Une loi sur l’accessibilité universelle, réclament les personnes handicapées

Pour lutter contre le capacitisme, le militant Jérôme Saunier souhaite une loi sur l’accessibilité universelle pour les personnes en situation de handicap.

À une semaine des élections, Jérôme Saunier, militant pour les droits des personnes en situation de handicap, veut entendre les partis sur l’accessibilité universelle des personnes handicapées et à mobilité réduite.

Quand vous vivez avec un handicap, « vous devez lutter pour l’inclusion, mais vous avez souvent la fâcheuse impression de vous époumoner dans l’indifférence générale », écrivait le militant pour les droits des personnes en situation de handicap Jérôme Saunier dans un texte publié le 22 septembre dernier sur le site Web de la Ligue des droits et libertés.

Déjà invisibilisées dans la société, les personnes en situation de handicap et à mobilité réduite sont absentes des discours politiques de la campagne électorale, regrette Jérôme Saunier. « On ne nous écoute que d’une oreille », déplore-t-il dans une entrevue accordée à Pivot. Pourtant, plus d’un million de Québécois·es ont une incapacité, soit 16 % de la population, selon l’Office des personnes handicapées du Québec.

Mais même lorsque les partis mentionnent les droits des personnes handicapées, leurs propositions ne répondent pas toujours aux besoins, selon Jérôme Saunier.

Lutter contre le capacitisme par l’accessibilité universelle

Si la Loi assurant l’exercice des droits des personnes handicapées en vue de leur intégration scolaire, adoptée en 1978, a été révisée en 2004, elle comporte encore certaines lacunes selon Jérôme Saunier. Selon lui, les personnes handicapées ne peuvent toujours pas jouir pleinement de leurs droits et d’une accessibilité totale des services.

Il demande donc notamment l’adoption d’une Loi sur l’accessibilité universelle au Québec. Selon lui, elle garantirait aux personnes en situation de handicap de bénéficier des mêmes services que les autres, « en toute égalité ».

Pour cela, l’environnement des transports, du logement ou encore des services devrait être systématiquement adapté pour les rendre accessibles à tou·tes. L’accessibilité aiderait aussi à combattre les préjugés touchant les personnes handicapées en favorisant leurs droits et leur participation sociale.

Alors que des lois similaires existent dans cinq autres provinces et au niveau fédéral, le militant déplore le retard du Québec en matière d’accessibilité. « Au Québec, on traîne de la patte depuis longtemps. C’est scandaleux ».

Un tel projet de loi n’est mentionné dans la plateforme d’aucun parti, à l’exception de Québec solidaire, qui souhaite aussi financer les transformations nécessaires. Pourtant, c’est la priorité, selon Jérôme Saunier, qui y voit la possibilité que « les personnes handicapées puissent participer activement à la société ».

« Personne ne veut échouer dans un CHSLD »

Pour Jérôme Saunier, les services à domicile doivent aussi être la priorité des partis en matière de handicap. « Personne ne veut échouer dans un CHSLD », explique-t-il.

Il se rappelle de Jonathan Marchand, atteint de dystrophie musculaire, qui a vécu au CHSLD Sainte-Anne-de-Beaupré pendant neuf ans sans pouvoir en sortir. En 2020, il avait alors manifesté, enfermé dans une cage, devant l’Assemblée nationale pour plaider la cause des adultes en situation de handicap, bloqués dans des CHSLD.

Depuis, la proposition de la CAQ pour offrir une alternative aux CHSLD et construire des maisons alternatives ne convainc pas, encore une fois, le militant Jérôme Saunier.

« Ils favorisent le béton [plutôt que les] soins à domicile. Ils veulent enfermer les gens. C’est une vieille conception du handicap : enfermer les gens pour s’en occuper au lieu de leur donner des soins à domicile. »

La Coalition avenir Québec et le Parti québécois se disent favorables à rehausser le nombre d’heures de soins à domicile. Le Parti libéral veut lui créer un Secrétariat aux personnes vivant avec un handicap ou le spectre de l’autisme, sans préciser s’il dédoublerait l’actuel Office des personnes handicapées du Québec. Jérôme Saunier ne comprend pas l’objectif d’une telle mesure. « C’est rajouter de la bureaucratie à la bureaucratie. »

Avant toute chose, pour offrir les meilleurs soins à domicile, les conditions de travail des préposé·es et des soignant·es doivent être améliorées, selon le militant. « Ils sont très mal payés, donc ils vont travailler ailleurs », notamment vers le réseau de la santé, constate-t-il. « C’est complètement inacceptable », déplore-t-il.

Jérôme Saunier, qui croit à une réélection de la CAQ le 3 octobre prochain, se dit inquiet. « Comme leur slogan électoral, c’est “Continuons”, j’ai pas beaucoup d’espoir », avoue-t-il.

Correction : L’article, qui mentionnait qu’aucun parti ne promettait une loi sur l’accessibilité universelle, a été modifié pour faire mention de l’engagement de Québec solidaire en ce sens. (28-07-2022)

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