« Statut pour tous et toutes » : des sans-papiers font une nuit blanche dehors pour presser le fédéral
À l’approche de la mise en place d’un programme fédéral de régularisation, plusieurs personnes sans statut dénoncent un système qui les exclut.
« C’est votre chance, monsieur Trudeau, de faire ce que votre père a déjà fait : réaliser le rêve de milliers de personnes sans statut au Canada, de vivre librement et dignement », dénonce la porte-parole de Solidarité sans frontières, Samira Jasmin.
Elle prenait la parole à l’occasion de la Nuit des sans-papiers, dans la nuit de samedi le 18 au dimanche 19 mars. Des personnes sans statut campaient devant le complexe Guy-Favreau, à Montréal, où se trouve la Commission du statut de réfugié du Canada.
Solidarité sans frontières réclame à Ottawa que la résidence permanente soit accessible à toutes les personnes sans statut, que le futur programme de régularisation soit « complet et sans discrimination ».
« Comme nous le savons, dans les prochains jours, le gouvernement fédéral veut régulariser les sans-papiers. Donc nous sommes là pour faire pression, pour montrer notre présence, pour montrer que les sans-papiers, ici, souffrent », explique Yonnel Destin, porte-parole de Solidarité sans frontières.
Il explique notamment que pour les personnes sans statut, beaucoup de droits passent à la trappe, comme l’accès à des soins de santé. « Vous imaginez quelqu’un qui souffre, qui est malade, qui n’a pas accès aux hôpitaux ici? C’est vraiment pitoyable, c’est une situation très précaire. »
Diallo Mamadou, sans statut, n’a pas vu sa femme et ses enfants depuis 20 ans. Il raconte aussi être resté 18 jours sans soins avec les deux bras cassés, faute de statut.
« Je vis dans la précarité totale et exploité. Je peux parler ici jusqu’à demain, mais je ne pourrai pas vous expliquer toutes les difficultés qu’on rencontre », dit-il.
« Au travail, je vois des femmes à plus de 5, 6 ou 7 mois de grossesse qui n’ont jamais vu de docteur, juste parce qu’elles n’ont pas de statut », ajoute Aboubacar Kan, pair migrants chez Médecins du monde.
Aboubacar est aussi sans statut et demande que le plan de régularisation inclue toutes les personnes comme lui.
« Moi, je me considère un peu plus chanceux, parce qu’au moins je suis avec ma famille, mes camarades. On se serre les coudes, on s’entraide, mais il y a d’autres personnes qui n’ont pas cette chance-là, qui sont vraiment dans leur coin et souffrent en silence », conclut-il.