Le 4 octobre, soit moins d’une semaine après la fin de la concertation avec les citoyen.nes, la compagnie Ray-Mont Logistiques a entrepris des travaux d’asphaltage sur son terrain situé en bordure des résidences d’Hochelaga-Maisonneuve, à Montréal. Le voisinage mobilisé contre le projet de plateforme de transbordement est inquiet.
« Ça commence avant 7h le matin, jusqu’après 18h », rapporte Anaïs Houde, co-porte-parole de la Mobilisation 6600, collectif engagé contre ce projet depuis cinq ans. « Et il n’y a pas de mesure de mitigation pour le bruit sur les travaux actuels, donc difficile de faire confiance pour la suite! »
Le projet de plateforme de transbordement porté par la compagnie Ray-Mont Logistiques est colossal. Prévu pour être construit sur un terrain en friche entre les rues Dickson et Viau, il prévoit 1000 voyages de camions et le passage de 100 wagons par jour, ainsi que l’entreposage de 10 000 conteneurs. Et ce, à 150 mètres des premières habitations. Compte tenu des impacts et de la mobilisation des habitant.es, il a été mis sur pause cet été le temps d’organiser des réunions de concertation. L’entrepreneur s’est engagé à ne pas entreprendre de travaux majeurs pendant ce temps-là.
« La dernière réunion a eu lieu le mercredi 29 septembre. Les travaux ont commencé le lundi suivant alors que le rapport n’est même pas rédigé! » fulmine Anaïs Houde.
La citoyenne avait abordé l’exercice de concertation avec réserve, dans la mesure où le mandat du groupe de travail ne remettait pas en cause l’existence du projet et se limitait à parler des mesures de mitigation. « Mais on était plusieurs citoyens et citoyennes à y participer quand même, parce qu’on trouvait que c’était un canal important à maintenir. »
Elle ressort avec l’impression amère d’avoir été instrumentalisée : « c’était un exercice inutile ». Elle est notamment très critique du manque d’expert.es aux réunions : « on voulait des experts pour évaluer les impacts psychosociaux, des acousticiens… C’était la seule chose qu’on venait chercher, des réponses d’experts sur les impacts, mais on n’a rien eu. »
Finalement, les différentes parties se sont entendues sur bien peu de choses : « Il nous faut des mesures étalons pour déterminer les besoins de mitigation. Le bruit est l’impact qui nous inquiète le plus. Le CN devrait être impliqué et il devrait y avoir un comité de suivi à long terme du projet » énumère Anaïs Houde. « Rien de contraignant pour Ray-Mont Logistiques! »
En réponse à nos questions, l’entreprise indique par courriel que « les travaux entamés lundi […] sont obligatoires pour respecter le Plan de réhabilitation environnementale du terrain » et que « le pavage survient au terme d’étapes de réhabilitation préalables (concassage des matériaux propres, recouvrement, etc.). » Elle précise que « ces opérations seront complétées au plus tard d’ici 2 à 3 semaines. »
Si Ray-Mont Logistiques a bien obtenu les permis nécessaires pour entreprendre des travaux d’asphaltage, il lui manque encore certaines autorisations pour mener à terme son projet. Les citoyen.nes espèrent encore que la compagnie sera contrainte par le gouvernement provincial à mener une étude d’impact avant d’obtenir ces autorisations.