La « fragilité » du système de santé force le gouvernement Legault à reporter d’un mois la date limite pour la vaccination obligatoire du personnel, a annoncé le ministre de la Santé Christian Dubé lors d’une conférence de presse mercredi. Le gouvernement prévoyait suspendre toutes les personnes non adéquatement vaccinées à partir du 15 octobre : cette mesure contestée doit finalement être appliquée à partir du 15 novembre.
« Le ministre n’avait tout simplement pas le choix, compte tenu de l’état de fragilité dans lequel se trouve le réseau », a réagi par communiqué Claire Montour, présidente de la Fédération de la Santé du Québec (FSQ-CSQ). « Espérons qu’il va agir maintenant pour améliorer les conditions de travail inacceptables à l’origine de cette situation », a-t-elle ajouté.
Selon les derniers chiffres du ministère, il manque déjà plus de 5500 personnes pour combler tous les postes en santé. Le retrait du personnel non vacciné aurait créé un vide supplémentaire de près de 22 500 personnes.
« Il y a déjà des ruptures de service un peu partout dans le réseau » à cause des trop nombreux départs, constate Maude Fréchette, représentante nationale pour la Côte-Nord à l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS). Elle explique que la mesure prévue par le gouvernement Legault aurait encore mis « une pression extrême sur le réseau », surchargé les travailleurs et travailleuses restant.es et conduit à davantage de bris de service.
Les conditions « désastreuses » imposées depuis des années par les gouvernements caquiste et libéraux font fuir le personnel et sont la source du « dysfonctionnement complet » du réseau de la santé, croit Maude Fréchette
« Le réseau est dans une situation de pénurie à cause de nos mauvaises conditions de travail. Elles n’ont jamais été aussi désastreuses et les gens partent à cause de ça. »
Maude Fréchette, représentante à l’APTS
La représentante syndicale dénonce aussi le recours du gouvernement Legault à une mesure coercitive comme la suspension forcée des personnes non vaccinées. À ses yeux, ce sont de telles stratégies qui aggravent le sentiment de frustration sur le terrain : le gouvernement devrait plutôt collaborer avec les travailleurs et les travailleuses pour trouver des solutions alternatives, estime-t-elle.