De faux sacs d'argent couverts de pétrole lors d'une manifestation pour dénoncer les investissements de RBC dans l'industrie fossile, à Montréal le 29 octobre 2021 | Photo : Léa Beaulieu-Kratchanov
Nouvelle

RBC au premier rang mondial du financement fossile en 2022

Plusieurs banques canadiennes sont parmi celles qui ont le plus financé l’industrie des combustibles fossiles l’an dernier dans le monde.

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Les grandes banques ont continué de financer de nouveaux projets d’exploitation des énergies fossiles en 2022, menaçant ainsi les objectifs climatiques à l’échelle mondiale, selon un nouveau rapport. Malgré leur taille relativement modeste, les banques canadiennes continuent d’être parmi celles qui financent le plus l’industrie fossile.

La Banque royale du Canada (RBC) est la banque qui a le plus soutenu l’industrie des combustibles fossiles dans le monde en 2022, octroyant au secteur plus de 42 milliards $ US de financement, selon la dernière compilation de Banking on Climate Chaos.

La banque canadienne occupe le cinquième rang mondial pour le financement de ce secteur depuis 2016, avec près de 254 milliards $ US de financement depuis cette date.

Or, « RBC n’est que la 26e banque mondiale en termes de grosseur de ses actifs : il faut vraiment qu’elle trempe dans le pétrole pour atteindre le top du top », remarque Patrick Bonin, porte-parole en matière de climat chez Greenpeace Canada.

Loin du compte à l’échelle mondiale

Ensemble, les soixante banques observées par le rapport ont maintenant financé les projets d’expansion de l’industrie fossile à hauteur de 5 500 milliards $ US depuis la signature de l’Accord de Paris sur le climat en 2016.

Avec cet accord mondial, les près de 200 pays signataires se sont engagés à limiter le réchauffement climatique à moins de 2 oC, idéalement à 1,5 oC, ce qui exige de réduire de moitié les émissions de gaz à effet de serre (GES) d’ici 2030.

La somme des investissements pour 2022 était de 673 milliards $ US.

Bonne nouvelle : c’est le plus petit total annuel depuis le début de l’étude il y a sept ans. Aussi, pour la première fois, une des banques du palmarès s’est abstenue d’accorder du nouveau financement au secteur fossile, soit la Banque postale.

Cette progression est toutefois loin d’être suffisante pour Patrick Bonin : pour lui, les données montrent surtout que les engagements environnementaux des 59 autres banques ne sont rien de moins que de l’écoblanchiment.

« Ça montre clairement que le secteur ne s’auto-régulera jamais, ou du moins pas assez rapidement pour éviter le pire. Il faut réglementer les grandes institutions financières pour qu’elles fassent partie de la solution et plus du problème », observe-t-il.

Le Canada leader climatique?

Le Canada est d’ailleurs un des pays au monde où l’adoption d’une réglementation empêchant les banques de « mettre de l’huile sur le feu des réchauffements climatiques » est la plus pressante, selon Patrick Bonin.

En effet, deux autres banques canadiennes, la Scotia et la Toronto Dominion (TD) font également partie des dix plus grands bailleurs de fonds de l’industrie fossile de 2022, occupant respectivement le septième et huitième rang, selon l’étude. La Banque de Montréal (13e) et la CIBC (14e) suivent également non loin derrière.

Non seulement les banques canadiennes financent massivement les énergies fossiles, mais elles sont également les championnes du financement de ses formes les plus polluantes, prévient Patrick Bonin. « Les banques canadiennes sont celles qui financent le plus les sables bitumineux dans le monde et RBC est la banque qui finance le plus la fracturation hydraulique », souligne-t-il.

Ces deux formes d’exploitation génèrent beaucoup plus de GES que les méthodes traditionnelles d’extraction du pétrole et du gaz naturel et devraient être les premières à être abandonnées si l’on veut atteindre nos objectifs climatiques, explique Patrick Bonin.

« Au contraire, les banques canadiennes continuent de financer de nouveaux projets, ça ne fait aucun sens. Tant que ça continue, les prétentions du Canada d’être un leader environnemental ne seront pas crédibles », conclut-il.

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