Photo : Maxime Caron
Nouvelle

Voici un registre des loyers pour contrer la spéculation

Développé par un organisme, le nouveau registre est prêt à être adopté par n’importe quel gouvernement qui le désire.

L’organisme Vivre en ville déploie aujourd’hui un registre des loyers qui pourrait être adopté rapidement par les gouvernements qui le souhaiteraient. Une initiative intéressante, mais qui devrait être accompagnée de réelles mesures de contrôle des loyers, selon les comités logement.

Le registre des loyers dévoilé aujourd’hui par Vivre en ville est à la fois fonctionnel et prêt à être repris par n’importe quel gouvernement qui voudrait mettre en place une telle mesure pour connaître et rendre publics les prix des logements locatifs sur son territoire, explique le directeur habitation de Vivre en ville, Adam Mongrain. « Ce n’est pas un prototype ou une preuve de concept, mais une solution clé en main qui satisfait à toutes les normes gouvernementales en vigueur en matière de solutions informatiques », précise-t-il.

Pour aider la population à comprendre l’intérêt de la plateforme, celle-ci est déjà accessible en ligne et présente l’information pour un peu plus de 15 000 logements partout au Québec, explique le directeur.

Les locataires et propriétaires sont pour l’instant invités à inscrire le coût de leur loyer au registre pour étendre sa couverture, mais la plateforme est conçue pour être alimentée à même les données administratives des gouvernements qui l’adopteront, explique M. Mongrain.

« Le gouvernement du Québec pourrait par exemple utiliser le relevé 31 des déclarations de revenus des propriétaires comme source fiable de données pour facilement bâtir le registre », illustre-t-il.

Un coût modeste

Le registre est déjà financé jusqu’en 2028 grâce au soutien de Centraide et de la Direction de santé publique de Laval et ne coûterait que quelques centaines de milliers de dollars à opérer annuellement pour un gouvernement provincial, explique Adam Mongrain.

« À partir d’aujourd’hui, la question n’est plus de savoir si on peut faire un registre des loyers, mais si on veut. »

Adam Mongrain, Vivre en ville

« Le gouvernement du Québec argumente depuis des années qu’un registre coûterait trop cher à produire et à maintenir. Ça n’a jamais été un bon argument, mais Vivre en ville vient de le prouver une fois pour toutes », remarque Cédric Dussault, porte-parole du Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ).

Un registre c’est bien, le contrôle des loyers c’est mieux

Avec cette plateforme, Vivre en ville espère freiner la spéculation immobilière sur les loyers, notamment en permettant aux locataires de disposer d’information de qualité pour mieux négocier leur bail avec leur propriétaire.

L’organisme espère aussi que le registre aidera à arrimer le prix de vente des immeubles au coût des loyers, et donc à freiner la spéculation. De manière générale, il pourrait aussi aider les décideurs à prendre des solutions éclairées en matière de logement.

Un optimisme qui n’est partagé que partiellement par Cédric Dussault, du RCLALQ. « Ça ne prend pas seulement un registre, mais un plafonnement des hausses de loyer annuelles, sinon tout le fardeau de résister aux hausses abusives demeure sur les épaules des locataires », explique-t-il.

« Il y a un rapport de pouvoir entre les locataires et les propriétaires qui désavantage nettement les locataires. »

Cédric Dussault, RCLALQ

Selon lui, si un registre aide effectivement les locataires à négocier leur loyer en leur donnant plus d’information, celle-ci ne sera jamais suffisante pour que la négociation soit équitable. « Il y a un rapport de pouvoir entre les locataires et les propriétaires qui désavantage nettement les locataires, surtout dans le contexte actuel où il n’y a pas vraiment de logements abordables disponibles », précise-t-il.

Le registre reste malgré tout un bon pas vers l’avant, selon Adam Mongrain, et il ne reste qu’aux gouvernements à l’adopter, selon lui. « À partir d’aujourd’hui, la question n’est plus de savoir si on peut faire un registre des loyers, mais si on veut », conclut-il.

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