Des dizaines de personnes se réclamant de la gauche et de l’écologie ont été élues lors des élections municipales qui se clôturaient dimanche soir. Les succès progressistes touchent non seulement de grandes villes comme Montréal, Québec et Sherbrooke, mais aussi plusieurs petites municipalités à travers la province.
La Vague écologiste au municipal, un réseau de candidates et de candidats partageant des valeurs environnementales et démocratiques, a fait élire au moins 74 personnes à travers la province, selon les chiffres préliminaires fournis par l’organisation. Une dizaine de candidatures sont encore en attente de résultats définitifs. Plus de la moitié (41) des personnes élues en lien avec la Vague sont des femmes.
Les victoires remportées par les gens de la Vague touchent 57 municipalités dans treize régions de la province. Huit mairies ont été remportées par des membres du réseau, notamment à Mont-Saint-Hilaire (Marc-André Guertin), Otterburn Park (Mélanie Villeneuve) ou Petit-Saguenay (Philôme La France, élu sans opposition). À Saint-Agathe-des-Monts, Frédéric Broué, adhérent de la Vague, a largement remporté la mairie et tous les sièges du conseil vont aussi à ses conseillères et conseillers, dont plusieurs avaient rejoint la Vague.
Les nouvelles élues et nouveaux élus du réseau représentent environ la moitié de celles et ceux qui avaient signé la déclaration de la Vague, s’engageant alors à défendre des politiques progressistes comme le développement de transports alternatifs à l’auto-solo, la protection des écosystèmes, l’implantation de mesures sociales ou l’amélioration de la démocratie participative.
Pour Jonathan Durand Folco, co-organisateur de la Vague écologiste, il s’agit d’un succès. « On peut parler d’une vraie vague verte, d’un virage progressiste », lance-t-il en entrevue.
Il observe qu’« une nouvelle génération arrive » en politique municipale, pas nécessairement avec un programme radical, mais avec l’intention d’agir réellement pour renforcer le tissu social et assurer la qualité de vie dans les communautés locales.
Le professeur d’innovation sociale à l’Université Saint-Paul se réjouit aussi que des élu.es écologistes et de gauche se retrouvent un peu partout au Québec, et pas uniquement dans la métropole. Il voit là les bases d’une coalition capable d’agir à la fois localement et à l’échelle de la province, par exemple en mettant de la pression sur le gouvernement provincial.
Mouvement citoyen à Sherbrooke
Quelques victoires de gauche notables sont aussi survenues en dehors du réseau de la Vague.
C’est le cas à Sherbrooke. Évelyne Beaudin, cheffe de Sherbrooke citoyen, est devenue la première mairesse de la ville. Celle qui était auparavant la seule élue de son parti sera désormais accompagnée de 7 conseillers et conseillères (sur 16 districts), dont Raïs Kibonge, la première personne noire élue à Sherbrooke, et Fernanda Luz, première femme immigrante à siéger au conseil.
Sherbrooke citoyen, qui a bénéficié d’une bonne mobilisation de ses membres, veut notamment favoriser la participation démocratique dans la vie municipale, soutenir la vie culturelle sherbrookoise, augmenter la part des milieux naturels protégés et améliorer la qualité de l’eau des rivières.
Émergence d’un parti de gauche à Québec
Dans la capitale, Transition Québec, nouveau parti écologiste et progressiste, a connu un bon succès : la cheffe Jackie Smith récoltait 2% d’appuis au mois de juin, mais elle a finalement obtenu près de 7% des voix. Elle fait son entrée au conseil de ville, puisque sa colistière a remporté la victoire dans Limoilou, avec une forte avance.
« Si l’équipe de Transition Québec a prouvé une chose durant la campagne, c’est bien sa capacité à changer la conversation et nous continuerons à l’hôtel de ville. »
Jackie Smith
Durant la campagne, Transition Québec a défendu des idées comme la réduction de la pollution, la gratuité du transport en commun, l’amélioration de l’accueil des personnes immigrantes et la densification urbaine grâce à des logements abordables.
Persistance de Projet Montréal
Dans la métropole, c’est Projet Montréal et Valérie Plante qui ont remporté la course, battant pour une seconde fois Denis Coderre et son parti en récoltant plus de la moitié des votes.
« Ce que les Montréalais et les Montréalaises ont confirmé ce soir, c’est que l’élection de Projet Montréal en 2017 n’était pas un accident de parcours. »
Valérie Plante, lors de son discours de victoire dimanche soir
Projet Montréal met de l’avant une plateforme généralement progressiste et écologiste, misant par exemple sur un budget participatif et la mobilité durable. Le parti a toutefois été critiqué pour la timidité de certains de ses engagements, par exemple en matière de logement, ou encore pour sa volonté d’accroître le budget et la présence de la police dans les rues de la ville. Notons que la participation électorale a connu une baisse à Montréal : seuls 38% des personnes inscrites ont voté. En 2017, ce taux s’élevait à 42%.