Réchauffement climatique : quelles conséquences pour le Québec?

Le Québec ne sera pas épargné par les conséquences du réchauffement climatique. Les températures pourraient même grimper plus fort qu’ailleurs.

Si les 197 pays qui participent à la COP26 ne s’entendent pas sur des moyens radicaux pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre et ainsi limiter la hausse des températures à 1,5°C, cela pourrait avoir des conséquences dramatiques pour le Québec. Nous les avons passées en revue avec Philippe Gachon, professeur d’hydroclimatologie.

« Il est de plus en plus probable que l’on s’en va vers un réchauffement qui dépasse les 1,5°C », affirme d’entrée de jeu Philippe Gachon, professeur d’hydroclimatologie au département de géographie de l’UQAM. Pour atteindre l’objectif, « cela voudrait dire que [cette] semaine, on règle [à Glasgow] les problèmes qu’on n’a pas été capable de régler depuis l’Accord de Paris en 2015 », dit-il.

Si la différence entre 1,5 et 2°C peut paraître anodine, Philippe Gachon explique qu’il n’en est rien, et qu’elle est associée à une augmentation de tous les risques liés au réchauffement climatique. Plus le réchauffement augmente, plus la probabilité d’avoir des événements extrêmes avec de forts impacts augmente: sécheresses, inondations, vagues de chaleur et tempêtes intenses. « Ces quatre phénomènes-là ont les coûts économiques et les coûts en termes de santé et de morts directes les plus importants de tous les désastres naturels », insiste-t-il en rappelant le triste bilan de la canicule de l’été dernier en Colombie-Britannique, qui a causé la mort de 700 à 900 personnes. 

Bouleversement des cycles de l’eau

Par rapport aux températures de l’ère préindustrielle (point de référence des cibles de 1,5 et 2°C de l’Accord de Paris), le climat s’est déjà réchauffé. « La moitié du réchauffement s’est produit au cours des 70 dernières années », précise Philippe Gachon. Et puisqu’il s’agit d’une  moyenne, la température ne s’élève pas partout de façon égale.

Mauvaise nouvelle: il faut s’attendre à ce que les changements soient plus intenses au Canada. « Quand on parle de réchauffement de 1,5°C, c’est deux fois plus au Canada et trois fois plus dans le Nord », annonce-t-il.

D’énormes bouleversements sont à prévoir dans le cycle de l’eau. « La  neige, quand elle fond, représente 20 à 30 % de la recharge des nappes d’eau dans le sol. » Moins de neige, ça signifie donc moins d’eau dans le sol au printemps et un niveau plus bas des rivières en été.

La sécurité alimentaire en danger

Pour le professeur, l’augmentation des températures n’est pas forcément une bonne nouvelle pour l’agriculture: « on pourrait se dire qu’avec des températures plus chaudes on va avoir une saison de croissance plus longue ». Mais il explique que l’agriculture n’est pas juste une question de température. « Il faut qu’il y ait assez de précipitations ». Les sécheresses vécues ces dernières années affectent les rendements.

« Même au Canada [le réchauffement] pourrait engendrer des problématiques de sécurité alimentaire ». Avec la rapidité des changements, certaines espèces pourraient disparaître. Ces disparitions affecteraient principalement les populations innues et les Premières Nations qui dépendent des ressources du milieu.

Une bonne partie de la ville de Québec sous l’eau

Le professeur Gachon, qui est aussi directeur du Réseau Inondations InterSectoriel du Québec (RIISQ), s’inquiète aussi des conséquences du réchauffement climatique sur la montée du niveau de la mer. Il explique qu’avec une augmentation d’un mètre, « une bonne partie de la ville de Québec, de la vieille ville, serait sous les eaux régulièrement. »

« On parle de 800 millions de personnes qui ne pourront pas rester où elles sont si le niveau de la mer augmente de un mètre et plus. »

Nous avons demandé à Philippe Gachon ce qui se passerait si l’on suivait les scénarios les plus sombres, avec un réchauffement de 4°C.

« On rentre dans l’inconnu complet », nous répond-il sobrement. « La terre n’a jamais connu de température plus chaude que ce fameux 1,5 – 2°C depuis 2,5 millions d’années. » Nous n’avons donc pas d’équivalent de l’espèce humaine dans ce climat. 

« On rentre dans l’inconnu et clairement, c’est de nature à compromettre l’existence ou la présence humaine dans une bonne partie des terres émergées. »

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