Le Québec va-t-il aussi repousser l’âge de la retraite?

Une réforme du système des retraites va être discutée au Québec ce mois-ci. Et certain·es voudraient retarder l’âge de la retraite, comme on a vu en France récemment. On vous explique ce qu’il en est du système actuel et ce qui pourrait lui arriver.

Vous en avez peut-être entendu parler, mais une réforme des retraites a secoué la France ces dernières semaines. Des millions de manifestant·es se sont soulevé·es dans les rues pour protester contre le rehaussement de l’âge minimal pour toucher la retraite. Même si le système québécois est différent, le but de Retraite Québec en 2023 semble similaire : rehausser l’âge minimal pour prendre sa retraite.

Qu’est-ce que le système par capitalisation?

Tout d’abord, la retraite, ça ne concerne pas que les plus vieux, contrairement à ce que vous pensez : ça nous concerne tous et toutes, parce qu’on y contribue presque toute notre vie.

Le système québécois fonctionne par capitalisation, c’est-à-dire que le Régime des rentes du Québec (RRQ) est financé par les cotisations des travailleur·euses. Vous y cotisez obligatoirement si vous avez 18 ans et plus, que vous travaillez et que vos revenus de travail annuels sont supérieurs à ​3 500 $.

Il faut ensuite attendre 60 ans pour pouvoir toucher la rente accumulée, mais l’argent que vous toucherez sera moindre si la retraite est prise avant 65 ans. En effet, si vous partiez en retraite à 60 ans, vous perdriez mensuellement 36 % par rapport à la pleine rente à 65 ans, et ce, pour le reste de votre vie.

La réforme discutée

Tous les six ans, des consultations publiques sont menées pour discuter de l’avenir du RRQ. Cette année, le Retraite Québec abordera avec le gouvernement des idées explosives : le rehaussement de l’âge minimal pour toucher la rente, ainsi qu’une augmentation des pénalités.

En effet, parmi les propositions abordées, il y aura la hausse de l’âge minimal pour recevoir la rente de 60 à 62 ans, ou même à 65 ans. Une autre option envisagée par Retraite Québec augmenterait la pénalité financière déjà existante pour ceux et celles qui décident de toucher la rente avant 65 ans.

Pourquoi ces propositions sont-elles amenées?

Contrairement au cas de la France qui utilise principalement l’argument d’un manque d’argent dans la banque des retraites, pour le Québec, ce n’est pas du tout le cas. L’argument premier est de garder les aîné·es au travail plus longtemps, sous prétexte de mieux assurer leur « santé financière » et aussi de réagir à la pénurie de main-d’œuvre.

Quel impact et pour qui?

Cette mesure pourrait impacter gravement les personnes qui doivent cesser de travailler avant l’âge de 65 ans à cause de la pénibilité de leur travail ou à cause de problèmes de santé.

Cette possible réforme toucherait alors les personnes les plus pauvres, qui sont aussi souvent des personnes avec une espérance de vie plus faible due aux conditions de travail plus pénibles. Elles devraient alors choisir entre une bonne rente et une retraite plus longue et en meilleure santé.

D’autres solutions?

Beaucoup d’autres solutions pourraient être amenées du côté du gouvernement, plutôt que de réformer le système de retraite. Notamment augmenter le salaire minimum permettrait d’augmenter les montants accumulés par les travailleur·euses les moins riches en vue de leur santé financière à la retraite. Cela aiderait aussi à attirer des gens de tous les âges pour remplir les emplois dont personne ne veut actuellement.

Du côté du RRQ, ça pourrait passer par rendre les cotisations au RRQ optionnelles pour les salarié·es âgé·es de 65 ans, pour leur offrir un avantage s’ils et elles continuent de travailler plus longtemps. C’est d’ailleurs ce qu’avait proposé François Legault lors de sa dernière campagne électorale.

Il faudra attendre au courant du mois de février pour les consultations sur les propositions faites par Retraite Québec.