L’action climatique, l’espoir de l’humanité

Bien sûr, je pourrais, une fois encore, vous parler des conclusions plus alarmantes que jamais du rapport-synthèse du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) de l’ONU, publié ce 20 mars. Partant du principe que vous en êtes déjà assez informé·es, j’ose plutôt prendre ma plume pour vous parler d’espoir.

De cet espoir, si vivifiant, qu’on puisse être capable, collectivement, de relever le défi climatique.

Je ne tairai évidemment pas la gravité de la situation. La ligne est claire : cette décennie décidera si on entre dans le chaos climatique devant nous ou si on s’en éloigne. Cette décennie. Autrement dit, sont en jeu autant nos actions d’aujourd’hui que nos rêves pour demain.

La bonne nouvelle de ce rapport – oui, il y en a une – est indiquée noir sur blanc dès le début du communiqué de presse du GIEC (lisez-le, cela vaut la peine) : « nous disposons de plusieurs solutions réalistes et efficaces pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et pour nous adapter au changement climatique d’origine humaine – et ces solutions sont aujourd’hui à portée de main ».

Nous avons des solutions, elles existent, là, tout de suite. Ne reste qu’à les adopter et à les mettre en pratique, individuellement et, surtout, collectivement.

Et si, plutôt que d’imaginer une montagne insurmontable, on voyait plutôt une occasion grandiose pour l’humanité, à la hauteur de la conquête de l’espace et de la découverte d’Internet?

Il y a, évidemment, les solutions technologiques qui font partie de l’équation, au même titre que les solutions pour adopter un mode de vie et une économie qui respectent ce que la planète est capable de nous offrir (et c’est déjà beaucoup!).

Et si, plutôt que d’imaginer une montagne insurmontable, on voyait plutôt une occasion grandiose pour l’humanité, à la hauteur de la conquête de l’espace et de la découverte d’Internet? Et si nos générations actuelles étaient celles qui accomplissaient le grand exploit de recréer une symbiose entre l’environnement et toutes les espèces vivantes?

Il faut être un peu fou pour y croire, pas vrai? Au moins aussi fou qu’imaginer envoyer un être humain sur la Lune ou faire communiquer en temps réel un·e habitant·e du Québec avec un·e habitant·e de l’Australie.

Reprendre son souffle

Je comprends l’essoufflement de toutes et tous : citoyen·nes engagé·es, travailleurs et travailleuses vertueux·ses, responsables politiques conscientisé·es et militant·es persévérant·es.

La pandémie a mis un arrêt brutal à un mouvement mondial bien enclenché.

Mais demandez-vous qui, en 2018, aurait pu prédire que l’adolescente Greta Thunberg ferait lever les foules? Alors, qui, à présent, peut prédire quand et comment le prochain mouvement se mettra en marche. Demain? Dans un mois? L’année prochaine?

Ce qui est certain, c’est que tous ceux et celles qui, comme vous et moi, ont décidé de crier haut et fort que c’en est assez d’utiliser la nature comme poubelle sont encore là aujourd’hui. Chez vous, dans votre voisinage, dans votre ville.

La lutte pour une planète viable est un marathon et nous devons absolument trouver notre deuxième souffle pour le sprint final.

« Nous disposons de plusieurs solutions réalistes et efficaces pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et pour nous adapter au changement climatique d’origine humaine – et ces solutions sont aujourd’hui à portée de main. »

Le GIEC

Depuis les gigantesques Marches pour le climat, la conscientisation a continué de croître. Depuis lors, il y a eu davantage de couverture médiatique, davantage d’actions politiques, davantage de budget et davantage de solutions testées.

On est rendu plus loin, dans la compréhension des enjeux et des solutions. On est rendu tellement loin que, lundi passé, le GIEC nous a dit : les solutions existent.

Dans la sphère de l’espoir, je garde une place de choix pour les bonnes nouvelles à venir. Après tout, lorsque nous commencerons sérieusement à soigner la Terre, peut-être découvrirons-nous que des milieux naturels récupèrent rapidement? Ou que des espèces se rétablissent bien? Quand on sait dorénavant que des baleines ont un impact positif sur le climat, allez savoir quelles boucles vertueuses nous allons enclencher.

Participer à la collaboration

Ce qui doit embarquer dans la course, à présent, c’est le niveau collectif, politique. Peut-être avez-vous expérimenté les limites de l’action individuelle. Bien qu’elle soit nécessaire, elle n’est pas suffisante : il est à présent important que nous disposions aussi d’un plan collectif ambitieux qui s’appuie sur les solutions prouvées par la science.

La collaboration est une grande valeur de l’humanité. Il suffit d’écouter les nouvelles pour s’en rendre compte : lorsqu’un drame survient, combien de personnes viennent spontanément en aide? Combien d’actes de soutien de la part de parfait·es inconnu·es? Combien de héro·ïnes ordinaires se démarquent chaque jour?

Notre ère individualiste nous fait croire qu’on est seul, alors que nous avons toujours été ensemble.

La volonté politique est notre pouvoir collectif et c’est certainement la dernière étape qui nous donnera l’énergie de finir notre marathon.

J’admets volontiers que cela peut être difficile de ne pas tomber dans le cynisme. Personnellement, j’ai tant de mal à ne pas prendre l’avion qui me permet de voir ma famille… alors qu’encore cet hiver, plus de 100 000 vols fantômes (des avions sans passagers) survolaient le ciel européen pour garantir aux compagnies aériennes leurs créneaux horaires.

Dit autrement, cela signifie que nous étions à une décision politique courageuse de retirer instantanément 100 000 avions du ciel. Un score dur à égaler à coup de décisions individuelles.

La volonté politique est notre pouvoir collectif et c’est certainement la dernière étape qui nous donnera l’énergie de finir notre marathon. C’est aussi celle qui aura l’impact le plus remarquable : imaginez donc si on augmentait de 1000 % la flotte du transport en commun, par exemple en surtaxant effrontément les voyages en jets privés.

Si les solutions existent, il manque « juste » la volonté politique pour les mettre en œuvre. Cette volonté politique naît de vos choix aux élections, mais aussi de vos questions, discussions et implications dans l’espace public en faveur de l’environnement.

Peut-être est-ce cela, le plus grand des petits gestes que vous pouvez encore accomplir?