Ville donne la voix aux initiatives faites dans les quartiers où les femmes sont les plus touchées par les changements climatiques. C’est le cas notamment de Montréal-Nord, Rivière-des-Prairies et Pointe-aux-Trembles.

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