Les ménages canadiens s’appauvrissent (les moins fortunés plus vite que les autres)

Les écarts de richesse recommencent à se creuser au pays, selon les dernières données de Statistique Canada.

Les ménages canadiens s’appauvrissent alors que leur patrimoine accumulé perd de la valeur. En parallèle, l’écart entre les familles les plus pauvres et les plus riches s’accentue avec la fin des prestations d’aides dispensées durant la pandémie. Une situation délicate qui pourrait augmenter les chances de récession.

L’ensemble des Canadien·nes s’appauvrissent alors que la valeur de leurs maisons et de leurs placements est en baisse, montrent les dernières données de Statistique Canada sur l’avoir, le revenu et l’épargne des ménages. La valeur nette moyenne des ménages au deuxième trimestre de 2022 a donc diminué de 6,5 % par rapport au trimestre précédent et de 2 % par rapport à l’année précédente.

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C’est un premier recul depuis le début de la pandémie, au premier trimestre de 2020.

L’effet se fait davantage ressentir sur le patrimoine des familles les plus pauvres qui, lui, a diminué en moyenne de 12 % par rapport au début de 2022 : c’est deux fois plus que celui des ménages les plus riches (5,9 %). « Les familles les plus riches ont perdu plus d’argent si on regarde les dollars, mais puisqu’elles ont beaucoup plus d’actions et d’actifs immobiliers, elles s’en tirent mieux en pourcentage », précise l’économiste au Centre canadien de politiques alternatives (CCPA), David Macdonald.

Ainsi, le 20 % des ménages les plus riches au pays possèdent maintenant 67,1 % de la valeur nette au pays, alors que le 40 % les plus pauvres en détiennent 2,8 %, selon Statistique Canada.

Les inégalités de revenus repartent à la hausse

Plus encore, le revenu des familles les plus pauvres a aussi connu un recul au cours de la dernière année, ce qui contribue à creuser les inégalités de richesses au pays, remarque David Macdonald.

Le revenu moyen disponible des familles les plus pauvres a diminué de 370 $, soit de 5,7 % par rapport à l’an passé, selon Statistique Canada. Cela malgré une grande augmentation (20 %) de leur revenu de travail, principalement due à l’augmentation des heures travaillées par ces familles, analyse David Macdonald.

« Ce que les données racontent, c’est que la fin des programmes d’aide octroyés durant la pandémie fait très mal aux familles les moins aisées. Ces programmes avaient abaissé les taux de pauvreté à des niveaux record et maintenant, c’est le processus inverse qui se produit », remarque-t-il.

« Cette baisse de la richesse est inquiétante, d’autant plus qu’elle s’accompagne d’une hausse de taux d’intérêt et du coût de la vie »

David Macdonald

Parallèlement, le revenu disponible moyen des ménages les plus riches, lui, a augmenté de 617 $, soit de 1,2 % par rapport à l’année précédente. Ces familles ont également profité d’une hausse importante de leurs revenus d’emploi, mais leur revenu de 2021 dépendait moins des programmes d’aide, ce qui explique l’écart avec les ménages moins aisés, selon Statistique Canada.

Il s’agit d’une inversion de la tendance mise en place depuis le début de la pandémie, lorsque l’écart de revenu disponible entre les ménages les plus riches et les plus pauvres s’était resserré, ou bien était demeuré relativement stable d’un trimestre à l’autre, d’après les données de Statistique Canada.

Tou·tes plus vulnérables pour l’avenir

« Peu importe où vous êtes dans la fourchette de revenus, cette baisse de la richesse est inquiétante, d’autant plus qu’elle s’accompagne d’une hausse de taux d’intérêt et du coût de la vie », remarque David Macdonald.

Une situation qui mène les familles canadiennes à dépenser moins, ce qui augmente considérablement les chances de récession, ajoute l’économiste. « Et c’est voulu! Baisser les dépenses des ménages, c’est exactement ce que la Banque du Canada essaie de faire, mais ça place les familles à risque », résume-t-il.

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