Photo : Bill Mead
Nouvelle

L’économie verte profite davantage aux hommes qu’aux femmes

Les inégalités salariales entre hommes et femmes ainsi qu’entre allochtones et autochtones persistent dans la nouvelle « économie verte » au Canada, largement financée par le gouvernement fédéral.

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Le secteur de l’énergie et des technologies vertes serait légèrement plus paritaire que le reste de l’économie, mais la tendance pourrait s’inverser dans les prochaines années si la situation n’est pas prise en compte, selon une récente analyse. Le nouveau plan fédéral pour une économie verte devrait donc en faire plus pour prévenir les inégalités salariales.

La parité serait loin d’être atteinte dans le secteur de l’énergie et des technologies vertes, selon une analyse de l’Institut climatique du Canada. En 2019, pour chaque dollar gagné par un homme travaillant dans ce secteur, les femmes canadiennes gagnaient seulement 82 sous.

L’écart était le même entre un homme allochtone et un homme autochtone. Il s’élargit d’autant plus pour les femmes autochtones, qui touchaient seulement 75 sous par dollars gagnés par un homme non autochtone.

Même si la situation est meilleure que dans le reste de l’économie, où les femmes gagnaient en moyenne 73 sous par dollar gagné par les hommes, la situation demeure préoccupante, selon Arthur Zhang, auteur de l’analyse.

Et l’écart pourrait encore se creuser. « Le plan de transition [du gouvernement fédéral] prévoit de transposer plusieurs emplois et compétences depuis le secteur de l’énergie fossile vers celui de l’énergie propre dans les prochaines années. Or, ce secteur [fossile] est parmi les plus inégalitaires au pays sur le plan du genre : il y a donc un grand risque de transposer ces inégalités », prévient-il.

Une situation à surveiller

Arthur Zhang prévient toutefois qu’il manque pour l’instant plusieurs données qui seraient nécessaires pour mieux comprendre la façon dont s’articulent concrètement les inégalités dans le secteur de l’économie verte au pays. Par exemple, les données ne permettent pas pour l’instant de déterminer si la différence dans la rémunération est due au type de poste occupé par les femmes ou par des écarts salariaux pour des emplois comparable.

Elles ne permettent pas non plus de mettre en lumière d’autres facteurs de discrimination que ceux utilisés par l’étude, comme les origines à la naissance ou les identités de genre non binaires.

Statistique Canada a d’ailleurs promis de collecter et de fournir des données plus complètes sur le sujet dans les prochaines années, remarque Arthur Zhang.

« Mais ce n’est pas une raison pour attendre pour s’attaquer au problème. Il faut se doter d’un cadre qui nous permettra de nous assurer que l’économie de demain soit réellement juste », conclut-il.

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