Lettre ouverte à Jeffrey Sachs sur sa position sur l’invasion de l’Ukraine par la Russie
Nous publions la traduction d’une lettre ouverte publiée sur le site Web Vox Ukraine. Les hyperliens originaux ont été conservés. Jeffrey Sachs est un économiste américain, qui enseigne à l’Université Columbia. Il est conseiller au secrétaire des Nations unies pour le développement durable. Il a conseillé la « thérapie du choc » lors de la transition de l’économie planifiée de l’Union soviétique vers une économie de marché. Cette thérapie du choc a vu l’appauvrissement important et une diminution de l’espérance de vie de la population russe.
Cher Dr Sachs,
Nous sommes un groupe d’économistes, incluant plusieurs Ukrainien·nes, qui avons été consterné·es par vos déclarations sur la guerre que la Russie livre contre l’Ukraine. Nous nous sentons contraint·es d’écrire cette lettre ouverte pour corriger les faussetés historiques et les erreurs de raisonnement dans votre argumentaire. Suivant vos multiples apparitions sur le talk-show de Vladimir Solvyov, l’un des principaux propagandistes russes (qui n’a pas seulement appelé à effacer des villes ukrainiennes de la surface de la terre, mais aussi à des frappes nucléaires contre des pays de l’OTAN), nous avons relu vos éditoriaux sur votre site Web personnel et nous avons noté plusieurs thèmes récurrents. Dans ce qui suit, nous voulons attirer votre attention sur vos fausses déclarations, ainsi que proposer nos brèves réponses.
Thème #1 : Nier l’agentivité de l’Ukraine
Dans votre article « La nouvelle économie mondiale » du 10 janvier 2023, vous écrivez : « C’était, après tout, la tentative des États-Unis d’élargir l’OTAN à la Géorgie et l’Ukraine qui a déclenché la guerre en Géorgie (en 2010) et en Ukraine (2014 à aujourd’hui). » De manière similaire, dans votre article « Ce que l’Ukraine doit apprendre de l’Afghanistan », publié le 13 février 2023, vous écrivez : « La guerre par procuration en Ukraine a débuté il y a neuf ans lorsque le gouvernement des États-Unis a soutenu le renversement du président ukrainien, Viktor Ianoukovytch. Le péché de Ianoukovyth, du point de vue américain, a été sa tentative de maintenir la neutralité de l’Ukraine malgré le désir des États-Unis d’étendre l’OTAN à l’Ukraine (et la Géorgie). »
Mettons les pendules à l’heure sur les événements historiques de 2013-2014, auxquels vous faites allusion dans les déclarations erronées ci-dessus : l’Euromaïdan n’avait rien à voir avec l’OTAN ni avec les États-Unis. Les manifestations initiales ont été déclenchées par le refus de Ianoukovytch de signer l’Accord d’association entre l’Ukraine et l’Union européenne, malgré le fait que cet accord avait été adopté par une majorité du parlement ukrainien et qu’il jouissait d’un appui étendu dans la population.
Le choix du régime de Ianoukovytch de répondre en réprimant brutalement les manifestant·es pacifiques (surtout des étudiant·es), durant la nuit du 30 novembre 2013, n’a fait qu’aliéner davantage la population et intensifier le mouvement de protestation.
Après l’adoption d’une série de lois interdisant les libertés de la presse et d’association (communément appelées les « lois de la dictature ») par Ianoukovytch en janvier 2014, l’Euromaïdan s’est transformé en un mouvement plus large contre l’abus de pouvoir gouvernemental et la corruption, la brutalité policière et les violations des droits de la personne — ce à quoi nous référons maintenant comme étant la Révolution de la dignité.
L’accession de l’Ukraine à l’OTAN n’a jamais été un but de ce mouvement. Ainsi, votre tentative de faire remonter le début de cette guerre à « l’OTAN » est historiquement inexacte. De plus, traiter l’Ukraine comme un simple pion sur l’échiquier géopolitique des États-Unis est une claque au visage des millions d’Ukrainien·nes qui ont risqué leur vie durant la Révolution de la dignité.
