Les dividendes versés par les entreprises aux actionnaires atteignent actuellement des records historiques, dépassant déjà les records d’avant la pandémie.
Les actionnaires du monde ont reçu en dividendes un total de 403,5 milliards $ US au cours du troisième trimestre de 2021. Il s’agit d’une hausse de près de 20% par rapport à la même période l’an dernier, signe que les grandes entreprises ressortent plutôt fortes de la pandémie. En fait, ce montant représente une somme jamais égalée auparavant lors d’un troisième trimestre, qui dépasse, par exemple, de 13% les chiffres de 2019.
Ces données ont été présentées par la société de gestion de portefeuille Janus Henderson dans sa dernière analyse des tendances mondiales en ce qui concerne les dividendes touchés par les investisseurs.
L’année 2021 pourrait être la plus profitable de l’histoire pour les actionnaires, selon les prévisions de la société de gestion.
Les dividendes versés en 2021 sont en voie de grimper de plus de 15% par rapport à l’an dernier, pour un total de 1460 milliards $ US. Cette somme surpasserait le record historique qui avait été atteint juste avant la pandémie.
Les actionnaires sont les premiers à profiter de la croissance
Depuis 2009, les profits des actionnaires à l’échelle mondiale ont quasiment doublé (+95%). Mais entre 2009 et 2020, le PIB mondial, lui, n’a augmenté que de 40%. Cela signifie que les détenteurs d’action s’approprient une part toujours plus grande de la croissance économique.
« Une grande partie de l’argent généré par les entreprises trouve son chemin vers les actionnaires sous la forme de dividendes. »
La société de gestion Janus Henderson, dans son dernier rapport
Or, ce sont les 10% les plus riches de la population qui possèdent la très forte majorité des actifs financiers, en particulier les actions d’entreprises.
De plus, les dividendes versés par les entreprises augmentent considérablement plus vite que les impôts qu’elles paient. Au Canada, entre 2009 et 2019, les sommes payées aux actionnaires ont connu un bond de 72%, tandis que l’impôt perçu par l’État auprès des entreprises n’a augmenté que de 29%.
« Les entreprises travaillent d’abord pour leurs actionnaires », dont les dividendes « passent avant les hausses de salaire, les réinvestissements et les impôts », analyse en entrevue Audrey Laurin-Lamothe, professeure de science sociale à l’Université York.
Les actionnaires les plus riches ou encore les gros investisseurs comme les fonds de placement ou les compagnies d’assurance agissent aussi directement sur l’économie pour maximiser leurs bénéfices, ajoute la chercheuse. Ces gros joueurs font pression sur les entreprises : ils exigent qu’elles optimisent leurs profits et ils exercent même un contrôle sur leur gouvernance interne, le plus souvent au détriment des salaires et des conditions de travail.
« Tout ça demande à être encadré », estime la chercheuse spécialisée dans les impacts sociaux de la finance. Audrey Laurin-Lamothe plaide pour « des lois fiscales qui interdiraient cette concentration de la richesse entre les mains des actionnaires », par exemple en taxant davantage les entreprises qui réalisent des « profits excessifs ».