Les projets miniers se multiplient partout dans le monde pour extraire les minéraux nécessaires pour faire rouler nos voitures électriques et fonctionner nos panneaux solaires. Mais plusieurs de ces nouvelles mines sont contestées parce qu’elles posent de sérieux risques écologiques et sociaux.
Bien que les entreprises minières présentent leurs activités comme une solution à la crise écologique, cela est loin d’être toujours vrai, selon les organismes MiningWatch Canada et l’Atlas de la justice environnementale (AJE). Les deux organismes ont dévoilé mardi un rapport exposant les principaux risques environnementaux et sociaux posés par certains projets miniers liés à la transition.
« Tout le monde porte attention aux émissions de carbone, mais il faut voir plus large », insiste Ugo Lapointe, coordonnateur chez MiningWatch. « Si on veut prétendre à des transports verts », illustre-t-il, « alors il faut que la chaîne d’approvisionnement soit verte du début à la fin ».
La transition énergétique accélère l’exploitation de « minéraux critiques », comme le lithium, le graphite, le cuivre, le cobalt ou le nickel. Ainsi, à l’heure actuelle, l’extraction minière vise des gisements dans des zones toujours plus fragiles, comme la forêt amazonienne. Et puisque les gisements exploités sont de moins en moins concentrés en minéraux, l’extraction génère de plus en plus de déchets et nécessite davantage d’énergie, d’eau et de produits chimiques.
« Nous ne pouvons pas résoudre la crise environnementale simplement en changeant une erreur pour une autre. »
Gary McKinney, membre de la nation autochtone Shoshone et opposant à la mine de lithium Thacker Pass au Nevada, lors du lancement du rapport
Atteinte aux droits démocratiques
MiningWatch et l’AJE ont aussi conçu une carte interactive qui recense certaines des contestations provoquées en Amérique par la ruée vers les ressources minières. Tous les projets répertoriés sur cette carte portent atteinte aux droits démocratiques, et en particulier aux droits des communautés autochtones : les entreprises responsables n’ont pas fourni au public toutes les informations pertinentes, les empêchant d’offrir un consentement libre et éclairé sur le sujet.
C’est pourquoi les contestations populaires se multiplient sur le continent. En retour, les personnes qui défendent leur environnement sont souvent criminalisées ou tout simplement assassinées.
Fait notable : parmi les projets internationaux recensés sur la carte, la très vaste majorité est liée à des entreprises canadiennes.
En effet, plus de 60% des minières du monde sont enregistrées au Canada, indique MiningWatch. « C’est une industrie canadienne qui fait des dégâts ici et à l’international », souligne Ugo Lapointe. « Nous avons donc une responsabilité particulière. »
Encadrer et réduire l’exploitation minière
Yannick Deniau, de l’AJE, rappelle que l’industrie minière est « très agressive » et « difficile à contrôler », contournant régulièrement les règles en vigueur. Il faudrait donc carrément limiter l’extraction en réduisant à la source notre consommation de minerai et d’énergie, selon MiningWatch et l’AJE.
« Il faut choisir quels gisements on exploite et lesquels ça n’a pas de sens d’exploiter. Ce n’est pas parce qu’il y a du minerai quelque part qu’il faut l’extraire », martèle Ugo Lapointe. Selon lui, la plupart des minéraux critiques existent en quantité suffisante sur la planète et « on peut se permettre de faire des choix » en protégeant certains territoires vulnérables.
Nous devons aussi développer le recyclage des minéraux, explique Ugo Lapointe, ce qui n’est pas le cas actuellement. « Nos gouvernements provincial et fédéral dépensent des centaines de millions pour subventionner les voitures électriques, mais des pinottes pour prévoir le recyclage », déplore-t-il.
D’une manière ou d’une autre, résume Ugo Lapointe, une transition écologique et juste exige absolument une « réduction de l’empreinte minérale ».