Le Mile End se mobilise autour de l’entrepôt Van Horne

La proposition d’y installer un hôtel, des boutiques et des bureaux ne répond pas aux besoins du quartier, selon des intervenants communautaires.

Après que les détails d’une proposition de réaménagement pour l’ancien entrepôt Van Horne ont été publiés par l’arrondissement, la population du Mile End se prononce sur le projet – et surtout sur le manque de services dédiés à la communauté. Des idées alternatives émergent déjà : locaux communautaires, ateliers d’artistes, jardins urbains…

Une proposition de réaménagement de l’iconique entrepôt situé au 1, avenue Van Horne attire l’attention de plusieurs Milendois·es, craintif·ves d’une accélération de l’embourgeoisement auquel le quartier fait déjà face.

Ce projet de redéveloppement proposé par le propriétaire et promoteur Rester Management inclurait un hôtel, des commerces et restaurants, des bureaux, et une terrasse au toit. Le design serait fait par l’Atelier Zébulon Perron, maître d’œuvre du restaurant MARCUS au Four Seasons Montréal et de l’hôtel Le Germain.

Les intervenant·es communautaires revendiquent un projet qui s’oriente plus vers les besoins des Montréalais·es et les résident·es actuel·les de ce quartier.

« Ce n’est pas très difficile de voir comment un hôtel et des bureaux de luxe, dans la réalité du travail post-pandémique, ne répondent pas aux besoins des Montréalais·es », explique Stéphanie Bourbeau, citoyenne milendoise et co-fondatrice de Mile End Ensemble, le groupe qui s’est mobilisé avec succès contre l’éviction de la librairie S.W. Welch en 2021.

« Ce qu’on entend en ce moment, c’est sûr que c’est la crainte de perdre le bâtiment en tant que tel », dit Marie Plourde, conseillère d’arrondissement du Plateau-Mont-Royal et présidente du Comité consultatif d’urbanisme, qui évalue le projet. « C’est la crainte que ça devienne un objet qui ne corresponde pas à la personnalité et aux valeurs du quartier. »

Image promotionnelle du projet de redéveloppement de l’entrepôt Van Horne | Image : Rester Management / Ville de Montréal

Stéphanie Bourbeau rapporte que le Comité des citoyens du Mile End (CCME) dont elle fait partie suit ce dossier depuis bien avant la sortie du projet proposé en janvier.

L’arrondissement du Plateau-Mont-Royal a récemment publié les détails du projet et invite les citoyen·nes à se prononcer par un sondage en ligne étant donné que le projet nécessiterait un changement de zonage et une dérogation de hauteur.

Imaginer autrement

Les détails maintenant en main, le secteur communautaire commence à se mobiliser, en débutant avec l’élaboration de propositions alternatives qui pourraient mieux combler les besoins du quartier.

« On ne veut surtout pas juste s’opposer pour s’opposer, ou proposer des choses qui sont impossibles, dit Mme Bourbeau. On veut proposer quelque chose de positif, encourageant, mais qui est réaliste. »

Le Comité des citoyens du Mile End organise un événement public le 15 mars, une célébration du bâtiment historique et une occasion pour les citoyen·nes de discuter de ce qu’elles et ils aimeraient voir dans une revitalisation éventuelle.

S’il n’y a pas encore de proposition alternative concrète, plusieurs suggestions ont déjà été mises de l’avant.

Étant donné la proximité du 1, avenue Van Horne avec le chemin de fer, une réglementation fédérale mise en place à la suite du désastre de Lac-Mégantic empêche la transformation de l’ancien entrepôt en logements, une réglementation qui ne s’applique pas aux hôtels. En pleine crise du logement, qui n’épargne surtout pas le Mile End, le 1, avenue Van Horne n’offre donc pas de solution pour les locataires qui font face aux rénovictions et hausses de loyers.

« On veut proposer quelque chose de positif, encourageant, mais qui est réaliste. »

Stéphanie Bourbeau, Mile End Ensemble

« Mais les organismes communautaires vivent les mêmes phénomènes d’éviction que les locataires, ils sont eux aussi victimes de la crise du logement. Ils ont beaucoup de peine à se relocaliser pour offrir leurs services, souvent des services essentiels, parfois même de première ligne à la population. »

Mme Bourbeau explique que des locaux pour ces organismes communautaires sont en forte demande, ce qui pourrait être comblé par ce projet de redéveloppement.

D’autres suggestions mises de l’avant par les citoyen·nes sont des locaux pour artistes, des ateliers d’outils et de réparation de vélo, et un espace d’agriculture urbaine.

Quant à l’hôtel proposé, « s’il y avait des chambres à louer, mais en mode auberge de jeunesse, on ne verrait pas les gens grimper aux rideaux de la même façon », dit Mme Bourbeau.

Bien que la population soit ouverte à un usage mixte qui bénéficierait à la fois à la communauté et au promoteur, l’idée d’un hôtel avec des chambres plus chères encore que les Airbnb qui exacerbent déjà la crise du logement, ça, c’est inacceptable, affirme Mme Bourbeau.

Un projet appelé à évoluer

« Les gens ne sont pas contre tout projet de transformation. Tout le monde est ouvert à un compromis, à réfléchir ensemble à ce qui est réellement possible sans abandonner les besoins des Montréalais·es. »

Une fois le sondage public de l’arrondissement terminé le 12 février, un rapport sera rédigé et partager avec la population et le promoteur. Ce dernier aura la chance de modifier sa proposition selon les commentaires reçus avant de retourner vers l’arrondissement avec une proposition de projet mis à jour. Le sondage est accessible ici.

« C’est une démarche qui vise à faire cheminer autant le requérant que les différents intervenants », dit la conseillère Marie Plourde. « Il faut que le projet s’intègre aux valeurs déjà existantes du quartier. »

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