« Nous ne serons pas le cheap labor des sociétés d’État » : la grève continue à la SQDC

Les employé·es de la SQDC cherchent à obtenir un salaire équivalent à celui des autres sociétés d’État.

Des employé·es de la Société québécoise du cannabis (SQDC) sont en grève générale illimitée depuis plus d’un mois. Ils et elles cherchent à obtenir une rémunération équivalente à celui offert dans les autres sociétés d’État et souhaitent qu’on reconnaisse qu’ils et elles sont plus que de simples vendeur·euses.

Les négociations entre la SQDC et ses employé·es syndiqué·es sont au point mort, alors qu’une partie d’entre eux, membres du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP-SQDC), atteignent leur cinquième semaine de grève générale illimitée. Le coeur de l’enjeu, une rémunération qui ne suffit pas pour vivre au-dessus du seuil de pauvreté, explique David Clément, président du syndicat SCFP-SQDC.

« Les Québécois·es pensent que nous avons de bons salaires et de bonnes conditions de travail à la SQDC, mais quand nous expliquons que plusieurs collègues sont payé·es 17,46 $ de l’heure, la réaction des gens change », explique-t-il.

« La partie patronale n’écoute pas nos revendications et n’est pas conséquente avec la réalité économique de 2022, marquée par l’inflation et les pénuries de main-d’œuvre », remarque le représentant syndical.

C’est pourquoi les employé·es réclament que leur salaire à l’entrée soit ajusté à 23 $ de l’heure. Ce montant équivaudrait à ce que touchent le personnel des autres sociétés d’État de la province. Cela est très loin de ce que propose présentement la partie patronale, selon David Clément.

Plus que des « passeurs de pot »

« Il y a peut-être des préjugés envers le cannabis, mais nous ne voulons pas les subir dans nos conditions de travail », remarque-t-il. « Nous ne serons pas le cheap labor des sociétés d’État. »

Les syndiqué·es reprochent à la SQDC de les considérer comme des « passeurs de pots », lorsque vient le temps d’évaluer la valeur de leur travail. « Nous jouons un rôle d’éducation en répondant aux questions des consommateurs et des personnes qui n’ont jamais consommé et qui viennent chercher de l’info », rétorque David Clément. 

Bien qu’elle reconnaisse que ses employé·es ont d’abord un rôle de conseil qui ne peut être associé à celui d’un·e vendeur·euse, la SQDC a effectivement fixé leurs salaires en suivant une grille fondée sur ce qui se fait dans le monde de la vente au détail, confirme le porte-parole Fabrice Giguère.

Cela ne témoignerait toutefois pas d’une logique commerciale au sein de la SQDC, défend-il, car la performance des employés n’est pas évaluée selon les ventes et que la société ne fait pas de publicité. « Nous cherchons seulement à assurer une saine gestion de la société d’État, ce qui n’est pas la même chose que d’avoir une approche mercantile », explique-t-il.

Questionné sur l’impact qu’aurait une bonification des salaires sur cette saine gestion, le représentant n’a pas souhaité répondre, évoquant « des raisons confidentielles de nature commerciale ».

La réalité économique actuelle, marquée par l’inflation et la pénurie de main-d’oeuvre doit également être prise en compte dans l’ajustement des salaires, selon David Clément. 

« Nous allons donc continuer à être en grève jusqu’à ce que nous obtenions une entente », pose-t-il.

Les 300 employé·es affilié·es au SCFP-SQDC dans 26 succursales sont en grève générale illimitée depuis le 20 mai dernier.

Par ailleurs, les 200 employé·es syndiqué·es avec le CSN dans 16 succursales ont de leur côté un mandat de cinq jours de grève ponctuelle, dont quatre ont déjà été utilisées.

En attendant le règlement du conflit, les succursales de la société d’État sont opérées par les cadres et restent ouvertes avec un horaire réduit, rappelle de son côté Fabrice Giguère.

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