Investissement Québec injecte de l’argent dans une minière contestée

Investissement Québec injectera 12,5 millions $ US dans Nouveau Monde Graphite, dont le projet dans les Laurentides pourrait devenir la plus grande exploitation de graphite en Occident, au grand désespoir des habitant·es.

Le gouvernement provincial a confirmé son soutien – financier – à l’industrie minière, en investissant 12,5 millions $ US dans l’entreprise Nouveau Monde Graphite, qui développe actuellement un projet en Haute-Matawinie. Mais des mobilisations citoyennes ont émergé pour contester la destruction du territoire. Et l’un des co-investisseurs dans le projet est impliqué dans des affaires d’évasion fiscale.

C’est une bonne nouvelle… pour l’industrie minière au Québec : l’entreprise Nouveau Monde Graphite (NMG) a annoncé jeudi dernier un financement de 50 millions $ US de la part de ses principaux actionnaires. Parmi eux, Investissement Québec verse un chèque de 12,5 millions $ US à l’entreprise.

Cet argent sera destiné au financement de la future mine de graphite Matawinie, près de Saint-Michel-des-Saints, et de l’usine de matériaux de batteries de Bécancour.

« Cette intervention témoigne de notre volonté de faire du Québec un pôle nord-américain de haut calibre de la batterie au lithium-ion. Nouveau Monde Graphite est sans conteste un acteur clé de cette filière et il contribuera favorablement à la transition énergétique du Québec », a déclaré le PDG d’Investissement Québec, Guy Leblanc.

Québec mise sur l’électrification des transports pour atteindre ses objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES). En effet, le graphite et le lithium-ion sont des composants essentiels dans la fabrication des batteries de voitures électriques. Le projet minier Matawinie de NMG a même été partiellement financé par le Fonds vert du gouvernement provincial.

Un investissement dans une mine contestée

Mais pour May Dagher, la stratégie de communication opérée par les investisseurs de NMG relève du greenwashing. Depuis des mois, elles et d’autres citoyen·nes s’opposent fermement à la mine de graphite géante projetée par NMG près de Saint-Michel-des-Saints, dans Lanaudière.

Risque de contamination des eaux souterraines et de surface, destruction du paysage et de la biodiversité, pollution atmosphérique : les craintes sont nombreuses autour de la mine de graphite, située à une centaine de kilomètres de Montréal, en plein entre le parc national du Mont Tremblant et celui du lac Taureau. « C’est une catastrophe qui nous attend », déplore May Dagher.

« C’est quelque chose qui nous inquiète beaucoup », avoue-t-elle face au nouveau soutien financier reçu par la compagnie minière. « Le gouvernement a toujours dit qu’il souhaitait faire valoir un respect de l’environnement », déplore-t-elle.

En visite dans le secteur, cet été, François Legault avait alors assuré : « Il n’y a aucun projet minier qui va se faire sans qu’il y ait une acceptabilité sociale. » Pourtant, à Saint-Michel-des-Saints comme ailleurs au Québec, les projets miniers vont de l’avant et continuent même à s’intensifier.

Pallinghurst, un investisseur soupçonné d’évasion fiscale

De vives critiques se font aussi entendre chez les opposant·es au projet minier au sujet de l’association d’Investissement Québec avec Pallinghurst, un fonds d’investissement britannique qui vient aussi d’injecter 12,5 millions $ US dans Nouveau Monde Graphite.

« On a un gouvernement qui s’acoquine avec des gens qui pratiquent l’évasion fiscale. C’est fou, là! », s’exaspère Paul Comeau, membre de la COPH

En effet, le fonds d’investissement spécialisé dans l’exploitation minière avait fait parler de lui en 2017 lors de l’affaire des Paradise Papers, qui avait révélé au grand jour des informations sur des sociétés offshore. En effet, le nom Pallinghurst avait été associé aux îles Caïman, considérées comme paradis fiscal par le ministère des Finances du Québec.

En 2020, Investissement Québec devenait déjà propriétaire de la firme minière Nemaska Lithium, à parts égales avec Pallinghurst.

Pour Paul Comeau, membre de la COPH, « le gouvernement est très au fait de qui est Pallinghurst ». Il dénonce l’incohérence de cette association : « On a un gouvernement qui s’acoquine avec des gens qui pratiquent l’évasion fiscale. C’est fou, là! », s’exaspère-t-il.

May Dagher partage cette même incompréhension : « Comment peut-on se fier à la parole du gouvernement, qui se targue pourtant de ne pas vouloir s’associer avec des compagnies inscrites dans des paradis fiscaux? »

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