Thème #2 : L’OTAN a provoqué la Russie
Vous insistez à plusieurs reprises sur le fait que l’élargissement de l’OTAN aurait provoqué la Russie (par exemple : « l’OTAN ne devrait pas s’étendre, car cela menace la sécurité de la Russie », extrait de votre entrevue avec Isaac Chotiner du New Yorker du 27 février 2023).
Nous voulons porter quelques faits à votre attention. En 1939, ce sont l’Union soviétique et l’Allemagne nazie qui ont envahi la Pologne. En 1940, c’est l’Union soviétique qui a envahi les pays baltes. En 1940, c’est l’Union soviétique qui a annexé des parties de la Roumanie. En 1956, c’est l’Union soviétique qui a envahi la Hongrie. En 1968, c’est l’Union soviétique qui a envahi la Tchécoslovaquie. La Pologne, l’Estonie, la Lituanie, la Lettonie, la Roumanie, la Hongrie ou la Tchécoslovaquie n’ont pas envahi la Russie ou l’Union soviétique. Aucune menace n’émanait de ces pays. Ces pays ont pourtant été attaqués par l’Union soviétique / la Russie. Voilà pourquoi ces pays voulaient se joindre à l’OTAN. Depuis leur adhésion à l’OTAN, aucun de ces pays n’a été attaqué de nouveau par la Russie.
Tout comme ces pays, l’Ukraine (dont le budget militaire n’était que de 2,9 milliards $ en 2013, avant l’agression russe) veut la sécurité et la paix. Elle ne veut pas être attaquée de nouveau par la Russie (dont le budget militaire en 2013 était de 68 milliards $).
Étant donné que l’accord conclu par l’Ukraine, sa décision de renoncer à ses armes nucléaires en 1994 en échange d’« assurances » de sécurité de la part des États-Unis, du Royaume-Uni et de la Russie (!), n’a rien fait pour empêcher l’agression russe, la seule garantie crédible actuelle est l’adhésion à l’OTAN.
Nous aimerions aussi attirer votre attention sur le fait que la Finlande et la Suède ont soumis leurs candidatures pour être membres de l’OTAN en réponse à l’agression russe, et pourtant la Russie ne s’en est pas plainte. Vous ne semblez pas particulièrement préoccupés par l’adhésion de ces deux pays à l’OTAN non plus.
Ce traitement différentiel de l’Ukraine par rapport à la Finlande ou la Suède légitime la notion de « sphères d’influence », une notion qui semble plus appropriée à l’ère des empires qu’à l’ère moderne.
Thème #3 : Nier l’intégrité souveraine de l’Ukraine
Dans votre entrevue à Democracy Now ! le 6 décembre 2022, vous disiez : « Donc, mon point de vue est que […] la Crimée a été historiquement, et qu’elle sera dans le futur, effectivement, au moins de facto russe ».
Nous aimerions vous rappeler que l’annexion de la Crimée par la Russie en 2014 viole les mémorandums de Budapest (où la Russie promettait de respecter et protéger les frontières ukrainiennes, incluant la Crimée), le traité d’amitié, de coopération et de partenariat entre l’Ukraine et la Fédération de Russie (que la Russie a signée avec l’Ukraine en 1997, avec les mêmes promesses) et, selon la Cour internationale de justice de l’ONU, elle viole la loi internationale.
