La fameuse crise du verglas, c’était il y a déjà 25 ans. Mais des catastrophes environnementales comme celle-là, il est prévu qu’on en vive de plus en plus à cause du dérèglement climatique. Est-ce que le Québec est assez bien préparé pour affronter une potentielle deuxième crise du verglas?
Du 5 au 10 janvier 1998, trois tempêtes totalisant 100 mm de pluie verglaçante bombardent le sud du Québec, ce qui entraine l’écroulement de pylônes électriques et de 3000 km de lignes électriques d’Hydro-Québec, plongeant dans le noir la moitié du Québec. Sans chauffage ni électricité, des dizaines de milliers de personnes doivent se rendre dans des refuges aménagés par la Croix-Rouge. Des dizaines de milliers de soldats sont aussi déployés pour assurer la sécurité.
La crise du verglas est une succession de circonstances très particulières, donc il est difficile d’être sûr·es que ces circonstances exactes se reproduisent. Cependant, le Québec a des prédispositions à vivre ce genre de catastrophe naturelle et il faut s’y préparer.
« À cause du fait qu’on soit dans une vallée, puis dans un grand canal qui est le fleuve Saint-Laurent, on est dans un endroit propice aux épisodes prolongés de pluies verglaçantes. On est dans un endroit à risque à cause de notre situation géographique », confirme Marie-Ève Giguère, météorologue de sensibilisation chez Environnement Canada.
De plus, avec les changements climatiques, on prévoit plus d’événements météorologiques extrêmes : on prévoit que les précipitations ne seront pas forcément plus fréquentes, mais en plus grande quantité. « Quand on parle de changements climatiques, les études ne prévoient pas nécessairement qu’il y aura plus d’ouragans, mais qu’ils seront plus forts », illustre Marie-Ève Giguère.
Des services météo qui prévoient plusieurs coups d’avance
Certaines innovations dans le milieu météorologique permettent toutefois de prévoir ces événements extrêmes plus en avance et de mieux s’y préparer.
La météorologue de sensibilisation explique que depuis les inondations du Saguenay en 1996 et la crise du verglas de 1998, les liens de communication entre les météorologues, les autorités et les services d’urgences se sont beaucoup renforcés.
« Météorologue de sensibilisation, c’est un poste qui n’existait pas en 1998. On n’avait pas vraiment de manière de communiquer ces informations météorologiques », dit-elle. Aujourd’hui, « nous, les météorologues de sensibilisation, on prend l’information météorologique puis on collabore avec nos partenaires pour voir c’est quoi les impacts de nos prévisions sur leurs opérations. Qu’est-ce que ça fait quand on dit 10 mm de verglas? Comment on traduit ça en termes d’impact? »
Marie-Ève Giguère explique aussi que grâce aux avancées technologiques, les météorologues sont désormais capables de prévoir les événements météorologiques inquiétants plus de sept jours à l’avance, alors qu’à l’époque, il n’était possible de les voir venir qu’environ quatre jours d’avance.
Un réseau électrique plus résilient
La destruction du réseau électrique d’Hydro-Québec en 1998 a aussi permis à la société d’État de ressortir de cette crise plus forte.
« On a modifié les réseaux de transports pour sécuriser l’énergie et on a intégré des redondances dans les sources d’alimentation, ce qui fait que si une ligne n’est pas en mesure d’être utilisée, l’énergie va toujours avoir un autre chemin pour passer, pour assurer l’alimentation électrique », explique Caroline Desrosiers, porte-parole chez Hydro-Québec.
Des pylônes « anti-cascade », plus solides, ont aussi été mis en place pour éviter les effondrements en « domino » qui se sont produits durant la crise du verglas, indique la porte-parole.
« En 1998, 80 % du temps de reconstruction était consacré aux remplacements des pylônes de transports, donc avec ces nouvelles innovations sur le réseau, le temps de rétablissement serait beaucoup plus court si un tel événement se reproduisait. »
Aujourd’hui, la technologie nous permet de prévoir une catastrophe naturelle bien plus en avance et nous permet de réduire les dégâts. Mais il est important de rappeler que le monde fera face à des crises d’une plus grande ampleur à cause du dérèglement climatique : est-ce que la technologie sera suffisante?