Après des décennies de luttes migrantes, un statut pour tou·tes maintenant!

Alors que les détails du programme fédéral de régularisation des personnes sans papiers sont en train d’être discutés, j’écris ces lignes pour souligner le travail de mobilisation et de solidarité pour la régularisation, qui est issu d’un combat de plus de vingt ans.

J’écris pour que l’on sache de qui et de quoi est faite cette mobilisation. J’écris pour que les actes et les noms de mes compagnons ne soient pas effacés, même s’ils n’apparaissent pas dans les récits officiels. J’écris cette lettre comme une invitation à nous rejoindre dans cette lutte pour la dignité qui dure depuis longtemps.

De grandes mobilisations pour la justice et l’égalité ont souvent pris place ici au Québec.

Nous avons besoin de l’appui de tou·tes dans nos luttes pour que le programme de régularisation à venir soit sans exception ni discrimination et qu’il soit continu. C’est une question de justice fondamentale, tout simplement.

La mobilisation pour que les personnes sans papiers aient droit à un statut de résident·es est construite sur le travail d’organisation de groupes migrants, qui luttent ensemble depuis bien longtemps.

Le Comité de femmes sans statut de Solidarité sans frontières, qui a mené des mobilisations inspirantes et posé les bases pour une mobilisation où les femmes sentent leur pouvoir et prennent leur place dans la lutte.

Mexicains unis pour la régularisation, dont faisait partie Carmelo, une des personnes qui a lutté pour la défense des droits des migrant·es et un des acteurs importants qui a mené la mobilisation des Mexicain·es. Il nous a quitté·es il y a deux ans dans un accident. C’est important aujourd’hui de souligner sa contribution à la lutte.

Il y a eu d’autres groupes de migrants au fil du temps qui ont avancé cette lutte en mobilisant une grande partie de la population du Québec. Le Comité des sans statut algériens dans les années 2000 et la Coalition pour arrêter les déportations des réfugié·es palestinien·nes ont fait un important travail en ce sens.

Ces groupes, en luttant pour leur propre dignité et pour la justice, ont bâti de forts réseaux de solidarité.

La mobilisation des personnes sans papiers dure depuis plus de vingt ans.

De petites et de grandes organisations de la société civile ont montré leur solidarité, des syndicats aux groupes de femmes comme la Fédération des femmes du Québec, qui appuient le Statut pour tous depuis 2003. Des groupes de droits humains comme la Ligue des droits et libertés, qui nous soutiennent depuis le tout début. Des organisations issues du secteur de la santé nous soutiennent aussi de tout cœur : Médecins du Monde vient de se joindre à ce volet.

Même des personnes migrantes, elles-mêmes menacées de déportation, ont lutté pour leur cause et aussi fait des appels à la régularisation de toutes les personnes sans papiers. Paula, Ivan Hernandez, Lucie Granadoz, Daniel et Abdul Khader Balouni, sont quelques-un·es de ces héros. Ils et elles ont conscientisé et fait comprendre leur situation à un large public. Ils et elles nous ont montré à quel point le système d’immigration est violent, et ont appelé à la justice et la dignité pour tous.

Depuis la pandémie, il y a eu des mobilisations de masse de personnes migrantes motivées par des enjeux pressants de survie, comme l’accès à un travail décent, à un logement, aux soins de santé et à de quoi bien se nourrir, ainsi que la fin des déportations. Le groupe Debout pour la dignité,en particulier, a mobilisé la communauté haïtienne en plus de populariser des revendications pour nos droits fondamentaux.

Au cours des deux dernières années, il y a eu des mobilisations de tout type, que ce soit des actions créatives, des webinaires et d’autres actions ici à Montréal et Ottawa.

Nous avons besoin de l’appui de tou·tes dans nos luttes.

Solidarité sans frontières est allé à la rencontre des ministres fédéraux à Ottawa l’automne dernier et nous continuons de faire de même avec d’autres élu·es. En ce moment, nous travaillons avec vingt organisations de la société civile, incluant le Centre de travailleurs immigrants, des syndicats, des groupes de droits humains, des juristes, des groupes travaillant en santé et des centres communautaires.

La régularisation pour tou·tes, c’est pour remédier à la situation intenable dans laquelle nous sommes maintenant. Nous voulons que le système change pour que personne d’autre n’ait à vivre ces mêmes situations liées au fait d’être sans statut : des situations de précarité, de violences et d’exploitation économique. Nous voulons la dignité pour tou·tes, avec la liberté de migrer, la liberté de rester et la liberté de retourner.

Nous serons dans les rues jusqu’à ce que tout le monde soit libre et puisse vivre dans la dignité.

Aux gens de Montréal et des environs, joignez-vous à nous le 6 mai à midi à la Place de la Gare-Jean-Talon pour un concert et une manifestation printanière bruyante dans la circonscription du premier ministre Trudeau. Détails de l’événement ici.

Samira Jasmin est militante et porte parole de Solidarité sans frontières.