En tant que membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, la Russie devait protéger la paix, mais elle a plutôt violé le principe fondateur de l’ONU (l’article 2 de la charte de l’ONU : « Les Membres de l’Organisation s’abstiennent, dans leurs relations internationales, de recourir à la menace ou à l’emploi de la force, soit contre l’intégrité territoriale ou l’indépendance politique de tout État, soit de toute autre manière incompatible avec les buts des Nations unies. »)
En effet, toute l’architecture de la sécurité mondiale depuis la Seconde Guerre mondiale repose sur la prémisse que les frontières des pays (quel que soit le contexte historique) ne peuvent être modifiées par la force, afin de préserver la paix, comme l’a souligné l’ambassadeur du Kenya dans son célèbre discours auprès des Nations unies. Si une puissance nucléaire peut annexer un autre pays selon son bon plaisir, aucun pays au monde ne peut se sentir en sécurité.
En insistant sur le fait que la Russie peut garder la Crimée, vous faites l’hypothèse implicite que s’il est permis à la Russie de faire cela, elle laissera le reste de l’Ukraine en paix. Ceci est manifestement faux, car la possession « de facto » de la Crimée par la Russie entre 2014 et 2022 n’a rien fait pour empêcher l’agression actuelle. Le but de Poutine est de « résoudre la question ukrainienne pour de bon », c’est-à-dire, de détruire complètement l’Ukraine et d’annexer son territoire en entier. Donc, en annexant la Crimée, il n’a pas « réparé une injustice historique », mais a simplement préparé un tremplin pour de nouvelles attaques militaires. Ainsi, la restauration du contrôle de l’Ukraine sur l’ensemble de son territoire est cruciale, non seulement pour sa sécurité, mais aussi pour celle de toutes les autres nations (en renforçant la leçon que les agresseurs ne devraient pas s’en tirer avec l’accaparement des terres !).
Vous déclarez que « la Russie n’acceptera jamais l’OTAN en Ukraine ». Pour votre information, la charte des Nations unies met l’emphase sur l’autodétermination des peuples en tant que principe clé. Ce n’est pas à la Russie de décider à quelles alliance ou union l’Ukraine va, ou non, se joindre. L’Ukraine a son propre gouvernement élu démocratiquement (ce n’est pas une dictature, comme en Russie) et ce gouvernement, après avoir consulté le peuple ukrainien, décidera de joindre l’OTAN ou non. De la même manière, les pays de l’OTAN ont le droit de décider pour eux-mêmes qui ils veulent inviter dans leur alliance.
Thème #4 : Promouvoir le plan de paix du Kremlin
Dans l’article susmentionné, « Ce que l’Ukraine doit apprendre de l’Afghanistan », vous écrivez : « Les bases de la paix sont claires. L’Ukraine serait un pays neutre, non affilié à l’OTAN. La Crimée continuerait d’abriter la flotte navale de la mer Noire, comme elle le fait depuis 1783. Une solution pratique serait trouvée pour le Donbass, telle qu’une division territoriale, l’autonomie ou une ligne d’armistice. »
Alors que votre suggestion s’aligne parfaitement avec le discours des propagandistes russes, elle laisse en suspens une question primordiale du point de vue ukrainien : sur la base de quelles preuves avez-vous confiance qu’un belliciste en série, qui a multiplié les déclarations que l’Ukraine n’existe pas, se contentera de la Crimée et du Donbass et ne va pas essayer d’occuper tout le pays ? En attendant que vous trouviez une réponse convaincante à cette question, nous vous prions de bien vouloir vous référer au plan de paix en 10 points proposé par le président Zelensky et fortement appuyé par la population ukrainienne. Régurgiter les « plans de paix » du Kremlin ne fera que prolonger la souffrance du peuple ukrainien.
Écrire en décembre 2021 ou en mars 2022 que, si l’Ukraine offrait à Poutine la Crimée et le Donbass, alors « les combats cesseraient, les troupes russes quitteraient l’Ukraine et la souveraineté de l’Ukraine serait garantie par le Conseil de sécurité de l’ONU et d’autres nations », ce n’est rien d’autre qu’un vœu pieux. Les négociations de paix au début de 2022 ont échoué non pas à cause de l’ingérence des États-Unis, mais parce que la Russie exigeait la capitulation inconditionnelle de l’Ukraine (et l’exige toujours !).
