Photo : Dominique Caron
Nouvelle

2022 en cinquième place des années les plus chaudes

La montée des températures a déjà un effet tangible sur la santé… et le respect des droits et libertés, ici et dans le reste du monde.

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Les années se suivent et sont de plus en plus chaudes. 2022 n’a pas échappé à la tendance, confirme le groupe de recherches d’observation de la Terre de l’Union européenne, Copernicus. Au Québec et ailleurs, la hausse des températures met déjà à mal les systèmes de santé et prive des millions de personnes de leurs droits fondamentaux.

L’année 2022 fut la cinquième plus chaude jamais enregistrée, selon les chercheur·euses de Copernicus. La moyenne de température à l’échelle de la planète était de 1,2 °C supérieure aux niveaux préindustriels, et de 0,1 °C de moins qu’en 2016, l’année la plus chaude enregistrée.

Rappelons que les pays du monde se sont donné pour objectif de maintenir le réchauffement de la planète à moins de 2 °C au-dessus des niveaux préindustriels, et idéalement à 1,5 °C.

De plus, les huit dernières années (2015-2022) sont maintenant les huit plus chaudes jamais observées, toujours selon les données de Copernicus.

L’Arctique et la majorité des pays de l’Europe de l’Ouest, dont la France, le Portugal, l’Espagne et l’Italie, ont subi les températures les plus chaudes de leur histoire l’an dernier.

Toutefois, le phénomène météorologique ponctuel La Niña, un courant froid dans le Pacifique, est venu réduire considérablement les températures enregistrées dans cette région, ce qui a diminué un peu la température globale moyenne pour cette année. C’est donc ce qui a fait légèrement descendre 2022 dans le palmarès des années les plus chaudes, selon l’étude.

Hausse des températures, recul des droits humains

Ces hausses de températures entrainent déjà de grands impacts sociaux. Et même si aucun pays n’y échappe, ce sont principalement les pays qui ont le moins contribué à la crise qui en subissent les pires conséquences, rappelle la directrice d’Amnistie internationale Canada francophone, France-Isabelle Langlois.

« On ne parle plus de perspectives à long terme : les impacts [du réchauffement] arrivent de façon plus rapide et importante que ce à quoi on s’attendait et ça crée un effet domino sur les droits humains », remarque-t-elle.

La hausse des températures entraine en effet des évènements météorologiques extrêmes, tels que les inondations au Pakistan et les feux de forêt en Europe, cet été. Ces catastrophes vont détruire des logements ou des infrastructures comme les écoles et les hôpitaux. Et dans le cas des sècheresses à répétition que vivent certaines régions d’Afrique, les populations sont privées de la capacité même de se nourrir, explique France-Isabelle Langlois.

Ce faisant, ces catastrophes privent bien souvent des populations vulnérables de leurs capacités à faire valoir leurs droits sur le long terme. « Elles empêchent souvent les enfants d’aller à l’école pendant un bon bout de temps et souvent, surtout pour les jeunes filles, elles n’y retourneront jamais », illustre France-Isabelle Langlois.

« Les impacts arrivent de façon plus rapide et importante que ce à quoi on s’attendait et ça crée un effet domino sur les droits humains. »

France-Isabelle Langlois, Amnistie internationale Canada francophone

De plus, ces évènements entrainent également des déplacements de population qui peuvent créer ou accélérer des conflits, des guerres et des massacres, prévient-elle.

De plus, « ces personnes se retrouvent à devoir se déplacer de plus en plus loin vers le Nord et quand elles arrivent ici, elles sont souvent dans des situations irrégulières et vont devoir faire face à des tensions, de la discrimination, du racisme », déplore Mme Langlois.

Une pression de plus sur le système de santé

Les impacts de la hausse des températures se font également sentir de plus en plus au Québec, alors que la multiplication de vagues de chaleur met une grande pression sur le système de santé, prévient Claudel Pétrin-Dérosiers, médecin de famille et présidente de l’Association québécoise des médecins pour l’environnement (AQME).

« Quand il y a des épisodes de chaleur, il y a une hausse des décès de 10 à 15 % toutes causes confondues. En plus, cela crée une augmentation des visites à l’urgence, des demandes de transport ambulancier et des durées de séjour à l’hôpital », remarque-t-elle.

La multiplication de vagues de chaleur met une grande pression sur le système de santé.

Ainsi, les vagues de chaleur devraient coûter entre 3 et 3,9 milliards $ par année aux systèmes de santé canadiens d’ici la fin du siècle, selon une étude de l’Institut climatique du Canada.

Elles contribuent aussi à augmenter les inégalités, car tous n’ont pas la possibilité de payer l’air climatisé, illustre la médecin.

Face à ces observations, la médecin encourage les gouvernements à en faire beaucoup plus pour adapter le système de santé aux conséquences des changements climatiques. « Les besoins sont négligés ou à tout le moins sous-estimés par le gouvernement, qui prévoit un budget nettement insuffisant pour leur faire face », rappelle-t-elle.

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