Reportage

Le PCQ et la CAQ s’en remettent au marché pour régler les problèmes des travailleurs

Une candidate du Parti conservateur a eu bien de la difficulté à justifier les positions de son parti au cours d’un débat organisé par les syndicats.

Lors d’un débat sur les enjeux du monde du travail, la représentante du Parti conservateur a proposé de s’en remettre aux marchés pour régler la plupart des problèmes vécus par les travailleur·euses. Une proposition pas si différente de celles de la Coalition avenir Québec, qui a dû défendre son bilan face aux critiques des autres partis.

À Montréal mercredi soir, des candidat·es des cinq principaux partis se sont rassemblé·es pour débattre autour de questions proposées par les centrales syndicales provinciales (CSN, FTQ, CSQ, CSD).

La soirée a été marquée par la difficile performance de la représentante du Parti conservateur du Québec (PCQ), Éloïse Coulombe.

La candidate de 19 ans qui brigue le siège de la circonscription de Soulanges a difficilement tenté de défendre les idées libertariennes sur lesquelles repose la plateforme de son parti. En plus d’être largement ignorée par ses adversaires, la jeune femme a été huée à plusieurs reprises par la foule, notamment lorsqu’elle tentait de justifier les positions de son parti visant à financer les services publics et à soutenir l’emploi grâce à l’exploitation des hydrocarbures.

Pour la majorité des enjeux soulevés, la candidate a offert comme solution la déréglementation ainsi que la capacité des marchés de résoudre d’eux-mêmes les problèmes socio-économiques.

« C’est vraiment le libre marché qui va faire que les iniquités vont diminuer et éventuellement disparaitre », a-t-elle répondu à une question sur l’équité salariale, devant les murmures incrédules de la foule.

Une déclaration qu’elle a reprise dans des termes semblables pour parler du salaire minimum, des conditions de travail, de la crise du logement ou encore de la transition énergétique.

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« Éric Duhaime chez les libertariens : les radicaux du libre marché »

Une position similaire à la CAQ

Le ministre du Travail sortant et candidat de la CAQ dans Trois-Rivières, Jean Boulet, a également témoigné de sa confiance envers les marchés à plusieurs reprises durant la soirée.

Notamment lorsque le représentant de Québec solidaire l’a interpellé sur les difficultés vécues par les travailleur·euses au salaire minimum. « La pénurie de main-d’œuvre vous donne le gros bout du bâton et ça permet au salaire horaire moyen d’augmenter » de lui-même, a répondu le ministre. « Je suis convaincu que nous allons assister à une hausse substantielle l’an prochain », a-t-il promis.

Les baisses d’impôts dénoncées par le PQ et QS

Le ministre Boulet a fréquemment dû défendre le bilan de la CAQ sur les enjeux reliés aux travailleur·euses, un bilan fermement critiqué par les représentants du PQ et de QS, eux-mêmes deux anciens représentants syndicaux.

Le solidaire Alexandre Leduc, député sortant d’Hochelaga-Maisonneuve, ainsi que le candidat péquiste dans Pointe-aux-Trembles, Jocelyn Desjardins, ont par exemple talonné le ministre Boulet sur les effets potentiels des baisses d’impôts proposées par la CAQ. Selon eux, ces baisses pourraient entrainer une dégradation des conditions de travail dans le domaine public, en plus d’une perte de services accessibles pour les travailleur·euses.

« Nous avons besoin d’un gouvernement qui s’occupe de son monde et je pense que la solution responsable c’est de maintenir les niveaux actuels de taxations », a clamé le péquiste.

Il a de plus tenu à rappeler que les baisses de taxes proposées par Québec solidaire affecteront elles aussi les revenus de l’État.

Six mois, suffisant pour la francisation?

Favoris de la foule, les représentants solidaire et péquiste ont principalement fait front commun pendant la soirée jusqu’à ce que le ton se durcisse entre les deux à quelques minutes de la fin des débats.

Le représentant du PQ a reproché à QS sa volonté d’éliminer la limite de six mois pour apprendre le français, imposée aux nouveaux arrivants par la CAQ. « Va-t-il falloir se mettre à traduire les conventions collectives en arabe? », s’est questionné le péquiste. Ce qui a poussé un membre du public à lui répondre en criant : « Oups! La politique identitaire dépasse de sous le tapis », provoquant les rires et les murmures de l’assistance.

De son côté, le représentant du Parti libéral du Québec, Marc Tanguay a surtout dénoncé le manque de volonté de la CAQ en matière de transition énergétique et vanté les propositions de son parti à ce sujet, reposant notamment sur le développement de « l’hydrogène vert ».

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