Le ministère Théovox, auquel est associé un média complotiste du même nom, a bénéficié de la Subvention salariale d’urgence du Canada, malgré une forte augmentation de ses revenus au cours de la pandémie, a appris Pivot.
Cette subvention a été mise en place par le gouvernement fédéral pour venir en aide aux employeurs « ayant été touchés par la pandémie de COVID-19 », peut-on lire sur le site Web de l’Agence du revenu du Canada. Théovox s’est fait connaître durant la crise sanitaire pour ses positions complotistes, allant jusqu’à qualifier la COVID-19 de « pseudo-pandémie ».
Les renseignements fournis par l’ARC confirment que le média complotiste a touché près de 14 000 $ du gouvernement fédéral pour l’année 2021.
Cela s’ajoute aux 33 000 $ de subvention salariale reçus en 2020 de la part du ministère québécois du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale.
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Quand crise sanitaire rime avec santé financière
Pourtant, les revenus du ministère Théovox ont bondi au cours de la pandémie : l’organisme a déclaré des revenus totaux de 326 566 $ en 2021, une forte augmentation par rapport au montant de 209 628 $ déclaré l’année précédente. Cette croissance est encore plus imposante si on la compare avec les 76 000 $ de revenus déclarés en 2019, avant le début de la crise sanitaire.
Les dons récoltés par le ministère Théovox, un organisme de bienfaisance enregistré, représentent une part importante de ces revenus en pleine croissance. En 2021, l’organisme a remis des reçus pour des dons de charité totalisant 292 263 $. Il s’agit d’une augmentation majeure par rapport à l’année précédente, alors que des reçus avaient été remis pour des dons totalisant 158 000 $. En 2019, avant la crise, ce montant ne s’élevait qu’à environ 74 000 $.
Les reçus émis par Théovox permettent à ses donateurs de bénéficier de crédits d’impôt.
Les règles de l’Agence du revenu
Selon Charles Drouin, porte-parole pour l’Agence du revenu du Canada (ARC), il est possible qu’un organisme ait pu bénéficier légitimement de l’aide d’urgence malgré une augmentation de ses revenus. Les règles de confidentialité de l’ARC ne lui permettent toutefois pas de commenter les cas particuliers.
« Par exemple, un organisme de bienfaisance peut avoir connu une augmentation globale de ses revenus d’une année à l’autre, mais s’être toujours qualifié pour certaines périodes de l’année au cours desquelles ses revenus ont diminué », illustre-t-il.
Ou encore, une organisation serait admissible si elle « connaît une augmentation de ses revenus alors qu’elle a connu une baisse de revenus au cours de la période immédiatement précédente », ajoute le porte-parole.
Charles Drouin rapporte qu’une organisation peut être soumise à une vérification afin de s’assurer que les règles ont été respectées. « S’il s’avérait que la demande n’était pas exacte, l’Agence du revenu du Canada pourrait alors récupérer la subvention », affirme-t-il.
Théovox n’a pas répondu à notre demande d’entrevue.