Logements situés sur la 112e avenue à Drummondville, récemment acquis par l'OBNL SOLIDES | Photo : SOLIDES
Nouvelle

363 logements échapperont à la spéculation à Drummondville

Un OBNL d’habitation fait une acquisition majeure pour protéger le logement abordable dans la ville du Centre-du-Québec.

La Société locative d’investissement et de développement social (SOLIDES) vient d’acquérir un grand parc immobilier à Drummondville. Un achat qui permet à l’organisme de faire un contrepoids à la spéculation immobilière en étendant son action en dehors de la région de Montréal.

Les 265 logements résidentiels, 98 logements étudiants et 41 locaux commerciaux qui appartenaient à Boissonneault Groupe immobilier (BGI) passent aux mains de l’OBNL d’habitation SOLIDES. L’organisme qui œuvre principalement dans la région de Montréal étend donc son action hors de la métropole et fait passer le parc de logement sous son aile de 695 à 1101 logements.

« On a fait ça autant pour des raisons égoïstes qu’altruistes », blague le directeur général de SOLIDES, François Giguère. « En raison des prix complètement loufoques de la région de Montréal, ça fait dix ans qu’on achète des immeubles en sachant qu’ils vont être déficitaires, parce qu’on n’augmente pas les loyers pour compenser les coûts d’acquisition », poursuit-il.

Lorsque s’est présentée l’occasion d’acheter le parc de logement de Drummondville, l’organisme a donc saisi la balle au bond pour acquérir ces habitations à un prix moindre qu’il en aurait coûté à Montréal.

Loyers gardés bas

 « C’est un groupe de logements qui avaient été gardés abordables [685 $ par mois en moyenne] par l’entreprise familiale qui la gérait, c’est ce qu’on veut protéger », explique le directeur de SOLIDES. Les locataires des logements acquis par SOLIDES pourront donc s’attendre à voir des augmentations de loyer sous la moyenne dans les prochaines années, ce qui assure de garder ou de rendre les loyers abordables.

« Ça prouve que ce ne sont pas juste les promoteurs qui peuvent acquérir de grands lots de logements. »

Elie Gravel, GRT Rive-Sud

De plus, il s’agit en général de grands logements à plusieurs chambres et plusieurs sont munis d’ascenseurs, ce qui convient à la fois aux familles et aux personnes âgées ou à mobilité réduite, remarque-t-il.

« Souvent, pour les locataires, la grande différence qu’ils voient, c’est qu’on applique des règlements d’immeubles et qu’on est là pour l’entretien, qu’on règle les problèmes et qu’on répare les choses », explique encore François Giguère.

Il rappelle que Drummondville est loin d’être immunisée contre les effets négatifs de la spéculation et des pratiques douteuses des grands propriétaires comme Jean-François Houle, qui cherchent à augmenter abusivement les loyers. « Nous, ce qu’on fait, au fond, c’est protéger les gens de tels propriétaires », explique François Giguère.

Emplois protégés

Pour assurer les services d’entretien, les employés de BGI rejoindront SOLIDES et pourront ainsi conserver leur emploi, leur ancienneté et leurs conditions de travail, explique François Giguère. De nouveaux postes pourraient aussi être créés à court terme.

« Souvent, la grande différence pour les locataires, c’est qu’on est là pour l’entretien, qu’on règle les problèmes et qu’on répare les choses. »

François Giguère, SOLIDES

« C’était important pour nous d’avoir des gens sur place pour ne pas avoir à gérer à distance et les employés ont déjà prouvé leur dévouement aux locataires en plus d’avoir de bonnes pratiques », remarque le directeur.

Locaux commerciaux pour le communautaire… et le milieu de vie?

L’acquisition des locaux commerciaux de BGI, une condition à la vente, éloigne l’organisme de sa mission habituelle, concède François Giguère. Mais pas tout à fait : « nous allons respecter les baux actuels et les entrepreneurs qui souhaitent rester pourront le faire aussi longtemps qu’ils le veulent, mais on espère pouvoir progressivement fournir ces locaux à des organismes communautaires pour des prix modiques », explique-t-il.

L’édifice Saint-Pierre, sur la rue du même nom | Photo : SOLIDES

De plus, un des immeubles vient avec un gigantesque stationnement situé dans un quartier résidentiel, qui pourra être reconverti pour mieux satisfaire les besoins de la communauté. « Est-ce qu’on peut en faire un CPE, un jardin communautaire ou une mini forêt? Nous allons voir avec la municipalité et les gens qui habitent autour pour voir ce qui convient le mieux à leurs besoins. »

Combattre les spéculateurs sur leur terrain

« Ce qui est génial avec ce projet, c’est qu’il permet de montrer aux vendeurs qu’un OBNL peut être un partenaire intéressant. Ça prouve que ce ne sont pas juste les promoteurs qui peuvent acquérir de grands lots de logements », explique Elie Gravel, directeur général du Groupe de ressources techniques (GRT) de la Rive-Sud, qui a aidé SOLIDES à mener à bien le projet.

Pour lui, ce type de projet offre l’avantage de pouvoir aider rapidement ceux qui en ont besoin, sans avoir besoin d’aide gouvernementale. Une flexibilité qui donne un avantage indéniable alors que le gouvernement provincial tend plutôt à se désengager de l’offre de logement social et communautaire, conclut-il.

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