Rappelons que les objectifs de la Russie en Ukraine sont la « démilitarisation et la dénazification ». La signification de cette « dénazification » a été expliquée par l’un des conseillers politiques de Poutine, Timofey Sergeitsev, dans son article « Que devrait faire la Russie avec l’Ukraine ? ».Dans celui-ci, il plaide pour la destruction brutale de la nation ukrainienne, impliquant la mort de millions de personnes et la « rééducation » des autres. Les Russes ont déjà commencé à mettre en œuvre ces plans dans les territoires qu’ils occupent en Ukraine.
Nous vous suggérons de lire le texte de Sergeitsev en entier, mais certains passages expriment bien ce qu’il veut dire : « La dénazification implique inévitablement la dé-ukrainisation — le rejet du gonflage artificiel à grande échelle de la composante ethnique dans l’auto-identification de la population des territoires historiques de Malorossiya et de Novorossiya, qui a été lancée par les autorités soviétiques » ; « la dénazification de l’Ukraine signifie son inévitable déseuropisation » ; « [la dénazification implique] la saisie du matériel éducatif et la prohibition des programmes d’enseignement à tous les niveaux qui contiennent des lignes directrices idéologiques nazies » (dans cet article, Sergeitsev traite de façon répétée les Ukrainien·nes de nazi·es).
Vous ne semblez pas au courant qu’en cohérence avec ce discours, la Russie commet des crimes de guerre affreux tels que documentés par les Nations unies et plusieurs autres. Nous n’arrivons pas à discerner le moindre intérêt véritable pour la paix dans les atrocités en cours.
Nous vous exhortons à réévaluer votre position sur l’intérêt russe pour des pourparlers de paix de bonne foi.
Thème #5 présenter l’Ukraine comme étant un pays divisé
Dans « Ce que l’Ukraine doit apprendre de l’Afghanistan », vous déclarez également que « les États-Unis ont ignoré deux dures réalités politiques en Ukraine. La première est que l’Ukraine est profondément divisée ethniquement et politiquement entre des nationalistes qui détestent la Russie dans l’ouest de l’Ukraine et des Russes ethniques dans l’est de l’Ukraine et la Crimée. »
Cette déclaration fait écho à une technologie politique Russie d’abord appliquée durant les élections présidentielles de 2004 et encore employée par les Russes pour justifier la « dénazification » de l’Ukraine aujourd’hui. Nous vous encourageons à regarder les faits empiriques et l’histoire.
En 1991, toutes les régions de l’Ukraine ont voté pour l’indépendance. Ceci inclut la Crimée.
Selon les données du recensement de 2001 (les dernières données disponibles sur l’ethnicité auto-identifiée en Ukraine), la population ukrainienne constitue une majorité dans toutes les régions de l’Ukraine, sauf la Crimée.
Quand on parle de la Crimée, on devrait se demander pourquoi elle a la composition ethnique qu’elle a. Elle a une majorité russe à cause d’une série de génocides et de déportations, débutant lors de sa toute première occupation par la Russie en 1783 et aussi récemment qu’en 1944 lorsque les Tatars de Crimée ont été déporté·es vers des endroits reculés de l’Union soviétique. La population autochtone de la Crimée a été déportée, tuée et remplacée par des Russes. Une tactique similaire a été utilisée par la Russie durant les génocides d’Ukrainien·nes, par exemple, lors de la grande famine de 1932-33, des Russes sont arrivé·es pour vivre dans les maisons des Ukrainien·nes mort·es de faim. La Russie utilise les mêmes tactiques de remplacement de population aujourd’hui, dans la guerre en cours : elle déporte les populations ukrainiennes, elle adopte de force les enfants ukrainiens ou les « rééduque » après les avoir enlevés de force à leurs familles.
