Le chandail officiel du Canadien arbore un nouveau blason en cette ouverture de saison 2022-2023 : celui de la Banque royale du Canada (RBC). Un partenariat qui a provoqué un vent de colère chez des fans de l’équipe et militant·es de Greenpeace Canada, venu·es protester mercredi soir devant le Centre Bell avant le match d’ouverture.
« #NOLOGO, RBC finance la crise climatique » : le message, inscrit sur une large banderole, a été déroulé par des activistes de Greenpeace dans la Zone d’avant-match mercredi vers 17 h. C’était le premier match officiel du CH lors duquel les joueurs devaient porter le nouveau chandail marqué du logo de la RBC.
« La RBC souille le chandail des Canadiens et alimente la crise climatique », dénonce Patrick Bonin, responsable de la campagne Climat-Énergie chez Greenpeace. « C’est une tâche qu’on a sur le chandail », critique-t-il.
« Comment pourrais-je accepter que le logo de RBC, la cinquième pire banque au monde en matière de financement des énergies fossiles, vienne souiller ce chandail si cher à mon coeur? », dénonce Louis Couillard, porte-parole de Greenpeace Canada.
Vêtu du chandail des Canadiens, mais avec le logo de la RBC barré d’une croix noire, l’écologiste était venu protester contre cette association entre le CH et l’institution financière la plus impliquée au pays dans le financement de l’industrie pétrolière et gazière.
« Les Habs et le hockey ne sont pas juste un sport pour moi, mais une partie intégrante de mon identité et de ma culture », explique Louis Couillard, porte-parole de Greenpeace Canada, qui raconte avoir reçu ses premiers patins à l’âge de trois ans.
« Comment pourrais-je accepter que le logo de RBC, la cinquième pire banque au monde en matière de financement des énergies fossiles, vienne souiller ce chandail si cher à mon coeur? », dénonce-t-il.
La RBC, leader en investissement fossile
Objectif zéro carbone d’ici 2050 : c’est ce à quoi la RBC s’était engagée en 2017. Pour 2025, la banque canadienne promettait une réduction de ses émissions à gaz à effet de serre de 70 %.
Pourtant, entre 2016 et 2021, la RBC a investi près de 264 milliards $ dans les énergies fossiles, selon le rapport Banking on climate chaos. En 2021, après une courte baisse de financement au début de la pandémie, la banque a presque doublé son soutien annuel à cette industrie qui compte parmi les plus polluantes du monde.
Pour Louis Couillard, les objectifs environnementaux de la RBC sont « du vent » et vont « complètement à l’encontre de toutes les données scientifiques ».
Pour Patrick Bonin, la RBC « n’est pas la seule, mais est la pire » et « tire vers le bas un pays déjà loin de ses objectifs environnementaux ».
LES BANQUES CANADIENNES ET LE CLIMAT
Si la RBC est le plus grand investisseur financier canadien dans l’industrie fossile, quatre autres banques canadiennes (TD, CIBC, la Banque de Montréal et la Banque Scotia) font partie du top 20 mondial. Ensemble, elles ont fourni plus de 900 milliards $ à l’industrie du pétrole, du gaz et du charbon depuis 2016.
En août dernier, les grandes banques canadiennes, dont la RBC, étaient déjà menacées d’être exclues d’une alliance de l’ONU pour la transition énergétique du secteur bancaire, en raison de leurs investissements continus dans l’industrie fossile. Elles se sont pourtant toutes engagées à atteindre zéro émission nette d’ici 2050.
Pour atteindre cet objectif, il faudrait refuser tout nouveau projet d’exploitation des énergies fossiles et accélérer la fin des activités déjà existantes, selon l’Agence internationale de l’énergie.
Droits autochtones
Louis Couillard dénonce également les conséquences des investissements de la RBC pour les Autochtones : « Il y a un non-respect du consentement libre, préalable et éclairé des Premières Nations » dans les projets soutenus par la banque.
La RBC « bafoue les droits des peuples autochtones », tranche Patrick Bonin.
Pour rappel, la RBC soutient financièrement le projet de gazoduc Coastal GasLink en Colombie-Britannique : celui-ci doit traverser le territoire de la nation Wet’suwet’en, mais ses chefs héréditaires s’y opposent fortement.