
Les cibles de la COP15 menacées par l’industrie minière en Abitibi
En Abitibi-Témiscamingue, la superficie des titres miniers explose et équivaut désormais à 44 fois l’île de Montréal.
Un territoire de plus en plus conquis par les claims miniers, au mépris des cris d’alarme répétés de la population locale : en Abitibi-Témiscamingue, l’industrie minière est hyperactive et fait obstacle aux promesses de protection de la nature conclues à la COP15 en décembre dernier.
Protéger 30 % du territoire d’ici 2030 : l’objectif énoncé à la Conférence de l’ONU sur la biodiversité (COP15) en décembre dernier était ambitieux. En tout cas, la réalité n’est pas à la hauteur des promesses, alors que le Québec subit un boom de l’industrie minière sur son territoire.
C’est en tout cas ce que déplorent un regroupement de municipalités et d’organismes d’Abitibi-Témiscamingue, qui ont rendu publiques des données montrant l’étendue du problème dans la région.

Là, depuis deux ans, la superficie du territoire couvert par des titres miniers a bondi de 46 %. C’est désormais le tiers du territoire qui est touché, soit plus de 2 millions d’hectares : cela se compare à la superficie des Laurentides, du Bas-Saint-Laurent ou encore de la Gaspésie.
Pendant ce temps, les territoires protégés, eux, font du sur-place : leur superficie est seulement passée de 8,6 % à 8,9 % du territoire entre novembre 2020 et décembre 2022. On reste donc bien loin des objectifs de la COP15.
La coalition appelle encore une fois le gouvernement à durcir la Loi sur les mines et à mieux protéger les « Territoires incompatibles avec l’activité minière » (TIAM). Cette sortie survient à l’approche du Forum des municipalités sur les activités minières, l’acceptabilité sociale et la cohabitation.
Le Québec, nouveau paradis minier
Si l’essor de l’industrie minière est aussi fort, c’est qu’elle bénéficierait des stratégies provinciale et fédérale de valorisation des minéraux « critiques et stratégiques ». Ces minéraux sont ceux utilisés pour l’électrification des infrastructures : ils servent notamment à la fabrication de batteries.
Toutefois, une partie des nouveaux projets miniers viseraient à exploiter l’or, dont l’utilité reste marginale pour la transition énergétique.
Ugo Lapointe, co-fondateur et co-porte-parole de la Coalition Québec meilleure mine, est catégorique : « Le Québec ne peut pas aller de l’avant avec des minéraux dits “d’avenir” avec des lois et des politiques du passé. »
COP15 : des cibles adoptées, mais aussitôt abandonnées?
Face à la prolifération de l’industrie minière dans les régions du Québec, les efforts de préservation de la nature paraissent donc vains au lendemain de l’accord de la COP15, pourtant signé à Montréal il y a à peine un mois.
« Les activités minières entraînent des impacts directs sur les milieux naturels, la biodiversité, ainsi que sur la qualité de l'eau, de l'air et des sols », tient à rappeler Jacinthe Châteauvert, présidente du Conseil régional de l’environnement de l'Abitibi-Témiscamingue.
Pour Chantal Levert, coordinatrice générale du Réseau québécois des groupes écologistes, « le profit à court terme ne fera jamais émerger cette société équitable et écologiste que réclame notre responsabilité actuelle face à la vie et aux générations futures ».
Un appel à la responsabilisation des gouvernements face aux opportunités d’exploitation des terres de la région, pour que la biodiversité et les populations n’en soient pas les premières victimes.