À part le nettoyage d’Ukrainien·nes et d’autres populations autochtones, la Russie a utilisé des stratégies plus « douces », telle que la russification, c’est-à-dire le fait de décourager l’apprentissage et l’usage de la langue ukrainienne dans toutes les sphères. La russification perdure depuis des siècles. Elle passe par des méthodes très diverses : « mélanger » des populations, envoyer les Ukrainien·nes travailler en Russie et envoyer les Russes étudier ou travailler en Ukraine, rendre cela presque impossible pour une personne parlant l’ukrainien d’entrer à l’université, représenter la langue et la culture ukrainienne comme arriérées et inférieures à la « grande culture russe », voler l’héritage culturel ukrainien (par exemple, ce n’est que maintenant que les musées internationaux identifient correctement les artistes ukrainien·nes présenté·es par la Russie comme étant russes, ou les centaines de milliers d’artéfacts pillés des musées ukrainiens depuis 2014 et surtout cette dernière année). Ainsi, les polémiques autour de la langue sont une réponse naturelle aux tentatives historiques de la Russie de réprimer toute restauration des droits de la langue ukrainienne. Malgré cette histoire d’oppression, les Ukrainien·nes sont progressivement passé·es à la langue ukrainienne et l’invasion russe à grande échelle ne fait qu’intensifier ce processus.
Des sondages récents montrent que peu importe la langue ou le lieu, les Ukrainien·nes rejettent en grande majorité (80 %) l’idée de faire des concessions territoriales à la Russie. Les sondages montrent que 85 % des Ukrainien·nes s’identifient avant tout comme citoyen·nes de l’Ukraine, plutôt que résident·es de leur région, représentant·es d’une minorité ethnique ou autre identification. Ceci n’est guère possible dans un pays divisé.
***
En résumé, nous accueillons votre intérêt pour l’Ukraine. Par contre, si votre objectif est d’être aidant et de proposer des solutions concrètes pour mettre fin à la guerre, nous croyons que cet objectif n’est pas atteint. Vos interventions présentent une image déformée de l’origine et des intentions de l’invasion russe, mélangent les faits et les interprétations subjectives et propagent les récits du Kremlin. L’Ukraine n’est pas un pion géopolitique ou une nation divisée, l’Ukraine a le droit de décider de son propre futur, l’Ukraine n’a attaqué aucun pays depuis son indépendance en 1991.
Rien ne justifie la guerre d’agression russe. Un sens moral clair, le respect des lois internationales et une connaissance claire de l’histoire de l’Ukraine devraient être les principes directeurs de toute discussion vers une paix juste.
Cordialement,
Liste originale des signataires :
Bohdan Kukharskyy, City University of New York
Anastassia Fedyk, University of California, Berkeley
Yuriy Gorodnichenko, University of California, Berkeley
Ilona Sologoub, VoxUkraine NGO
Tatyana Deryugina, University of Illinois
Tania Babina, Columbia University
James Hodson, AI for Good Foundation
Tetyana Balyuk, Emory University
Robert Eberhart, Stanford University
Oskar Kowalewski, IESEG School of Management, France
Jerzy Konieczny, Wilfrid Laurier University and International Centre for Economic Analysis
Mishel Ghassibe, CREi, UPF and BSE
Garry Sotnik, Stanford University
Yangbo Du, INNOVO Group of Companies
Stan Veuger, American Enterprise Institute for Public Policy Research
Pavel Kuchar, Department of Political Economy, King’s College London
Moshe Hazan, Tel Aviv University
Fabio Ghironi, University of Washington
Harry Pei, Department of Economics, Northwestern University
Matilde Bombardini, UC Berkeley
Oleg Gredil, Tulane University
Andriy Shkilko, Wilfrid Laurier University
Oleksandra Betliy, Institute for Economic Research and Policy Consulting
Santiago Sanchez-Pages, King’s College London
Vadim Elenev, Johns Hopkins University
