La coroner Géhane Kamel a présenté mardi son rapport d’enquête sur la mort de Joyce Echaquan. Elle a insisté sur sa toute première recommandation, soit que le gouvernement du Québec reconnaisse l’existence du racisme systémique. Le premier ministre François Legault, quant à lui, a refusé d’appliquer cette recommandation.
Répétant mot pour mot un passage de son rapport rendu public vendredi, la coroner Kamel a recommandé que le gouvernement québécois « reconnaisse l’existence du racisme systémique au sein de nos institutions et prenne l’engagement de contribuer à son élimination ». Selon elle, ce racisme intégré au fonctionnement des institutions de la société québécoise a participé à la mort de Joyce Echaquan au Centre hospitalier De Lanaudière le 28 septembre 2020.
En conférence de presse, Géhane Kamel a été très claire sur le fait que la mort de Joyce Echaquan révélait l’impact du racisme systémique présent au Québec.
Dès la première minute, lorsqu’elle est entrée au centre hospitalier, on a mis une étiquette sur Mme Echaquan.
Géhane Kamel, coroner
Pour illustrer sa conclusion, la coroner a aussi évoqué la manière dont le personnel de l’hôpital a réagi aux violences commises contre Joyce Echaquan. Après avoir vu la vidéo qui circulait sur Internet et qui révélait les propos racistes et injurieux d’une infirmière à l’endroit de la femme atikamekw, la chef de service n’a pas suspendu sur-le-champ l’infirmière, mais l’a plutôt rassurée. « Ça montre que le système contribue à banaliser ce type de propos là », a souligné la coroner Kamel.
François Legault n’a rien voulu entendre : selon lui, il est faux de prétendre qu’au Québec, le « système dans son ensemble est raciste ». Le racisme serait présent, mais seulement à « certains endroits » dans le système, croit le premier ministre. Cette interprétation a été contestée par les oppositions libérale et solidaire, qui défendent qu’il existe bel et bien du racisme systémique au Québec.
Le rapport de la coroner Kamel n’est pas le premier à mentionner l’existence du racisme systémique. En 2019, la commission Viens était parvenue aux mêmes conclusions. Au Québec, les membres des Premiers Peuples sont, toute proportion gardée, plus nombreux à être interpellés par la police et mis en prison que les personnes blanches. Au Canada, plusieurs réserves autochtones sont encore privées d’accès à l’eau courante.