Photo : Hubert Figuière (CC BY-SA 2.0)
Analyse

Les passagers de la STM essuient le prix de la pandémie

Faute de plus de financement public, la baisse des ventes de billets contraint la STM de monter ses tarifs et de réduire ses opérations.

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Les difficultés financières de la Société de transport de Montréal (STM) l’entraînent à couper dans ses services, à reporter le maintien de ses infrastructures et à hausser ses tarifs. Si la baisse d’achalandage des routes depuis la pandémie n’a pas affecté les services offerts aux automobilistes, le financement du transport en commun, lui, dépend des revenus de billetterie. Encore aujourd’hui, les usager·ères de la STM doivent payer le prix de la crise sanitaire.

C’est ce qu’explique Blaise Rémillard, responsable en transport et urbanisme du Conseil régional de l’environnement (CRE).

Après la chute de l’achalandage et des revenus de billetterie qu’ont subie les sociétés de transport en commun suivant la pandémie et le télétravail, le CRE revendique au minimum un simple maintien des services.

Même si M. Rémillard considère que ce n’est pas nécessairement une mauvaise chose que les usager·ères paient des billets et contribuent au financement du transport en commun, il admet que cela devient un problème lorsqu’une variation dans l’achalandage a une répercussion négative sur les services qui sont offerts.

Il remarque que c’est tout le contraire pour les personnes qui utilisent des voitures : « pendant la pandémie, personne n’a imaginé qu’on allait moins déneiger les autoroutes parce qu’il allait y avoir moins d’automobilistes sur les routes », commente-t-il.

Payer plus cher pour moins de service

En 2023, la STM a mis fin aux lignes d’autobus 10 minutes MAX, a supprimé trois postes de direction et a affirmé que, faute de moyens, elle devait reporter des projets importants pour le maintien de ses infrastructures.

De plus, les tarifs seront à nouveau augmentés en juillet prochain, a-t-on appris fin avril.

Si la plus récente hausse des prix de la STM « suit l’inflation », la tendance à long terme est bien plus lourde, remarque M. Rémillard.

Au début des années 2000, il était possible d’acheter 6 billets pour 9 $, ce qui revient à 1,50 $ le billet unique. Le forfait similaire qui sera offert aux Montréalais·es après la nouvelle hausse des tarifs sera de 10 billets pour 32,50 $, le passage unique revenant donc à 3,25 $, soit plus de deux fois plus cher qu’il y a 20 ans.

Si on compare les forfaits en tenant compte de l’inflation, on constate tout de même une augmentation de 35 % le passage.

Le provincial relance la balle au municipal

Manon Massé, porte-parole de Québec solidaire, a récemment demandé si le gouvernement Legault était prêt à investir des fonds publics pour éviter la décrépitude du métro, comme l’avait récemment demandé la mairesse de Montréal Valérie Plante.

Geneviève Guilbault, ministre du Transport et de la Mobilité durable, a rétorqué que la STM relevait de l’administration municipale et que la CAQ investissait déjà des sommes sans précédent dans le transport en commun.

Or, en février dernier, la STM avait envoyé une lettre au gouvernement provincial dans laquelle elle décriait la réduction des investissements dans le maintien des actifs des transports en commun : en 2018, il y avait 3,8 milliards $ prévu à cet effet, contre 2,6 milliards $ en 2022.

Deux mois plus tard, des fissures forçaient la STM à fermer d’urgence la ligne verte pendant une demi-journée.

Blaise Rémillard voit d’un œil positif le récent revirement du gouvernement Legault sur le troisième lien et l’ajout de la « Mobilité durable » au titre de la ministre des Transports. Mais il ajoute tout de même qu’« on n’est plus à une époque où on peut faire confiance au gouvernement à propos du climat et de la mobilité durable sans avoir des preuves sur papiers ».

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