Dariia Mykhailyshyna, University of Bologna
Valeria Fedyk, London Business School
Grigory Franguridi, University of Southern California
Andrii Bilovusiak, London School of Economics
Ioannis Kospentaris, Virginia Commonwealth University
Benjamin Moll, London School of Economics
Lubo Litov, Price College of Business, OU
Pavel Bacherikov, UC Berkeley Haas
Robert Scott Richards, Managing Director, CrossBoundary
Samuel C. Ramer, History Department, Tulane University
Olena Ogrokhina, Lafayette College
Michael Landesmann, The Vienna Institute for International Economic Studies
Matthew Holian, San Jose State University
Petra Sinagl, University of Iowa
Jeanine Miklos-Thal, University of Rochester
Wojciech Kopczuk, Columbia University
Jonathan Meer, Texas A&M University
Tetiana Bogdan, Academy of Financial Management by the Ministry of Finance of Ukraine
Mats Marcusson, Retired EC official
Alminas Zaldokas, HKUST
Christian R. Proaño, University of Bamberg, Germany
Michael Weber, University of Chicago
Daniel Spiro, Uppsala University
Hlib Vyshlinsky, Centre for Economic Strategy
Martin Labaj, University of Economics in Bratislava
Jacques Crémer, Toulouse School of Economics
Marc Fleurbaey, Paris School of Economics
Dmitriy Sergeyev, Bocconi University
Oleksandra Moskalenko, London School of Economics and Political Sciences
Olga Pindyuk, Vienna Institute for International Economic Studies
Swapnil Singh, Bank of Lithuania
Yevhenii Usenko, Massachusetts Institute of Technology
Oleksandr Vostriakov, Kyiv National Economic University named after Vadym Hetman
Julian Reif, University of Illinois
Ernst Maug, University of Mannheim
Olga Shurchkov, Wellesley College
Vladimir Dubrovskiy, CASE Ukraine
Niko Jaakkola, University of Bologna
Anders Olofsgård, SITE/Stockholm School of Economics
Leonid Krasnozhon, Loyola University New Orleans
Jesper Roine, Stockholm Institute of Transition Economics, SSE
Krassen Stanchev, Sofia University and Institute for Market Economics
Brendan O’Flaherty, Columbia University
Samuel Rosen, Temple University
Francois Joinneau, “Entrepreneurs for Ukraine”/Tuvalu 51
Torbjörn Becker, Director of the Stockholm Institute of Transition Economics
Maria Perrotta Berlin, SITE, Stockholm School of Economics
Oleksiy Kryvtsov
Inna Semenets-Orlova, Interregional Academy of Personnel Management
Denis de Crombrugghe, Nazarbayev University
Olena Mykolenko, VN Kharkiv National University
Solomiya Shpak, Kyiv School of Economics
Oleksandr Talavera, University of Birmingham
Kevin Berry, University of Alaska Anchorage
Denys Bondar, Tulane University
Kálmán Mizsei
Artur Doshchyn, University of Oxford
Robert Östling, Stockholm School of Economics
Oleksandr Petryk
Vera Kichanova, King’s College London
Mariia Panga, George Mason University
Oleg Itskhoki, UCLA
Lina Zadorozhnia, Kyiv School of Economics
Dominic Lusinchi, UC Berkeley Extension, instructor (retired)
John S. Earle, George Mason University
Scott Gehlbach, University of Chicago
Konstantin Sonin, University of Chicago
Olena Havrylchyk, University Paris 1 Pantheon-Sorbonne
Floyd Zhang, Instacart (previously Stanford)
David Zaikin, Founder of Ukraine Momentum, CEO of Key Elements Group.
Piroska Nagy-Mohacsi, London School of Economics and Political Science (LSE)
Szymon Sacher, Columbia University
Iikka Korhonen, Bank of Finland
Sebastian Buhai, SOFI at Stockholm University
Sergei Guriev, Sciences Po, Paris
Gerard Roland, UC Berkeley
Daniel Ershov, University College London School of Management
Denis Ivanov, Corvinus University of Budapest
Jacob Funk Kirkegaard, Peterson Institute For International Economics
Alexander Rodnyansky, University of Cambridge
Aleksandr Kljucnikov, European Centre for Business Research, Pan-European University, Czechia
Rohan Dutta, McGill University
Nataliia Frantova
Rok Spruk, University of Ljubljana
Bohdan Slavko, JPMorgan Chase & Co.
Oleksandr Shepotylo, Aston University
Andrew Kosenko, Marist College
Bart Lipman, Boston University
Yang Xie, University of California, Riverside
James S. Henry, Global Justice Fellow and Lecturer, Yale University
Jan Fidrmuc, Université de Lille
Michal Zator, University of Notre Dame
Nina Baranchuk, University of Texas at Dallas
Jonathan Schulz, George Mason University
Jakub Steiner, Cerge-Ei and Zurich U
Sergey V. Popov, Cardiff University
Heski Bar-Isaac, University of Toronto
Evan Sadler, Columbia University
Christoph Kronenberg, University Duisburg-Essen
Bart Edes, Professor of Practice, McGill University
Lucan Way, University of Toronto
Jerg Gutmann, University of Hamburg
Andy Semotiuk, President – Centre for Eastern European Democaracy
Hanna Vakhitova, Kyiv School of Economics / Syddansk Universitet
Pedro Romero-Aleman, Universidad San Francisco de Quito
Michał Białek, University of Wrocław
James S. Henry, Global Justice Fellow and Lecturer, Yale University
Nik Gabrovšek,
Rudi Bachmann, University of Notre Dame
Alexander Karaivanov, Simon Fraser University
Aniol Llorente-Saguer, Queen Mary University of London
Hanna Onyshchenko, PhD candidate, University of Michigan
Olivier Coibion, University of Texas at Austin
Tomasz Mickiewicz, Aston University, Birmingham, UK
Andriy Tsapin, National bank of Ukraine
Daniel Heyen, RPTU Kaiserslautern-Landau
Andrey Fradkin, Boston University
Charles Wyplosz, The Graduate Institute, Geneva
Antonio Mele, London School of Economics
Tymofiy Mylovanov, Kyiv School of Economics
Andrii Parkhomenko, University of Southern California
George Loginov, Augustana University
Chris Doucouliagos, Deakin University
Vlad Mykhnenko, Sustainable Urban Development Programme, University of Oxford, UK
Kjeld Schmidt, Copenhagen Business School
Eric Chaney, Institut Montaigne
Ilya Shpitser, Johns Hopkins University
Taras Wolczuk, London School of Economics
Harry de Gorter, Cornell University
Clemens Buchen, WHU-Otto Beisheim School of Management, Vallendar, Germany
Piotr Arak, Polish Economic Institute
Greg Wright, UC Merced
Mitja Steinbacher, Faculty of law and business studies, Catholic Institute
Karl T. Muth, Booth School of Business, The University of Chicago
Pedro Bento, Texas A&M University
Danilo Guaitoli, New York University
Rick Della
Alex Eble, Columbia University
Michael Tedesco, Ohio University
Victoria Malko, History Department, California State University, Fresno
Carlos Gomez-Lopez, HSBC
James S. Henry, Managing Director, Sag Harbor Group
Chris Doucouliagos, Deakin University
Reuben Kline, Stony Brook University
Daron Acemoglu, MIT
Martin Kahanec, Central European University, CELSI and EUBA
Vadim Marmer, University of British Columbia
James S. Henry, Managing Director, Sag Harbor Group
Germà Bel, Universitat de Barcelona
Marcel Smolka, University of Flensburg
Anton Sukach
Christopher A. Hartwell, Zurich University of Applied Science
Adrien Couturier, LSE
Vladimir Novak, National Bank of Slovakia
Yuki Takahashi, European University Institute
Philippe Gabriel, Avignon Université et Laboratoire interdisciplinaire de recherche en didactique éducation et formation
Pauric Brophy, GDSI Limited, Galway, Ireland
Mark V. Pauly, University of Pennsylvania
Garance Genicot, Georgetown university
Vitaly Radsky, UNC Chapel Hill
Rune Jansen Hagen, University of Bergen
Olena Ivus, Queen’s University
Lars Handrich, DIW Econ, Berlin/Germany
Ekaterina Zhuravskaya, Paris School of Economics
Laszlo Halpern, Institute of Economics, Budapest
Nicolas Gavoille, Stockholm School of Economics in Riga
Lyubov Zhyznomirska, Associate Professor, Department of Political Science, Saint Mary’s University (Canada)
Alex Krumer, Molde University College
Adrian Ivakhiv, University of Vermont
Michael Spagat, Royal Holloway University of London
Cathy Schneider, American University School of International Service
Matthew Pauly, Michigan State University
Florin Bilbiie, University of Cambridge
Irwin Collier, Freie Universität Berlin (ret.)
Andrzej Skrzypacz, Stanford
Timur Kuran, Duke University
Athena Small, University of Virginia
Lena Edlund, Columbia University
Serhii Abramenko, EIEF
Mauricio Drelichman, University of British Columbia
Raymond Riezman, Aarhus University
Igor Masten, University of Ljubljana, School of Economics and Business
Joseph Steinberg, University of Toronto
Hans-Joachim Voth, University of Zurich
Edgar Morgenroth, Dublin City University
Vitaliy Ryabinin, Imperial College London
Anna Nagurney, University of Massachusetts Amherst
Serhiy Stepanchuk, University of Southampton
Piotr Zoch, University of Warsaw and FAME | GRAPE
Colin Rowat, University of Birmingham
Jim Leitzel, University of Chicago
Yevgenii Tymovskyi, Student
William Szuch, UkeTube – Ukrainian Video
Ole Agersnap, Princeton University
Clara E. Dismuke-Greer, Health Economics Resource Center, VA Palo Alto Health Care System
Rick Harbaugh, Indiana University
Margarete Biallas
David Jaeger, University of St Andrews
Germán Gieczewski, Princeton University
Jana Kunicova
Lee Ohanian, UCLA
Andy Zapechelnyuk, University of Edinburgh
Mark E. Schaffer, Heriot-Watt University
Jacopo Mazza, Utrecht University School of Economics
Silvester van Koten, University of Jan Evangelista in Ústí nad Labem (UJEP)
Tetiana Albrecht, Student of MA in Security and Diplomacy, Tel Aviv University
Artem Korzhenevych, TU Dresden, Germany
Paul Klein, Stockholm University
Philip Ushchev, Universite Libre de Bruxelles
Julia Korosteleva, Professor in Business Economics
Giovanni Caggiano, University of Padua
Sergey Alexeev, The University of Sydney
Pawel Bukowski, University College London
Fabian Lange, McGill University
Paul De Grauwe, London School of Economics
Lorenz Kueng, University of Lugano
Andrei Belyi, University of Eastern Finland
Louis Furmanski, University of Central Okalhoma
Maxim Mironov, IE Business school
Benjamin Hilgenstock, KSE Institute
Elina Ribakova
Elodie Douarin, UCL SSEES
Gabriel Lee, University of Regensburg, Germany
Iryna Stewen, University of Mainz and University of Zurich
David Lambert
Ewa Karwowski, King’s College London
Roman Sheremeta, American University Kyiv
Paul Terdal, Portland-Lviv Sister City Association
Dmytro Hryshko, University of Alberta
Anders Aslund, Stockholm Free World Forum
Tomislav Ladika, Associate Professor of Finance
Iryna Franko
Volodymyr Bilotkach, Purdue University
Daniel Philpott, University of Notre Dame
Ian Gaunt, International Arbitrator
Olha Krupa, Seattle University
Olga Slivko, Rotterdam School of Management, Erasmus University
Xavier Jaravel, London School of Economics